MONTRÉAL – Les partisans de l’Impact de Montréal devront s’armer de patience pour connaître l’état d’esprit de l’entraîneur-chef, Thierry Henry, quant à la relocalisation de son équipe au Red Bull Arena pour trois parties consécutives. 

L’entraîneur du onze montréalais refuse de songer à cette situation avant d’avoir complété les deux importantes prochaines rencontres, dimanche et mercredi, contre les Whitecaps à Vancouver. 

« Malheureusement pour vous, ma tête est à Vancouver. Je ne peux pas déjà me projeter sur ce qui se passera au New Jersey. On est en train de voir comment on peut battre cette équipe de Vancouver qui a eu une très bonne réaction contre Toronto la dernière fois. C’est une équipe qui n’est pas facile à manœuvrer. S’ils avaient marqué leur penalty (contre l’Impact) la dernière fois, ç’aurait pu être un autre match », a insisté Henry en visioconférence vendredi après-midi.  

« Mais oui, la nouvelle est tombée, ce sera le New Jersey et il faudra s’adapter. Rien n’est parfait comme vous le savez bien. Mais moi, ma tête est à Vancouver. Je sais que ce n’est pas ce que vous voulez entendre, mais c’est la vérité. Ensuite, on va essayer de gérer ce qui doit l’être après ces deux parties », a-t-il ensuite ajouté. 

Le gardien Clément Diop a toutefois accepté de discuter de cet enjeu qui s’avère, logiquement, plus déchirant pour les joueurs qui ont des enfants. 

« C’est sûr que c’est une décision difficile pour ceux qui ont une famille. Pour moi, ça me dérange moins. Mais la plupart de l’effectif était préparée à ce genre de décision. Ça va être difficile pour certains, je sais. Il faudra qu’on soit encore plus soudés », a exposé Diop avec pertinence. 

Effectivement, cette avenue semblait inévitable pour les formations canadiennes durant la deuxième phase de la relance de la MLS puisque les restrictions persistent à la frontière ce qui empêche les clubs américains de venir jouer ici. 

Il demeure possible que certains joueurs préfèrent se retirer de cet autre « isolement » dont les paramètres précis n’ont pas été dévoilés. 

« Je n’en sais pas plus, mais on est tous des adultes. Si tu ne veux pas y aller, tu peux prendre tes responsabilités. Il y a des conséquences quand tu le fais. À l’heure actuelle, je ne suis pas sûr de ce que la MLS prévoit si un joueur ne veut pas voyager », a réagi Diop sur ce sujet délicat. 

Un enjeu de taille sera de savoir si les familles des joueurs peuvent voyager, elles aussi, au New Jersey. 

En fait, le désistement trottera plus dans l’esprit des joueurs si tout le reste de la saison doit se dérouler dans une formule similaire. L’éloignement de la maison et de la famille serait plus pénible à supporter à long terme. Jusqu’ici, la MLS s’est limitée à annoncer que les trois parties de l’Impact au Red Bull Arena seront jouées les 20, 23 et 27 septembre. Le scénario a déjà été soulevé, mais le club pourrait donc avoir déjà disputé son dernier match de la saison 2020 au Stade Saputo. 

Le moment de soutenir Rudy Camacho

Mercredi, l’Impact a vu son sort au Championnat canadien être chamboulé à la suite d’une gaffe de Rudy Camacho à la 89e minute de jeu contre le Toronto FC. La frustration a été digérée depuis et c’était le moment de supporter ce vétéran qui connaissait un fort match avant cette bévue. 

« Les erreurs arrivent à tout le monde »

« Tout le monde sait que ce fut une erreur sur le but. Mais on en fait tous et moi aussi. Parfois, je fais des erreurs sur des changements ou des tactiques. Rudy, en l’occurrence, en a fait une, mais ça ne remet pas en question les 88 minutes précédentes. Oui, bien sûr, au niveau du résultat, parce que tu as perdu le match. Mais Rudy faisait une bonne partie et on était en train de se battre à armes égales contre une des meilleures équipes de la MLS et on avait aussi réussi à leur faire mal chez eux. Voilà, ils ont su gérer le moment un peu mieux que nous », a commenté Henry. 

