MONTRÉAL – Il fut un temps où le passage d’un club de fond de classement au Stade Saputo était considéré comme une occasion pour l’Impact de s’extirper des sables mouvants dans lesquels il était en train de s’enfoncer. Une visite de l’Union de Philadelphie ou du Galaxy de Los Angeles à Montréal, c’était un peu comme une prière aux dieux du soccer. Pour l’amour de Pelé, faites que ça cesse!

Comme les choses ont changé.

Un mois et demi après avoir atteint le fond du baril en perdant un huitième match en neuf sorties et en subissant un quatrième blanchissage consécutif, l’Impact se prépare à accueillir les Rapids du Colorado, une équipe pas très sexy qui sort à peine d’une séquence de neuf revers consécutifs et qui végète à l’avant-dernier rang du classement de l’Association Ouest. Et à l’unisson, les membres du bleu-blanc-noir ont passé la semaine à dire qu’il s’agissait d’un piège dont il fallait impérativement se méfier.

« Nous aussi, on allait mal et puis on s’est réveillés, a sagement résumé le vétéran Rod Fanni jeudi. Il faut rester vigilants parce que j’ai connu ça dans d’autres clubs. Des fois, être trop confortables, c’est là qu’on peut se faire avoir. »

L’Impact a de quoi être fier du progrès effectué au cours des dernières semaines. Il a gagné quatre de ses cinq derniers matchs. Il a balayé une série aller-retour contre un rival direct au classement. Il a effacé de manière impressionnante la meilleure équipe de l’Ouest. Il n’est maintenant qu’à deux points d’une place parmi les équipes provisoirement qualifiées pour les séries éliminatoires.

L’erreur classique serait maintenant de passer un peu trop de temps devant le miroir à gonfler les biceps et pas assez dans ses devoirs à assimiler les leçons apprises à la dure.

« On n’est pas en position pour baisser notre garde, peu importe les bonnes choses qu’on a pu accomplir dernièrement, réalise le gardien Evan Bush. Si on a été capables d’aligner les résultats dernièrement, c’est parce qu’on s’est lancés sans réserve dans tout ce qu’on a entrepris, autant à l’entraînement que dans les matchs. Si on relâche le moindrement, Colorado a des joueurs qui sont capables de nous le faire payer. »

C’est le message que Rémi Garde martèle sans relâche à ses joueurs depuis quelques jours. Devant le même écran où il a passé la première moitié de saison à identifier les erreurs et les torts de ses joueurs, il décortique maintenant des séquences qui expliquent leurs succès en les implorant de rester collés sur la formule gagnante.

« J’ai récemment ressenti une forme de soulagement, qui est différent pour moi du relâchement, explique l’entraîneur-chef. Le soulagement, je peux l’autoriser parce que quand on souffre et que ça va un peu mieux, on a le droit de se sentir soulagé, de regagner un peu des forces. Par contre, on n’a pas le droit de se relâcher. [...] Ça serait complètement ridicule de changer l’état d’esprit qui a été si dur de modifier. »

Les calculs de Garde

Garde place la barre haute pour son équipe en deuxième moitié de saison. L’Impact a beau n’être qu’à deux points du Fire de Chicago et de la sixième et dernière place donnant accès aux séries dans l’Est, l’entraîneur a fait ses calculs et est arrivé à un objectif ambitieux.

Selon ses estimations, le onze montréalais devra gagner 10 de ses 16 derniers matchs pour assurer sa qualification au tournoi automnal du circuit Garber.

« Je veux juste remettre les derniers résultats dans le contexte, c’est-à-dire qu’ils nous ont seulement permis de revenir à l’endroit où on devrait être, explique Garde. Tous les mauvais résultats qu’on avait malheureusement accumulés nous mettent un peu au pied du mur pour les matchs qui restent. Je pense que si on veut être certains de faire les séries, par rapport au nombre de points qui ont été récoltés dans les derniers championnats, il nous manque pratiquement une dizaine de victoires. »

Depuis que l’Impact est entré en MLS en 2012, l’équipe de sixième place dans l’Est a terminé la saison régulière avec 49 points ou plus à quatre reprises. La saison dernière, les Red Bulls de New York ont fermé la marche des équipes qualifiées avec 50 points.

Il n’est donc pas déraisonnable de croire que l’Impact aura besoin d’ajouter une trentaine de points aux 21 qu’il a déjà en banque pour prolonger sa saison.  

Bush et la célébrité instantanée

Evan Bush a évité le pire samedi dernier contre le Sporting Kansas City. À la fin de la deuxième demie, alors que l’Impact tentait de protéger une avance de deux buts, le gardien est entré en collision avec un de ses poteaux en plongeant à sa droite pour parer un dangereux coup franc de Graham Zusi.

Bush est resté étendu au sol pendant plusieurs minutes et a reçu la visite des thérapeutes de l’équipe avant de finalement remettre les pieds dans son rectangle. La douleur a été atténuée une dizaine de minutes plus tard lorsqu’il a mis la main sur son troisième blanchissage de suite, son sixième de la saison.

Le cerbère américain, qui a maintenant blanchi l’adversaire pendant 342 minutes consécutives, sera à son poste, droit comme un chêne, contre les Rapids.

« Ça a été assez douloureux, mais j’étais seulement content qu’aucune photo virale n’ait été produite avec ça, rigolait Bush jeudi. J’y pensais après coup, j’étais affalé sur le ventre, le visage dans le filet et la bouche grande ouverte. J’avais peur de devenir une sensation sur le net. Je n’ai encore rien vu et j’espère que ça restera ainsi! »