Après plusieurs semaines de suspense, nous y sommes enfin : le Crew de Columbus et les Timbers de Portland en découdront afin de déterminer le vainqueur de l’édition 2015 de la MLS Cup, ce dimanche.

Certains prétendront que ce sont deux clubs sortis de nulle part, et que l'on ne voyait pas se rendre aussi loin. Pour ma part, je suis d’avis que les Timbers ont étonné, mais je crois franchement qu’on pouvait deviner que le Crew, avec son bagage, sa qualité et sa physionomie, disposait des éléments requis afin de faire un bout de chemin en séries d’après-saison. L’aplomb avec lequel il avait conclu le calendrier régulier laissait présager que ce serait une formation difficile à battre. Je peux aisément en témoigner puisque c’est elle qui a mis fin à notre aventure en éliminatoires!

C’est un peu plus particulier en ce qui a trait aux Timbers, un collectif qu’on a moins de chances de voir évoluer puisqu’on ne les croise pas aussi fréquemment durant l’année. Plusieurs équipes – dont les tenants du titre, le Galaxy de Los Angeles, de même que les Sounders de Seattle pour ne nommer que ceux-là – avaient fait de grands efforts financiers afin d’améliorer leur personnel de joueurs et hisser le précieux trophée. D’autres formations telles que le FC Dallas et les Whitecaps de Vancouver s’étaient élevé parmi l’élite de la MLS avec un parcours remarquable en saison régulière. Mais c’est finalement Portland qui représentera l’Ouest ce dimanche au MAPFRE Stadium.

Caleb PorterCe que je trouve fascinant d’un côté comme de l’autre, c’est la rapidité avec laquelle de jeunes entraîneurs ont haussé les performances de leur effectif jusqu’au point de compétitionner en finale. Il y a trois ans, Caleb Porter a hérité d’une équipe qui venait de visiter les bas-fonds du classement du circuit. On lui avait confié la tâche complexe se ramener sur la bonne voie un club en pleine transition.

Sans être jeté dans le même genre de reconstruction, Gregg Berhalter voyait lui aussi une lourde commande se dresser devant lui lorsqu’il est entré en poste avec Columbus il y a deux saisons. L’équipe offrait du jeu respectable, et comptait déjà sur l’Argentin Federico Higuain avant son arrivée en poste, mais c’est lui qui a amené le redoutable Kei Kamara et permis à Ethan Finley d’éclore et de se développer à son plein potentiel. C’est également lui qui a visé juste avec le Camerounais Tony Tchani ainsi que mon ancien coéquipier et ami Michael Parkhurst.

Bref, en très peu de temps, ces deux instructeurs ont redressé la barque et redonné de l’espoir aux supporters de l’équipe.

Cela ne fait que confirmer à mes yeux que la recette préconisée par quelques organisations, celle qui consiste à s’améliorer à coups de gros noms avec les Sebastian Giovinco, Clint Dempsey, Steven Gerrard, et autres. Bon, vous me direz que la tactique a bien servi les intérêts du Galaxy par le passé, mais je persiste à croire que ceux qui se montrent généreux avec le carnet de chèques ne sont assurés de rien en MLS. C’est une très bonne chose en soi que la puissance financière ne soit pas une garantie de succès.

Non seulement le Crew aligne-t-il un effectif possédant une philosophie et une vision bien définies, mais surtout, il y demeure fidèle peu importe l’identité des joueurs envoyés sur la pelouse. Sans être aussi bien rodés que leurs adversaires, les Timbers ont néanmoins trouvé la recette pour soutirer le meilleur de tous et chacun. Ils sont allés chercher des joueurs moins dispendieux, mais qui se sont vite adaptés à la ligue et qui apportent une plus-value maintenant qu’ils ont maturé. Plusieurs d’entre eux ont entre 25 et 27 ans et se retrouvent en pleine progression, avec d’excellentes années devant eux. En ce sens, la qualité du travail accompli par Porter mérite d’être soulignée.

Quelques batailles à suivre de près

La confrontation toute argentine entre Diego Valeri pour les Timbers et Higuain pour le Crew sera l’une des nombreuses batailles que je surveillerai de près dimanche. À sa troisième année en MLS, Valeri a vraiment démontré sa capacité d’être un meneur de jeu dominant. Son compatriote, même s’il est plus vieux, possède le genre de touche qui ne s’enseigne pas. Il s’est réellement imposé comme l’un des bons « nos 10 » du circuit Garber avec Columbus ces dernières années. Il lui arrive régulièrement de faire débloquer le jeu avec des passes savantes et toutes sortes d’éclats de génie menant à des occasions de marquer.

