MONTRÉAL – Le visage de Joel Waterman ne mentait pas. La nuit a été courte pour les joueurs du CF Montréal après leur victoire à l’arrachée face au Forge FC de Hamilton en demi-finale du Championnat canadien.

Aussitôt retombée la frénésie générée par une spectaculaire séance de tirs de barrage, les Montréalais doivent recadrer leur concentration sur la prochaine tâche sur leur liste. Trois matchs sont toujours à jouer pour clore le calendrier de la MLS, trois matchs qui recèlent une marge d’erreur presque inexistante. Le premier aura lieu samedi sur le terrain des Red Bulls de New York.

 Pendant qu’il en bavait sur les berges du lac Ontario, des victoires d’Atlanta United et D.C. United ont fait glisser le CF Montréal au classement de l’Association Est de la MLS. Le Bleu et Noir y apparaît maintenant en neuvième place, à égalité avec les Red Bulls et à un point du dernier billet pour les matchs éliminatoires.

Le Club de Foot a toujours le contrôle sur son destin puisqu’il a joué un match de moins que D.C. United, qui revendique pour l’instant le septième rang tant convoité. L’entraîneur-chef Wilfried Nancy a prudemment avancé que six points sur une possibilité de neuf d’ici la fin pourrait faire l’affaire, mais il n’est pas exclus qu’une note parfaite soit nécessaire.

Après la visite au domicile des Red Bulls, le CF Montréal conclura avec deux matchs à domicile contre Orlando et Houston. Pas un cadeau, mais le défenseur Joel Waterman croit que bien qu’imparfaite, la victoire de mercredi aura galvanisé les troupes et promet que ses coéquipiers et lui sont prêts pour la suite.

« Inutile de tourner autour du pot, on s’en va à New York pour obtenir trois points et se placer dans une position favorable pour entrer dans les éliminatoires, a dit Waterman en visioconférence jeudi. C’est notre but, c’est notre objectif. On s’est mis dans une situation un peu plus précaire qu’on ne l’aurait souhaité avec des nuls à nos trois derniers matchs, mais on n’a pas de stress, pas d’inquiétude quant à notre capacité de conclure en beauté ce qui peut déjà être considéré comme une très bonne saison, si on met les choses en perspective. » 

« Personne ne s’attendait à nous voir là. Maintenant, c’est le temps de terminer en force et de finir le travail. »

« C’est sûr que c’est un peu stressant. On sait que c’est la dernière ligne droite et on sait qu’il faut absolument tout donner parce que c’est le moment ou jamais. Il n’y a pas de seconde chance », entrevoit Zorhan Bassong.

« Il faut aborder chaque match avec l’optique de le gagner et il faut vraiment gagner chaque match parce que chaque point sera vraiment super important. Et je pense que franchement, on peut le faire. C’est à nous de le démontrer sur le terrain. Je ne pense pas que ça va se jouer sur les concepts tactiques ou la qualité des effectifs, mais que ça va surtout être sur un aspect mental. C’est-à-dire que les équipes qui vont vouloir montrer le plus d’envie sur le terrain vont être celles qui vont réussir justement à aller se qualifier pour les playoffs. Et je pense que nous on a les armes nécessaires pour le faire. »

Nancy sourit lorsqu’on lui rapporte les propos de son jeune disciple. « Il n’a pas tort, mon petit Zorhan, répond le bienveillant entraîneur. Mais il n’y a pas que ça. Je ne peux pas dissocier l’aspect mental, l’aspect tactique, physique et technique. On aura besoin de tous les ingrédients pour avoir de bons résultats. »

L’ADN des Red Bulls

Chez les Red Bulls, les noms derrière les uniformes et les visages sur le banc de touche ont changé depuis l’entrée de Montréal en MLS, mais l’identité de ce club que Nancy qualifie d’« institution » est demeurée la même.

« On sait qu’ils aiment appliquer beaucoup de pression, jouer de longs ballons et se battre à la récupération. Ce n’est pas parce qu’ils ne veulent pas jouer. C’est leur style et ça fonctionne », constate Nancy.

« Plus ils nous mettront de la pression, plus il nous faudra garder notre sang-froid. Il faudra être bons techniquement. Il faudra aussi jouer avec beaucoup d’intensité parce qu’on sait qu’ils seront agressifs. Mais on devra être bons pour échapper à leur pression, que ça soit avec des dribbles, de courtes passes, de longues passes... On a quelques trucs qu’on prévoit travailler à l’entraînement afin de contrer leur style. »

Les Red Bulls ont subi mercredi leur premier revers depuis le 14 septembre, une courte défaite de 1-0 face à D.C. United. Entre ces rares échecs, ils ont monté un dossier de six victoires et deux matchs nuls.

« Ils sont dans une bonne forme et on s’attend à ce qu’ils soient fidèles à leur style de jeu, anticipe Waterman. Ils vont être dans notre face, ils vont tacler, mettre des centres, des longs ballons en profondeur... Il faudra égaler leur niveau d’intensité dès le premier sifflet et s’assurer de de garder la cadence. Je crois qu’ensuite, nos principes tactiques entreront dans l’équation. »  

Après avoir profité des retours d’Ahmed Hamdi et Lassi Lappalainen à Hamilton, il est possible que le CF Montréal puisse compter sur Victor Wanyama au Red Bull Arena. Touché au genou, le grand Kenyan n’a pas joué depuis le 2 octobre.

Le plus grand doute concerne la disponibilité de l’attaquant Romell Quioto, qui soigne une blessure à une jambe subie dans le même match. « On va attendre à demain avant de prendre une décision le concernant », a dit Nancy.