MONTRÉAL – Pour un matin de février, il faisait bigrement bon aux abords du terrain du Centre Nutrilait où les joueurs de l’Impact, cheveux dans le vent, entamaient le dernier droit de leur camp d’entraînement. Quand ce vent ne transportait pas les effluves habituels émanant des cheminées industrielles du quartier Hochelaga-Maisonneuve, on pouvait presque dire que ça sentait le soccer.   

 

N’exagérons pas, diront les cyniques. Ce n’est quand même pas la Floride, diront les frileux. Mais justement, pourront répondre les plus pragmatiques. Cette partie de la saison, celle pour laquelle l’Impact s’oblige annuellement à un bref exil, celle qui sert au décrassage et aux premières expériences, celle qui s’est conclue avec un nul arraché au New York City FC samedi, cette partie-là de la saison, elle appartient maintenant au passé.
 

Mardi, c’est avec un adversaire spécifique en tête et mues par l’excitation propre aux débuts de saison que les troupes bleu-blanc-noir ont amorcé leur semaine de préparation. Sans dénigrer ce qui a été fait au cours du dernier mois, on pourrait parler ici des proverbiales « choses sérieuses ». Dimanche, contre les Whitecaps de Vancouver, l’enjeu sera quantifiable et la première vraie mesure du progrès réalisé par cette équipe remodelée pourra enfin être prise.

 

Quelles attentes doit-on entretenir envers ce groupe aux allures un peu abstraites, composé d’individualités encore méconnues, à l’approche du début de la vraie saison? Réaliste, l’entraîneur-chef Rémi Garde reconnaît que le projet qu’il a accepté en arrivant à Montréal, bien qu’il évolue à un rythme satisfaisant, est encore en période de gestation.

 

« Si je dis que ça va prendre du temps, les gens diront que c’est mon métier de préparer les joueurs et l’équipe rapidement, se méfie l’entraîneur. C’est vrai qu’on a abordé pas mal de choses pendant les dernières semaines de préparation, mais il est évident qu’ayant renouvelé l’effectif à plus de 50 %, quand on parle d’automatismes à trouver, ici ça prend tout son sens. Vous dire aujourd’hui où on en est par rapport à ce qu’on va pouvoir faire, je pense qu’on pourra progresser encore, bien sûr. »

 

Signe de l’humilité avec laquelle il assure débarquer en MLS, la prudence affichée par Garde s’appuie sur son propre vécu exhaustif en Europe, mais aussi plus concrètement sur l’expérience acquise par un vieux complice. Patrick Vieira, qu’il a côtoyé durant sa carrière de joueur et qui entame aujourd’hui sa troisième saison à la barre du NYCFC, l’avait bien aiguillé pour l’aider à préparer sa venue en Amérique du Nord. Les deux hommes se sont revus en fin de semaine dernière et ont continué leur discussion.

 

« Je sais que pour faire changer les choses, ça prend un certain temps. Il faut faire passer ses idées, il faut faire beaucoup de travail à l’entraînement. Je suis très content de la réponse globale que mes joueurs m’ont donnée, mais on a encore du travail », prévient Garde.

 

Patience limitée

 

Les réserves émises par le coach pourraient être interprétées comme un appel à la patience et à l’indulgence en vue d’un début de saison qui s’annonce compliqué.

 

Comme à chaque année, l'Impact devra négocier avec un calendrier difficile d’entrée de jeu. Cinq de ses six premiers matchs seront disputés à l’étranger. Les visiteurs pour son premier match à domicile, Toronto FC, forment sans doute la meilleure équipe de la ligue.

 

Sans compter que l’organisation n’a pas obtenu la récolte espérée sur le marché des transferts hivernaux. Après la première phase du camp d’entraînement, Garde s’était dit confiant d’accueillir quelques nouveaux visages dans les semaines suivantes. Une fois l’équipe déplacée au Nevada, il avait détaillé ses attentes au collègue Patrick Leduc en affirmant avoir besoin d’un défenseur central, d’un milieu de terrain de haut niveau et d’un autre attaquant.

 

Rien de tout ça ne s’est concrétisé, de sorte que l’Impact forme à ce jour une équipe incomplète qui n’a pas la profondeur pour s’aventurer en toute confiance dans un marathon de 34 matchs jouxté d’un championnat canadien et d’un objectif de performance en séries éliminatoires.

 

« Je n’ai pas l’intention d’attendre deux ans pour avoir des résultats, ce n’est pas ma conception du football de haut niveau », a rassuré Garde, repentant mais déterminé.

 

« C’est vrai que j’ai essuyé pas mal d’échecs, mais le mercato se rouvrira en Europe au mois de juin. On va faire en sorte que ça fonctionne et j’ai de très bons espoirs. »

 

Questionné à savoir s’il avait fait son deuil d’ajouts significatifs avant le milieu de l’été, Garde a offert une réponse sèche et sans équivoque : « Non ».