Le Japon se qualifie au fair-play, malgré un manque flagrant de la chose en fin de match, un match qui a opposé une Pologne qui voulait sauver son honneur et un Japon qui en a manqué. En première mi-temps, on sentait que personne ne se commettait, un manque d’engagement peut-être dû en partie à la chaleur torride des 38 degrés ressentis, probablement encore plus au niveau du terrain.

L’entraîneur Nishino avait pris le risque de remanier sa formation avec six changements chez les joueurs de champ alors que le seul changement pourtant attendu était celui du gardien Kawashima, qui a gardé son poste. Le sélectionneur japonais s’est certainement félicité de ce choix à la demi-heure de jeu quand la reprise de la tête de Gosicki a été arrêtée sur la ligne de but, nécessitant même vérification avec la technologie qui porte ce nom. La main de Kawashima n’a pas tremblé. Le but est venu plus tard, à l’heure de jeu. Sur l’un des seuls tirs francs dangereux du match, Kurzawa a admirablement bien servi Bednarek, qui a marqué son premier but en équipe nationale.

Au même moment, le match Colombie-Sénégal était toujours à 0-0. La possible défaite reléguait donc le Japon en troisième place et hors de la Coupe du monde. Inui est alors dépêché sur le terrain, déjà auteur d’un but dans le tournoi. Mais à la 74e minute du match Colombie-Sénégal, Yerry Mina marque, la Colombie mène et se qualifie pour l’instant. La nouvelle tombe à Volgorad. La victoire de la Colombie qualifierait le Japon. Celui-ci est à parfaite égalité avec le Sénégal : même nombre de points, même différence de buts, même nombre de buts marqués. On doit donc aller chercher le facteur suivant de départage, soit le nombre de cartons jaunes reçus dans le tournoi. Le Sénégal est en désavantage avec un de plus que le Japon.

Dès lors, une parodie de match commence sur le terrain. Misant sur cette victoire de la Colombie, le Japon fait un dernier changement défensif et se cantonne dans son camp, prenant le pari que le Sénégal ne marquera pas. Et curieusement la Pologne, satisfaite de cette avance d’un but, laisse les Japonais s’échanger le ballon sous les sifflets de la foule, indifférents aux amateurs qui ont payé très cher pour être là, espérant voir autre chose qu’une promenade stérile de ballon. Le Sénégal ne marque pas, le Japon s’incline poliment devant son adversaire et empoche la qualification sur sa fiche de... fair-play. Une première dans l’histoire de la Coupe du monde. Si l’arbitre peut décerner un carton jaune à un joueur qui perd du temps sur le jeu, pourquoi ne pourrait-il pas en donner un à une équipe qui refuse de jouer? Par respect pour les amateurs.

La Belgique en tête

Une autre affiche qui soulevait des questions, c’était ce duel entre la Belgique et l’Angleterre. L’enjeu du match : une première place dont personne n’était certain de vouloir. Gagner voulait dire affronter le Japon en huitième de finale, mais se retrouver aussi dans un tableau où figurent la France, l’Argentine, l’Uruguay, le Portugal, le Brésil et le Mexique. De l’autre côté de ce tableau, la Colombie comme adversaire, en compagnie de la Russie, de l’Espagne, de la Croatie, du Danemark, de la Suède et de la Suisse. Allait-on jouer ou pas? Au classement avant le match l’Angleterre était devant la Belgique, toujours par le total de cartons jaune puisqu’ailleurs on était à parité. Cinq cartons pour la Belgique, deux pour l’Angleterre. Encore les cartons...

En son et images : Angleterre - Belgique

Un « sage »  a dit un jour que le soccer était un sport de bricolage.

La première mi-temps a laissé un goût douteux. Avec ces deux formations largement remaniées par les entraîneurs, personne ne forçait la note. En deuxième mi-temps, il aura fallu  un Janusaj allumé pour éclairer ce match (trop) tranquille. Son but, magnifiquement tiré dans la lucarne dans une défense anglaise trop passive, marquait son premier dans l’uniforme des Diables Rouges. Le résultat ne dévaste pas les Anglais pour autant qui ne se créent pas d’occasions par la suite (que deux tirs cadrés dans le match), ne sortent pas un Harry Kane du banc pour aller chercher l’égalisation et la première place perdue avec ce but belge. Ce sera donc Belgique-Japon au premier tour éliminatoire et Angleterre-Colombie. Mais pour accéder à la suite du tableau, il faut d’abord gagner cette première étape. Faudra voir ce que ça va donner contre la Colombie, bien plus imprévisible que le Japon.

Il n’y avait pas d’enjeu dans le match Tunisie-Panama, les deux équipes étant déjà éliminées. Mais la motivation était à un autre niveau et les deux formations se sont livré une vraie lutte sur le terrain, toutes deux étant authentiquement intéressées par la victoire. Les Aigles de Carthage ont battu Los Canaleros 2 à 1 et remporté leur deuxième victoire en Coupe du monde depuis celle de 1978 devant le Mexique. Avec l’élimination du Sénégal qui gardait une chance de qualification, l’Afrique n’aura pas de représentant en phase éliminatoire, une première depuis 1982.

Les huitièmes de finale sont plus que prometteurs. On oubliera vite l’absence de l’Allemagne, honteusement éliminée au premier tour, devant la richesse des affrontements à venir. Un seul regret encore évoqué : ça va passer trop vite!

En son et images : Sénégal - Colombie
En son et images : Panama - Tunisie