Les deux dernières semaines n’ont pas été de tout repos pour les supporters de l’Impact. Jeudi après-midi, Kevin Gilmore annonçait un système d’enchères pour octroyer les 250 billets disponibles pour la reprise des matchs au Stade Saputo.

Une sorte de cerise sur un sundae qui passe de travers avec les plus récents développements au Stade Saputo.

Au rayon des drames évités, Thierry Henry ne s’en va pas entraîner le Barça comme certaines rumeurs le voulaient. Avec la qualité des candidats disponibles, je ne crois pas que le Français était un prétendant sérieux à la base.

Cela dit, il faudra s’habituer à ce genre de rumeur. Pendant son règne, on annonçait Rémi Garde quelque part en France tous les six mois. Si Henry connaît du succès à Montréal, ce sera aux trois mois.

Les partisansde l’Impact gardent donc leur entraîneur, mais ils sont le point de perdre une perle.

Hors de proportion

La semaine dernière, on apprenait que Luis Binks était transféré à Bologne. Même s’il demeure en prêt avec l’Impact jusqu’à la fin de l’année, la transaction laisse un goût amer chez les partisans. Après tout, il pourrait s’envoler pour l’Italie après avoir remporté le trophée Giuseppe Saputo.

Le vide laissé par un jeune de 18 ans qui n’a joué que 8 matchs avec l’Impact en dit autant, sinon plus, sur le reste du groupe que sur le potentiel de l’Anglais. Dans une équipe bâtie autour de joueurs cadres complémentaires et un leadership fort, le départ de Binks ne laisserait pas un vide aussi important.

Pour l’heure, l’Impact ne dispose malheureusement pas de ces précieux ingrédients.

Victime du passé

L’annonce d’une énième transaction entre les deux clubs de Joey Saputo m’a d’abord laissé perplexe. Après des années à se faire vendre une synergie Montréal-Bologne qui prend la plupart du temps des allures de poudre aux yeux, je comprends les supporters d’être méfiants.

Je crois toutefois que l’Impact est victime de son passé quand vient le temps d’évaluer le transfert de Binks. Un passé où il n’y avait pas de directeur technique pour défendre les intérêts du club montréalais.

Olivier Renard n’était pas là lorsqu’on a fait le choix inexplicable d’amener Deian Boldor dans la Métropole. Il n’y était pas plus pour l’arrivée d’Andrea Pisanu, Daniele Paponi ou Matteo Mancosu. Tous des joueurs dont Bologne n’avait plus envie.

Incomparable

Ne serait-ce que pour le fait que l’Impact a un plan (qu’il partage ouvertement en plus), le dossier Binks est différent ?

En plaçant le défenseur sur les livres d’un club de Serie A, l’Impact souhaite augmenter sa valeur sur le champ. Du temps de jeu à Bologne en 2021 l’augmenterait encore davantage. Les règles du travail post-Brexit en ajouteraient aussi une couche aux yeux des clubs britanniques qui voudraient rapatrier le produit de Tottenham.

En vendant Binks de Montréal vers un autre club, l’Impact aurait l’obligation de se plier aux règles de la MLS et réinvestir la moitié des recettes en argent d’allocation. En le vendant de Bologne, Joey Saputo aurait le loisir d’utiliser ces revenus à sa guise.

Dans ce cas particulier, Olivier Renard fait le pari que deux tu l’auras vaut mieux qu’un tiens. Une stratégie qui n’a rien pour rassurer les supporters qui cherchent des certitudes. Une stratégie que je respecte néanmoins puisqu’elle est assumée et ambitieuse.

Confiance

Comme tout plan, il est possible que ça déraille. Il est aussi possible que ça fonctionne. Le cas échant, Olivier Renard souhaitera avoir une portion des profits pour les réinvestir sur de jeunes joueurs désignés. Des statuts qui seront davantage valorisés en MLS au cours des prochaines années.

J’apprécie le fait qu’on partage déjà l’objectif ultime de transfert de Binks à Bologne. Ça offre un déclencheur concret à surveiller dans le futur.

Le jour où Binks quitte Bologne, Joey Saputo aura une certaine obligation morale. Celle de récompenser la confiance qu’Olivier Renard lui fait en laissant partir un jeune prometteur dans l’espoir d’obtenir des ressources plus importantes par la suite. Si Binks reste à Bologne, Saputo devra aussi reconnaître qu’il en doit une au club de sa ville.