MONTRÉAL – Il est peut-être un peu tôt dans la saison pour promouvoir ce genre d’affiche, mais d’un point de vue strictement factuel, ça n’en demeure pas moins exact. C’est la meilleure attaque et la meilleure défense de l’Association Est qui s’affronteront samedi lorsque le CF Montréal posera le pied sur le terrain de l’Union de Philadelphie.

Avec déjà cinq victoires en banque, l’Union fait figure de référence pour le premier quart du calendrier. La troupe de l’entraîneur Jim Curtin avait aligné quatre jeux blancs consécutifs avant de subir une première défaite aux mains de Toronto FC la fin de semaine dernière. Elle n’a jusqu’ici concédé que quatre buts en sept parties.

Il y a encore beaucoup d’ajustements à apporter dans le camp montréalais pour pouvoir aspirer à un tel niveau d’avarice, mais au moins, le CFM peut se targuer de donner autant qu’il reçoit. Seuls LAFC et Austin FC ont marqué plus souvent que le Bleu-blanc-noir, qui a fait mouche onze fois durant son actuelle séquence de quatre matchs sans défaite.

Il s’agira déjà du deuxième duel entre les deux équipes cette saison. Début mars, au Stade olympique, les locaux pensaient s’être installés confortablement aux commandes quand un superbe effort individuel de Djordje Mihailovic avait porté le score à 2-0 à la 50e minute. Le but avait toutefois été refusé pour une faute commise à l’entame du jeu, un développement qui avait déstabilisé les victimes de cette décision pendant un bref mais fatal moment de flottement. Même en jouant les 25 dernières minutes avec un homme en plus, Montréal ne s’en était pas remis.

Un mois et demi plus tard, l’équipe de Wilfried Nancy semble avoir atteint un autre plateau et l’entraîneur se réjouit de voir se présenter l’occasion de mesurer l’étendue des progrès réalisés.

« Totalement, s’enthousiasmait le pilote avant l’entraînement de jeudi. J’aime jouer ces matchs-là, j’aime jouer contre des équipes qui sont en forme et voir effectivement où on en est, sachant qu’on avait fait un match intéressant la première fois. On avait eu un peu de difficulté dans les dix ou quinze premières minutes parce que c’est une équipe qui presse bien et qui connaît bien son style. Mais par la suite, on avait réussi à trouver les choses qu’on voulait mettre en place. But refusé... et après on connaît l’histoire! »

Avant de rompre ses liens avec le CF Montréal pour retourner en Europe, Thierry Henry avait eu de bons mots pour le travail effectué par Curtin à Philadelphie. « Ça a été un travail de longue haleine, ça a pris du temps, mais on peut voir les résultats maintenant », avait observé Titi.

C’est à cette même constance dans la structure du club que les membres de l’édition actuelle du CFM attribuent les succès de leurs prochains adversaires.

« Ça fait quatre, cinq ans que certains joueurs sont dans l’équipe. Ils connaissent véritablement la philosophie, le processus est mis en marche depuis longtemps. C’est le temps, résume Nancy. Chaque année, ils s’ajustent sur une ou deux situations bien précises, mais j’en parle souvent, c’est le processus, le temps. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, ils jouent d’une certaine façon les yeux fermés. La constance et la régularité. »

« C’est le groupe qu’ils ont, c’est la constance, a répété l’attaquant Kei Kamara. Ces gars-là jouent ensemble depuis longtemps et connaissent tous leur rôle à la perfection. Ça donne de bons résultats. [Mais] depuis que je suis dans ce vestiaire, je n’ai vu personne se laisser intimider par un adversaire en particulier. J’aime ça. Mais on les respecte comme on respecte tous nos adversaires. Personne ne prends quoi que ce soit pour acquis malgré les succès que nous connaissons dernièrement. »

Mihailovic veut plus de buts

Point positif : le CF Montréal a fait du progrès dans le département de la protection des avances en fin de match. Depuis son malencontreux effondrement d’Atlanta, où une victoire potentielle de 3-1 s’est transformé en un nul de 3-3, le onze montréalais a su protéger de courtes avances et ressortir de l’aventure avec un maximum de points.

Ça ne veut pas dire pour autant qu’on ne se complique pas un peu trop la vie. Contre Vancouver, le week-end dernier, il a fallu qu’un hors-jeu soit sifflé dans les arrêts de jeu pour éviter une autre catastrophe de dernière minute.

Pour Djordje Mihailovic, le véritable problème se trouve en amont. L’accent ne devrait pas être mis sur les difficultés à défendre dans les situations corsées, mais plutôt à tenter d’éviter celles-ci. C’est la bonne vieille théorie qui veut que l’attaque soit la meilleure défensive.

« Quand on a une avance en deuxième demie, avec vingt minutes à faire, on ne peut pas lever le pied, insiste le meilleur buteur du CFM. C’est ce que font non seulement les meilleures équipes de cette ligue, mais les meilleures équipes au monde. Si elles ont une avance de deux buts, elles vont pousser pour un troisième, un quatrième, un cinquième but pour écarter toute possibilité de danger. Ce n’est pas ce qu’on fait présentement et c’est là-dessus qu’on devrait travailler. »

Feu vert pour Piette

Longtemps limité par une blessure à une cheville, Samuel Piette pourrait faire le voyage à Philadelphie et voir son nom inscrit sur la feuille de match pour la première fois de la saison.

Nancy a révélé qu’à moins d’un pépin de dernière minute, Piette conclura une première semaine complète d’entraînement avec le groupe et sera disponible contre l’Union. Il serait toutefois étonnant qu’on lui demande de livrer un match complet de 90 minutes après une aussi longue absence. Un rôle de substitut apparaît comme le scénario le plus probable.

Joaquin Torres, qui a raté les deux derniers matchs en raison d’une commotion cérébrale, a lui aussi repris le travail sans limitation apparente. Il devra passer une dernière série d’examens afin d’être jugé apte à jouer.

Touché aux adducteurs, Mason Toye progresse bien. « On va attendre encore une petite semaine pour voir où il en est, mais il est proche de revenir sur l’aspect collectif », a précisé Nancy. Quant à Mathieu Choinière (pied), « il a un peu moins de douleur donc les choses progressent normalement », mais la patience est encore de mise dans son cas.

Nancy a aussi précisé que l’absence de Matko Miljevic contre les Whitecaps n’était pas due à une blessure, mais plutôt à une décision des entraîneurs.