« Oui, ça s’est mal terminé et tout le monde était énervé après le match et c’est normal. Mais on ne va pas jeter la pierre à Rudy. C’est en faisant des erreurs, malheureusement, qu’on apprend », a-t-il poursuivi. 

De sa position de gardien, Diop avait pu constater que Camacho ne méritait pas de terminer sa soirée ainsi. 

« C’est dommage qu’on ait commis une erreur, mais on est tous ensemble. On doit s’aider les uns les autres. Il a voulu bien faire, mais malheureusement pour tout le monde, ça ne s’est pas passé comme il l’aurait voulu. On est tous derrière lui. J’ai discuté avec Rudy et l’essentiel c’est qu’il soit dans les meilleures conditions pour enchaîner les matchs quand il en aura la chance. Rudy est fort dans la tête et il va le montrer à tout le monde. En espérant qu’il nous fasse gagner les prochains matchs, c’est le mieux que je puisse lui souhaiter », a témoigné Diop. 

Possible de renverser la vapeur contre Vancouver ?

Thierry HenryPrésentement, au classement du Championnat canadien, Toronto dispose d’un coussin de six points et d’une avance trois buts par rapport au différentiel face à l’Impact. Ainsi, la marge de manœuvre sera minime pour les deux affrontements contre Vancouver, un club qui a repris des forces comme son gain de 3-2 contre TFC en témoigne. 

« Ils vont être frais et dispos, bien préparés et prêts tactiquement. On a vu qu’ils peuvent garder le ballon, jouer physiquement et s’imposer sur les phases de jeu arrêtées », a rappelé Henry en vantant le travail de l’entraîneur Marc Dos Santos au passage. 

Diop refuse cependant de percevoir un poids supplémentaire en raison de l’implication sur les deux classements. 

« Non, on joue avant tout pour gagner. On sait bien qu’on doit l’emporter avec une marge de buts pour finir au sommet. On fera de notre mieux comme c’est toujours le cas. C’est aussi très important de récolter des points pour la MLS », a-t-il argué.  

Son entraîneur l’a appuyé quelques minutes plus tôt avec cet énoncé. 

« Il faut juste avoir envie de gagner le match, les buts viennent par eux-mêmes en général. On doit quand même prendre les trois points. D’abord gagner le match et tant mieux si tu peux ajouter des buts, on essaiera bien sûr », a noté Henry.  

Que faire pour compter plus de buts ?

Si la finition offensive avait été au rendez-vous, l’Impact serait dans une position nettement moins corsée. Cela dit, le constat positif demeure que les protégés de Thierry Henry parviennent à menacer. 

« On s’est créés énormément d’occasions, mais on n’a pas réussi à finir. Il faut donc rester quand même positif », a maintenu Henry. 

Alors s’agit-il d’un manque de talent, de technique, de concentration ? Lassi Lappalainen et Thierry Henry derrière

« C’est une question de répétitions et d’y croire. Par exemple, Sam (Piette) se retrouve dans une situation extraordinaire alors que Rudy justement lui met un super ballon. S’il laisse passer, il va tout seul au but, mais il n’a pas reconnu le moment. Mais ça va venir », a proposé Henry. 

Il n’en fallait pas plus pour que le nom d’Anthony Jackson-Hamel soit suggéré comme une solution. 

« Anthony sait ce que j’attends de lui. Les occasions sont là, on se retrouve dans les bonnes situations. J’ai été attaquant comme vous le savez très bien et j’ai parfois raté des chances en plus d’être sept matchs sans marquer », a rappelé Henry qui n’a visiblement pas été convaincu par l’attaquant québécois. 

Les renforts ne viendront pas rapidement de la part des blessés. Voilà ce qu’a confirmé Henry qui se tient loin de commenter les enjeux médicaux.