Trois champions de confédérations, un pays trois fois finaliste, un vainqueur de quatre coupes du monde, des absents de taille marquent cette mouture 2018 de la Coupe du monde. Tour d’horizon d’un triste panorama.

L’Italia si è seduta…

Ce fut l’équivalent d’un tremblement de terre à 9 de l’échelle Richter. Pour la première fois depuis 1958 et la deuxième fois de son histoire, l’Italie ne s’est pas qualifiée pour la Coupe du monde. Elle n’était pas là non plus à la première édition en 1930 en Uruguay, mais c’était par choix. L’élimination en barrage par la Suède en novembre dernier a été vécue comme une Apocalypse par les tifosi qui n’étaient pas préparés à cette issue.

Les équipes italiennes avaient pourtant eu un bon parcours sur la scène européenne. La Juventus s’est rendue en quart de finale de la Ligue des champions, la Roma en demi-finale, la Lazio en quart de finale de la ligue Europa et la ligue domestique (Serie A) a su garder un suspense jusqu’à la fin de la saison, aux deux extrémités du classement… Malgré tout, l’Italie en sera réduite au rôle de partenaire d’entraînement pour les nations qualifiées. Victoire de l’Argentine 2-0, match nul avec l’Angleterre 1-1, des matchs à venir contre l’Arabie Saoudite, la France, les Pays-Bas et l’Ukraine. Autant d’occasions de retourner le fer dans la plaie.

On s’était dit que la leçon allait porter, que l’Italie se reprendrait en mains et que tout allait changer. Mais six mois plus tard, on vient à peine de nommer Roberto Mancini comme nouveau sélectionneur, il n’y pas de président de la fédération et l’Italie a glissé au 20e rang du classement FIFA, une descente historique.

Certains disent qu'elle a trop de joueurs étrangers (52%) dans son championnat nuisant ainsi au développement des joueurs italiens. Pourtant, le Portugal a 56,1% de joueurs étrangers en liga Nos et il a gagné l’Euro. L’Allemagne a remporté la Coupe du monde même si elle a 53% d’étrangers en Bundesliga et l’Angleterre s’est qualifiée pour la Coupe du monde avec 64% de joueurs de l’extérieur dans sa « Premier league ».

L’espoir pour la squadra azzurra réside en une génération montante qui a besoin d’un entraîneur à l’esprit ouvert qui lui fasse confiance. Et il faut se rappeler qu’elle ne s’était pas qualifiée pour l’Euro 1992, mais est revenue deux ans plus tard pour faire la finale de la Coupe du monde 1994, perdue devant le Brésil en tirs au but.

Chose certaine, ce sera une absence remarquée cette année. L’Italie est l’une des équipes qui polarise le plus les opinions. On aime passionnément ou on déteste tout aussi passionnément. Il y aura peut-être moins d’ambiance dans les rues de Montréal, certains cafés feront grise mine durant la phase de groupe, les drapeaux de l’Italie ne flotteront pas fièrement aux portières des voitures. Un purgatoire à passer pour un avenir meilleur. L’Italia si rialzerà.

Un Chili sans saveur et des Oranges sans jus

Celui qui a battu l’Argentine en finale de la Copa America en 2015 et qui a remis ça un an plus tard à la Copa America Centenario, celui qui s’est rendu en finale de la Coupe des confédérations en 2017, celui avait l’une des générations les plus séduisantes de son histoire ne sera pas de l’aventure en Russie. Le Chili d’Alexis Sanchez et d’Arturo Vidal s’est vu éliminé lors du dernier match de qualification contre le Brésil, alors qu’un nul aurait suffi. Présent dans trois des cinq dernières Coupes du monde, il s’était rendu à chaque fois en huitième de finale, sa meilleure performance restant une troisième place en 1962. On regrettera cette équipe vive et ludique qui donne toujours un bon spectacle, quel que soit l’adversaire.

Les Pays-Bas sont dans une mauvaise passe. Finalistes à la Coupe du monde 2010, demi-finalistes à celle de 2014, ils n’ont pas réussi à se qualifier pour l’Euro 2016, ni pour Russie 2018. C’est un euphémisme que de dire qu’ils ont connu une qualification difficile. Troisièmes derrière la Suède à la différence de buts, les points laissés lors des deux défaites contre la France, celle contre la Bulgarie et dans le match nul avec la Suède ont coûté cher lors de l’addition finale. On dit des Pays-Bas qu’ils constituent la meilleure équipe à ne jamais avoir remporté la Coupe du monde. En tout cas, ce n’est vraiment pas l’année des Pays-Bas…

Leçon d’humilité pour les Américains et le Cameroun

Les États-Unis se sont fait bousculer par des équipes qu’ils avaient tendance à regarder de haut, sauf le Mexique, et ont dû payer cher leur assurance teintée parfois d’arrogance. Si l’élimination s’est concrétisée par la défaite devant Trinité-et-Tobago, classée au 92e rang de la FIFA, c’est plutôt l’accumulation de faux pas sur les deux ans de qualifications qui les auront exclus du grand tournoi mondial. Au troisième tour, deux défaites de 4-0 et 2-0 contre le Costa Rica, des nulles de 1-1 avec le Panama et le Honduras n’ont pas pardonné lors du bilan final. Pas de Michael Bradley, pas de Jozy Altidore, pas de Clint Dempsey en Russie cet été. Bruce Arena, arrivé en pompier après le départ forcé de Jurgen Klinsmann, n’aura pas réussi à redresser la situation. Pas de Miracle on turf pour les États-Unis, mais plutôt un sérieux coup à la popularité de ce sport encore fragile chez les Américains.

Le Cameroun fait partie des quatre pays africains qui étaient à la Coupe du monde 2014 et qui ne reviennent pas cette année. Mais dans son cas, c’est le champion en titre de la dernière Coupe des nations africaines qui reste sur la touche. C’est aussi l’équipe qui détient le record africain du plus de présences en Coupe du monde, avec sept. Mais ses dernières participations furent décevantes, loin de l’équipe brillante de 1990 qui avait enflammé les imaginations et qui s’était rendue en quart de finale. Aucune victoire en 2010, pas plus en 2014, édition assortie en plus d’un incident disgracieux entre deux coéquipiers, Benoit Assou-Ekotto et Benjamin Moukandgo, quand ils en sont pratiquement venus aux coups à la fin de la défaite contre la Croatie. Il y a un examen de conscience à faire pour le Cameroun dont l’absence nous privera du plaisir de revoir Ambroise Oyongo sur le terrain…

À ces sélections qui regarderont le Mondial via la télé, il faut ajouter le Ghana, quart de finaliste en 2010, le Paraguay, aussi quart de finaliste la même année, le Pays-de-Galles de Gareth Bale, demi-finaliste du dernier Euro, à sa seule participation. Pour tous les amateurs de ces équipes non qualifiées, un cycle de quatre ans, c’est bien long! S’intéresseront-ils tout de même à cette Coupe du monde? À eux de répondre.