OTTAWA – Trois autres anciens du FC Montréal ont, à l’instar de Thomas Meilleur-Giguère, signé l’hiver dernier un contrat pour poursuivre leur carrière avec le Fury FC d’Ottawa. RDS les a rencontrés à la veille du match amical qu’ils ont disputé contre l’Impact mercredi.

ARON MKUNGILWA : « LA VIE CONTINUE »

Quand Daniel Lovitz s’est blessé à un genou en finale du Championnat canadien, laissant pour quelques semaines un trou béant du côté gauche de la défensive de l’Impact, le nom de Mkungilwa a refait surface à Montréal. Le petit défenseur originaire de la République démocratique du Congo s’était fait remarquer au camp d’entraînement de l’équipe, où il avait été invité et mis en compétition avec l’Américain Anthony Wallace. Son ancien club allait-il lui lancer un appel de détresse?

« C’est sûr que ça m’a traversé l’esprit, mais ce n’est pas une possibilité sur laquelle je me suis attardé trop longtemps, dit-il. Pour l’instant, je suis un joueur d’Ottawa et c’est là-dessus que je me concentre. »

Mkungilwa le répète à qui veut l’entendre : pour lui, la vie ne s’est pas arrêtée avec la décision de l’Impact de fermer son club réserve et de l’envoyer, en quelque sorte, en famille d’adoption.   

« Côté foot, ce sont deux mondes différents. Ici, tout est basé sur la victoire alors qu’à Montréal, c’était plus axé sur le développement des jeunes joueurs afin d’intégrer un jour la première équipe. C’est difficile parce que depuis le début de la saison, je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu, mais ça, c’est quelque chose que je ne peux pas contrôler. Tout ce que je peux faire, c’est m’assurer que je serai prêt quand je vais obtenir des minutes pour montrer au coach que je peux rester dans le XI partant. »

Après avoir fait monter son compteur personnel à 2000 minutes la saison dernière, Mkungilwa n’a pris part qu’à trois rencontres jusqu’ici avec le Fury. Il a obtenu deux départs quand le défenseur Andrae Campbell a dû purger une suspension de trois matchs, mais ça ne lui a pas suffi pour décrocher un rôle de titulaire permanent.

« Aron est un excellent joueur qui a très bien fait lorsqu’il a obtenu sa chance plus tôt cette saison, estime l’entraîneur-chef et directeur général du Fury FC, Paul Dalglish. Il a joué contre Tampa et Charleston, probablement deux des assignations les plus difficiles qu’on aurait pu lui confier, et il a tenu son bout. Quand l’opportunité s’est présentée, il a fait le boulot. »

« Personnellement, j’ai trouvé que ça avait bien été, évalue le latéral de 21 ans. Le coach m’a donné de bons commentaires, mais m’a aussi dit que par rapport à son analyse, il aurait aimé que j’aie plus de statistiques. Pour moi, c’est une plateforme sur laquelle je peux me baser pour travailler à l’entraînement. »

En début de semaine, Mauro Biello a admis que la possibilité de rapatrier Mkungilwa pour ajouter de la profondeur à sa ligne arrière avait été soulevée par le personnel technique de l’Impact. Il apparaît toutefois peu probable, à la lumière de ses conclusions, que le diplômé de l’Académie reçoive un appel cette saison.

« Le joueur qu’on va aller chercher doit être prêt à jouer et c’est un peu ça la discussion avec Aron. Si c’est difficile pour lui de jouer à Ottawa, ça pourrait être difficile de jouer à Montréal et je ne veux pas engager quelqu’un sur mon effectif pour ensuite mettre Duvall à gauche et Camara à droite. Ça n’aurait pas de sens. »

« Je pense que l’important c’est de regarder autour de moi, prendre ce que je peux prendre de chaque joueur qui m’entoure et essayer de l’appliquer à mon style de jeu, met en pratique Mkungilwa en attendant. Des joueurs comme Jamar Dixon et Eddie Edward m’ont pris sous leur aile. C’est comme ça qu’on peut s’améliorer. C’est vrai que c’est difficile si je compare à l’année dernière, mais c’est en ayant une année un peu difficile que je pourrai grandir en tant que personne et en tant que joueur. »

DAVID PAULMIN : NOUVEAU STAFF, NOUVELLES CONNAISSANCES

Lorsque le partenariat entre l’Impact et le Fury a été confirmé, le gardien David Paulmin a été le premier à apposer son nom au bas d’un contrat le liant au club ottavien.

« Je ne vais pas vous mentir, mon agent et moi avons regardé d’autres possibilités. J’avais des options, mais à la fin, c’était mon choix de continuer un peu plus longtemps avec l’Impact et de voir comment ce partenariat allait se développer. »

On pourrait comprendre Paulmin si on le surprenait à s’apitoyer sur son sort. Avec la promotion décrochée par Maxime Crépeau pour la saison 2017, le portier de 21 ans était destiné à hériter à temps plein du filet de l’équipe réserve de l’Impact. Mais les plans de l’organisation l’ont forcé à repartir à zéro à Ottawa, où tous les départs ont jusqu’ici été confiés à Callum Irving. À ce rythme, il serait étonnant que Paulmin s’approche des neuf sorties qu’il a obtenues l’année dernière sous les ordres de Philippe Eullaffroy.

