À en croire une assez large majorité d’analyses sur toute la planète, les deux principaux favoris de ce Mondial entraient en scène aujourd’hui. Ta-da! Tambours et lever de rideau…

À en croire leur première sortie du tournoi, Allemagne et Brésil ont pas mal de choses à revoir assez rapidement pour justifier ces prétentions.

D’abord, les champions en titre. Ce sont eux les victimes du premier gros choc de la Coupe du monde. Bien sûr, le Mexique n’est pas n’importe quoi, pensionnaire attitré de la compétition et toujours à l’affût d’un bon coup. Seulement ce Mexique arrive lui-même avec son lot d’interrogations. En premier lieu, les choix du sélectionneur Juan Carlos Osorio dont les options tactiques et de joueurs sont furieusement critiquées au pays.

Face aux Allemands, sa sélection est résolument agressive. Avec au cœur trois milieux « pistons ». Hector Herrera dans l’axe, devant la défense, est l’organisateur, le cerveau. Autour de lui, Andres Guardado et Miguel Layun coulissent latéralement pour soit bloquer les couloirs soit apporter un surnombre au milieu. Ils ont tous deux l’habitude d’aller de l’avant où Vela allume les attaques en direction de Chicharito Hernandez et de Hirving Lozano. Et ça fonctionne plutôt bien : chaque récupération mexicaine est ponctuée d’échanges rapides qui déséquilibrent le bloc allemand et créent des ouvertures. Lozano et Hernandez n’en profitent tout d’abord pas, mais à force d’y être invités par une défense allemande qui ne cesse de laisser des espaces, ils vont y parvenir. Sur une récupération très basse, le ballon est vite ressorti dans le rond central où Hernandez élimine Mats Hummels d’une habile déviation et lance Lozano. Qui résiste à un ultime retour de Mesut Özil pour venir ajuster Manuel Neuer.

On est en fin de première demie et les Allemands ont dominé, mais sans se créer d’occasion franche, leur mouvements devenant même répétitifs dans l’utilisation de Joshua Kimmich sur l’aile et une absence pénible de pénétration qui se solde trop souvent par des tirs de loin sans vrai danger pour Guillermo Ochoa. Cette Allemagne est entrée sûre de son coup. Ses certitudes bousculées vont être bientôt enterrées au fil d’une deuxième demie pénible.

Car les Mexicains acceptent de subir le siège, mais sans être vraiment bousculés, jusqu’à ce que Joachim Löw aille chercher un peu d’inspiration sur son banc. Les entrées de Reus, Gomez et Brandt (trop tardives pour les deux derniers) ont sans doute apporté un nouvel élan, de la variété et de l’urgence aux attaques allemandes. Trop tard pour sauver quelque chose de ce match.

S’il n’y a pas encore crise, cette défaite pose certainement son paquet de questions et de remises en cause. Certains titulaires (Özil, Khedira, Werner, voire Müller) ont été bien en deçà du rendement attendu et la concurrence brandie comme un drapeau rouge par Löw depuis 18 mois est plus que jamais d’actualité. Est-ce déjà l’heure des Brandts, Reus, Goretxka ou Gündogan? Le choix risque d’arriver plus vite que prévu. Un élément de réponse doit être apporté dès le prochain match face à une Suède qui devrait être encore plus difficile à bousculer.

Brésil 1 - Suisse 1

Pour le Mexique, cette victoire est sans doute la revanche d’Osorio sur ses critiques (dont de nombreux anciens joueurs et sélectionneurs) et très certainement la plus belle occasion d’affirmer son renouveau, de renouveler ses ambitions (le Mexique a toujours échoué en huitièmes de finale lors des six dernières éditions) et de balayer les doutes. Car il pourrait assurer sa qualification dès le prochain match, face à la Corée.

Dans le coin jaune, le Brésil est arrivé dans son manteau de certitudes, endossé après un brillant parcours de qualification depuis l’arrivée de Tite à la tête de la sélection. Et ce premier tour devait être une simple mise en jambes, une rampe de lancement vers les tours suivants et la finale, personne ne visant autre chose. Et c’est vrai qu’il en a montré quelque chose durant une demi-heure face aux Suisses. Maîtrise du ballon, du rythme. Les enchaînements sur le flanc gauche entre Marcelo, Neymar et Coutinho sont souvent irrésistibles et lorsque ce dernier ouvre la marque d’une frappe limpide après vingt minutes, c’est tout bonnement un premier pas prévu, attendu vers un succès confortable. Les Suisses sont à la limite du complaisant, incapables d’inquiéter Thiago Silva et Miranda en défense.

Et puis, ce Brésil va glisser peu à peu dans le facile. Et du facile dans l’à-peu-près. Casemiro et Paulinho vont perdre de plus en plus de ballons. Les liens ne se font plus aussi facilement. Willian est de plus en plus négligé à droite et les Brésiliens peinent alors à avancer. Au moment même où les Suisses ont commencé à mieux fermer les lignes de communication brésiliennes, à mieux intercepter et surtout mieux utiliser le ballon. Ils en reprennent possession plus haut et vont enfin mettre Shaqiri en action. Désormais alimenté, il vient provoquer, diriger, créer du jeu offensif. Et c’est sur un corner qu’il va gagner que la Suisse égalise, une tête à bout portant de Zuber dans une défense brésilienne ridiculement passive.

Même là, le Brésil met un temps fou à se reprendre. Du temps que les Suisses mettent eux à profit pour resserrer leur bloc. Les entrées de Fernandinho et Firmino ponctuent une fin de match où le Brésil retrouve enfin l’urgence, sans apporter le soulagement espéré. On peut y voir un léger accroc de départ, à aussitôt corriger face au Costa Rica vendredi. Certainement pas un choc aussi sérieux que pour l’Allemagne. À méditer cependant…

Costa Rica 0 - Serbie 1

La Suisse se retrouve avec un point un peu inattendu qu’elle doit aussitôt faire fructifier face à la Serbie. Celle-ci n’a pas été non plus irrésistible face au Costa Rica (1-0), mais a au moins la satisfaction du résultat face à un adversaire – piège. C’est d’ailleurs très prudemment que les Serbes ont entamé ce premier match. Le système mis en place par Mladen Krstajic doit utiliser tout le talent de Milinkovic-Savic avec une mise en place « créée » autour de lui : Matic et Milivojevic derrière lui pour récupérer et distribuer, Ljajic et Tadic sur les ailes pour écarter et créer des espaces, Mitrovic devant lui pour combiner et amener les occasions. Les Serbes s’en créent quelques-unes, pas toujours franches et bien négociées par Navas dans le but du Costa Rica.

Mais derrière tout ça, on sent que cette Serbie craint sérieusement les accélérations et les contres vers Urena. Elle hésite à se découvrir et ne se lâche jamais vraiment dans ses mouvements offensifs. Alors, elle s’en remet au Plan B pour faire la différence, à savoir un coup de pied arrêté, pour lesquels elle dispose de plusieurs spécialistes. À commencer par Aleksandar Kolarov. Et celui qu’il balance juste avant l’heure de jeu est d’une exquise pureté. Mitrovic gagne un coup-franc à plus de vingt mètres légèrement sur la droite. L’angle est idéal, Kolarov nettoie la lucarne au premier poteau, Navas est impuissant.

Les trois points sont là, mais la Serbie est sans doute capable de montrer plus dans ce tournoi, si elle lâche les rênes à tout le talent offensif dont elle dispose. On peut cependant douter qu’elle le fasse face au Brésil…

Elle achève cependant cette journée avec une victoire essentielle. Ce n’est pas le cas de certains favoris.

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