MONTRÉAL – Avec 13 réussites au compteur et seulement cinq matchs à disputer d’ici la fin de la saison, Ignacio Piatti risque d’arriver à court de sa marque personnelle de 17 buts qu’il a établie à chacune des deux dernières saisons. Mais ça ne veut pas dire que le magicien argentin est sur le déclin, bien au contraire.

Si Lavoisier avait sa loge au Stade Saputo, il nous expliquerait qu’« avec Nacho, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » Pour la première fois depuis son arrivée en MLS, Piatti a franchi le cap des dix passes décisives dans une saison samedi dernier à Philadelphie. En se faisant directement complice des deux buts d’Alejandro Silva, il a porté son total à 11, un nouveau record d’équipe chez l’Impact.

Piatti est ainsi devenu le cinquième joueur à revendiquer à la fois plus de dix buts et plus de dix aides cette saison en MLS. Pas si mal pour un gars à qui on a longtemps reproché de négliger ses coéquipiers près de la surface dangereuse.

« Oui, je suis un peu surpris de le voir passer autant le ballon », admet en riant le défenseur Daniel Lovitz, qui est naturellement appelé à combiner avec Piatti de son poste de latéral gauche. C’est d’ailleurs une remise de son compagnon de corridor qui l’a lancé vers le filet adverse et lui a permis de se faire complice du but d’assurance de Quincy Amarikwa à Philadelphie.

« Je crois que tout le monde l’est parce qu’on sait ce qu’il fait habituellement quand il le garde : il le met dans le fond du filet, ajoute Lovitz. Mais je crois qu’il comprend maintenant le doute qu’il peut semer dans la défense adverse et sa capacité à libérer ses coéquipiers. Je suis le premier à en avoir bénéficié, mais c’est vraiment toute l’équipe qui en profite. S’il fait une ou deux bonnes passes, il se retrouve éventuellement avec plus d’espace pour dribbler et c’est là qu’il est en mesure de porter lui-même le coup fatal. Il l’a toujours fait et continuera de le faire. Il a juste ajouté une dimension à son jeu. »

« Il y a tellement d’attention dirigée vers lui sur le terrain parce que tout le monde croit qu’il prendra quelques touches supplémentaires pour tirer, corrobore Evan Bush. Notre quatrième but à Philadelphie, où il a mis la table pour Silva sur la contre-attaque, en est le parfait exemple. Plus tôt cette saison, ou encore l’an dernier, peut-être qu’il aurait gardé le ballon et tenté de déjouer le gardien. À la place, il a figé le défenseur et a redonné le ballon de l’autre côté. C’est simplement l’évolution d’un très bon joueur. »

Cette nouvelle facette dans le jeu du joueur vedette est née dans la salle de projection où Rémi Garde décortique les matchs de son équipe et dispense hebdomadairement son enseignement à ses protégés. Bush n’hésite pas à attribuer la transformation de Piatti au travail du nouveau personnel d’entraîneurs.

« Je crois que par le passé, il y a souvent eu une certaine hésitation à relever certaines situations avec certains individus par peur de les froisser, révèle le vétéran gardien. Quand on parle d’un gars comme Nacho, qui est un très bon joueur, la dernière chose qu’on veut, c’est l’éloigner de ses forces. Mais Rémi a été capable de s’asseoir avec les gars, que ce soit Nacho ou Mathieu Choinière, et de leur faire comprendre ce qui était attendu d’eux dans une situation donnée. Il l’a fait devant le groupe et Nacho a très bien répondu. »

« Derrière chaque joueur, il y a des hommes qu’il faut respecter, rappelle Garde. Bien sûr que lorsqu’on s’adresse à des joueurs comme Nacho ou Alejandro, il faut faire attention, mais c’est un exercice que moi j’aime bien. Il faut être authentique et honnête. Vous savez, les joueurs ne sont pas stupides. Ils savent quand ils ont fait un mauvais match, fait un mauvais choix. Je pense que c’est aussi respecter le groupe de savoir le faire remarquer. »

Même lors de ses années passées en Europe ou en Amérique du Sud, Piatti, qui totalise 60 buts et 32 aides en 119 matchs depuis son passage en MLS, n’a jamais servi plus de passes décisives qu’il n’a marqué de but dans une même saison. Si la recette de Garde ne s’étiole pas, il n’est pas impossible qu’on assiste à une première d’ici la conclusion du calendrier.

« Vous savez, avec Nacho, j’ai rarement vu quelqu’un qui peut faire autant la différence individuellement mais qui est à la fois tellement altruiste dans le groupe, s’émerveille l’entraîneur. Finalement, c’était assez facile pour moi d’essayer de lui ajouter quelque chose à son jeu. Il semble assez épanoui. »

Union 1 - Impact 4