Il n’y a pas vraiment de questions à poser, de doutes à avoir. L’explication, la démonstration, a été servie en une heure et demie à Belo Horizonte. Les Canadiennes sont tombées sur une équipe allemande plus forte, mieux organisée, et d’un collectif largement supérieur. Qu’elles aient offert l’avantage à leur adversaire très tôt dans le match n’a certainement pas aidé.

Il y a une semaine, pour le dernier match de groupe, le Canada avait concédé l’avantage aux mêmes Allemandes d’une façon identique. Une grosse pression d’entrée de jeu qui les force à défendre bas et multiplier les interventions autour et à l’intérieur de la surface. Pour le même résultat : un pénalty concédé très rapidement.

La différence, les différences : la semaine dernière, avec un enjeu plus relatif (et des formations assez nettement changées), les Allemandes avaient mal géré leur avance et laissé les Canadiennes revenir dans la partie. Ces dernières avaient alors su se relancer aussitôt dans le match, faisant preuve d’un remarquable esprit de réaction. Cet esprit a été nettement plus limité aujourd’hui (ou très bien contenu par les Allemandes).

Trop de fautes techniques

La différence : la façon dont l’Allemagne a attaqué le match, agressive et pressante, forçant les Canadiennes à beaucoup plus de fautes techniques (mauvais relais, pertes de balles au milieu de terrain, difficultés à trouver des partenaires vers l’avant). C’est une perte de balle au milieu qui provoque l’accélération allemande vers le premier but : un ballon perdu au centre alors que le milieu canadien est complètement ouvert et sa défense hors de position. Sur un relais rapide vers l’avant, Buchanan va se retrouver en un-contre-un dans sa surface et choisit l’option la plus inappropriée, le tacle, alors que la situation ne présente pas un danger immédiat. Pour toutes ses qualités défensives, Buchanan demeure un danger permanent pour son équipe lorsqu’elle se retrouve dans de telles situations. Ce n’est pas la première décision irréfléchie qu’elle prend en sélection, c’est probablement la plus coûteuse. Dès qu’elle se lance, on a déjà une bonne idée de la suite…

Behringer transforme (brillamment) le pénalty. Et les Allemandes sont en contrôle. Dans une situation identique la semaine dernière, elles ont laissé les Canadiennes revenir dans le match. Là, pas question. Oui, elles laissent plus le ballon, mais contrôlent le terrain d’une façon bien plus efficace. Efficace… C’est l’autre mot de cette demi-finale : les Canadiennes ont deux très belles occasions de marquer en première demie, très tôt sur une tête de Beckie mal cadrée alors qu’elle est parfaitement seule, puis en fin de mi-temps sur une tête de Buchanan sur corner, sauvée sur la ligne par Kemme.

Un tournoi tout de même prometteur

Efficace. C’est ce que l’on doit apprécier du second but allemand, qui plie clairement le match après une heure. Une soudaine accélération au milieu qui ouvre la défense canadienne (appel de Popp qui va créer un espace de 7-8 mètres entre deux adversaires, Mittag qui rentre dans cet espace et prolonge le jeu sur Däbritz qui se met en position de frappe). Clair et remarquablement exécuté (de l’impulsion de Leupolz à l’origine de l’action, et l’une des joueuses du match, avec Behringer, jusqu’à la qualité de la finition).

Efficaces. Les Allemandes l’ont été. Mais aussi clairement dominantes dans les duels, bien plus agressives sur les ballons et très nettement supérieures dans leur exécution technique.

Les Canadiennes vont passer la dernière demi-heure essentiellement dans le camp allemand, ce que ces dernières vont accepter volontiers, contrôlant tout de même l’essentiel du jeu défensivement.

Cette défaite, nette et qui indique tout de même le chemin qu’il reste à parcourir, ne doit pas remettre en cause les acquis d’un tournoi autrement excellent. Trois victoires marquantes face à des adversaires mieux placées au classement FIFA (Australie, Allemagne et France) et un gain notable et marquant dans l’attitude, la confiance et la solidité d’un groupe amené à continuer son renouvellement dans les années à venir. Reste à franchir un pas essentiel dans le collectif, la technique en mouvement (clairement inférieure à celle des Allemandes sur ce match) et cette équipe a une belle marge de progression devant elle. Dans l’immédiat, elle se retrouve tout de même avec un affrontement haut de gamme face aux Brésiliennes pour espérer retrouver la chaleur du bronze.