Michael ParkhurstJe porterai aussi une attention particulière au duel opposant Diego Chara à Wil Trapp, deux joueurs qui, sans être aussi explosifs, étincelants ou même dominants statistiquement, sont pour ainsi dire les plaques tournants de leur équipe respective. Durant l’absence de deux ou trois de Trapp, victime d’une commotion, le Crew a connu une série de hauts et de bas. Je ne crois pas que ce soit une coïncidence que son retour se soit accompagné d’une montée en puissance. Carrément dit, le jeu passe par lui chez le Crew. Il oriente les passes, et sans être celui qui réalise la passe décisive (cette responsabilité revient à Higuain), c’est Trapp qui lui refile le ballon. L’Argentin n’a pas à descendre profondément pour reprendre possession. Ça lui permet d’être plus offensif et d’être proche de Kamara.

Sans pratiquer le même style, Chara a un impact semblable sur le jeu de ses coéquipiers chez les Timbers. Il est un joueur excessivement tenace et impliqué dans les duels. Sa force en récupération de ballon lui permet d’alimenter les Valeri et Darlington Nagbe, qui eux, en profitent pour être des créateurs et s’exprimer offensivement. Il n’amène pas le facteur « wow » car tout comme Trapp, son job n’est pas d’être le dernier à toucher au ballon, mais sa couverture du terrain est essentielle à la réussite de son équipe.

La bataille entre les attaquants Kei Kamara et Fanendo Adi ne doit pas être oubliée à travers tout cela. Les partisans de l’Impact savent ce que le premier est capable de faire. Il a terminé ex aequo avec Giovinco pour le titre de meilleur buteur (22), même si c’est à ce dernier qu’on a remis le Soulier d’or. Le deuxième, après un lent départ, a trouvé son aise plus tard en fin de saison. Leur aspect physique, leur mobilité et leur présence dans la surface de réparation sont des qualités que leurs deux équipes recherchaient (et ont obtenu) en les embauchant.

Tout cela étant dit, je m’attends à une très belle finale, et je n’ai d’autre choix que de favoriser le Crew de Columbus pour l’emporter. Peut-être suis-je biaisé pour avoir vu de près leur style de jeu et leur exécution à maintes reprises cette année, mais leur cohésion est vraiment hors du commun. Je ne cacherai pas non plus que mon amitié avec Michael Parkhurst contribue à me faire pencher du côté du Crew. J’aimerais bien qu’il puisse vivre cette expérience en tant que capitaine de son club. En plus, leur meilleur résultat au classement général leur confère l’avantage du terrain. D’évoluer dans des conditions météo et un stade qu’on connaît sur le bout de nos doigts, ce n’est jamais de refus.

Le Canada doit y croire

Après deux rencontres disputées contre le Honduras et le Salvador dans le groupe A, l’équipe nationale canadienne peut être satisfait d’où il se situe dans sa quête d’une place pour la ronde finale des qualifications en vue du Mondial 2018, en Russie.

Avec quatre points en banque sur une possibilité de six – une victoire de 1-0 à domicile contre le Honduras et un verdict nul de 0-0 à San Salvador –, l’espoir est bien réel d’accéder à l’étape ultime parmi les nations de la CONCACAF, ce qu’on appelle « l’hexagone ».

Julian de GuzmanEn vertu de leurs résultats jusqu’à présent, les Canadiens peuvent aborder leur série aller-retour face au Mexique, la puissance de son groupe, sans se mettre trop de pression de récolter des points. Néanmoins, il serait crucial que nos représentants récoltent au moins un point durant ces deux confrontations. Évidemment, il est plus envisageable que ce point soit obtenu lors du match à Vancouver qu’en territoire mexicain.

Le fait d’avoir un 12e homme bruyant au BC Place pour le premier match, le 25 mars prochain, servira d’élément de motivation additionnel. Je suis bien placé pour en parler; il est souvent arrivé par le passé que les partisans de l’équipe rivale arrivent en plus grand nombre, même en sol canadien! Mais si l’appui reçu face au Honduras est une indication de la suite des choses, il n’y a aucune inquiétude à y avoir et les Canadiens seront transportés par leurs supporters.

Je tiens d’ailleurs à féliciter les gens de Vancouver, qui en plus d’être présents en grand nombre (plus de 21 000 spectateurs), agitaient des drapeaux de chacune des provinces canadiennes. J’ai trouvé que c’était un beau geste et ça contribue à créer une ambiance festive.

Les véritables matchs cruciaux, vous vous en doutiez bien, seront les matchs retour face aux Honduriens et aux Salvadoriens. C’est surtout là que le détenteur du  deuxième rang du groupe A sera déterminé. Qui accompagnera le Mexique au tour suivant? La réponse sera connue en 2016!

Le mot de la fin

Maintenant que la saison tire à sa fin, il ne me reste plus qu’à vous remercier, chers lecteurs et partisans, pour une très belle année.

Une impression de travail inachevé pour l’Impact, certes, mais aussi de nombreuses raisons d’entrevoir la prochaine année avec beaucoup d’enthousiasme.

À l’an prochain pour d’autres chroniques sur le RDS.ca, en espérant que nous allons vivre quelque chose de spécial ensemble!

* Propos recueillis par Maxime Desroches