« Mais je voudrais spécifier, parce que j’ai vu passer ça sur les réseaux sociaux, que je n’ai pas signé ici comme troisième gardien. Je veux mettre ça au clair, rectifie calmement le sympathique cerbère. J’ai été chanceux parce que mon agent avait des bons contacts avec l’entraîneur ici, qui m’a dit clairement que son but était de gagner et de me battre pour ma place, qu’il n’aurait aucun favoritisme. C’est à moi de lui montrer qu’avec moi, il peut gagner des matchs. »

Le problème, c’est qu’Irving donne toutes les raisons à Dalglish de le laisser devant le filet. Le titulaire de 24 ans arrive au sixième rang des gardiens de l’USL avec 44 arrêts et ses cinq jeux blancs le placent au quatrième rang parmi ses pairs.

« C’est sûr que c’est plus dur, mais je peux difficilement critiquer sa décision pour l’instant, réalise Paulmin. Je fais le 18 à chaque match, mais j’ai seulement eu des minutes en présaison. Par contre, je crois qu’il est trop tôt pour dire [que je fais du surplace]. On n’est qu’à la mi-saison et il y a plein de choses qui peuvent encore arriver. Si je n’ai toujours pas joué quand la saison sera terminée, ça sera une autre histoire. »

En attendant, Paulmin absorbe tous les conseils de son nouvel entourage. Son entraîneur de position est nul autre que Bruce Grobbelaar, une légende de la Premier League qui a notamment passé 13 saisons avec Liverpool dans les années 1980 et 1990.

« En général, je dirais que c’est peut-être l’un des points positifs de notre présence ici. Tout le monde, que ce soit les joueurs ou les entraîneurs, a potentiellement plus d’expérience. »

JIMMY-SHAMMAR SANON : L’ART DE FAIRE BONNE IMPRESSION

Sanon n’est arrivé au FC Montréal qu’au mois de juillet l’année dernière, une fois sa saison terminée avec l’équipe U18 de l’Impact. Il n’a joué que cinq matchs en USL, mais ce fut suffisant pour faire sa marque. Son but contre le Battery de Charleston a été voté « but de l’année » et lui a permis, de son propre aveu, de « faire son nom ».

« Au début, c’était un peu compliqué, se rappelle-t-il. La ligue était plus physique, le jeu plus robuste. À ce niveau, il faut que tu utilises ton mental et tes connaissances tactiques pour t’aider, pour éviter les contacts et tout... Mais ça s’est bien passé. »

Des quatre jeunes Montréalais qui se sont installés à Ottawa – Sanon les baptise affectueusement les « survivants » – l’explosif milieu de terrain est pour l’instant le seul pour qui le déménagement a mené à une situation favorable. Il a déjà été utilisé dans sept parties du calendrier régulier et a affronté Toronto FC deux fois en championnat canadien.

« Une fois je suis rentré pour cinq minutes, la fois suivante pour dix minutes et ça a monté graduellement parce que je pense qu’à chaque fois, je laissais une bonne impression au coach. Je pense que j’ai gagné ma place avec mes performances », avance humblement le jeune Haïtien.

« Jimmy possède toutes les habiletés naturelles pour connaître du succès, observe Dalglish. Il en a encore beaucoup à apprendre au niveau du jeu de position et il doit améliorer sa prise de décision, mais chaque fois qu’on fait appel à lui, il provoque une étincelle. Il a marqué un gros but contre Richmond et lorsqu’on lui a donné un départ contre Orlando, il a été fantastique. Il s’améliore sans cesse. »

Parce qu’il devait participer aux qualifications pour la Coupe du monde des moins de 20 ans, Sanon est demeuré dans l’entourage de l’Impact pendant le premier mois du calendrier régulier de la MLS. Ce séjour prolongé à Montréal, combiné aux minutes qu’il a obtenues contre TFC, lui a donné l’impression qu’il n’est pas utopique pour lui de rêver à la première division nord-américaine.

« Je sens que je m’approche de plus en plus, que le but ultime est accessible », juge-t-il.

« Je pense que ce qui fait la différence entre l’USL et la MLS, pour certains joueurs, c’est l’efficacité. Un joueur USL peut avoir dix occasions par match, mais il en mettra seulement deux tandis qu’un joueur MLS, comme Giovinco par exemple, peut avoir deux occasions devant le filet, mais les deux vont se retrouver au fond. »

On a demandé à Sanon s’il se considérait comme un joueur efficace. Il a souri. « Quand même, oui ». ​