MONTRÉAL – Pour une équipe appelée à gérer un lot considérable de blessures depuis le début de la saison, l’Impact a bien failli être victime du comble de l’ironie, samedi soir, quand son préparateur physique Yannick Girard a encaissé le plus gros contact de la soirée.

Occupé à préparer les réservistes de l’équipe au début de la deuxième demie du match contre le Galaxy de Los Angeles, Girard a été assailli par Lucas Ontivero quand le jeune Argentin, dans l’euphorie née de son premier but de la saison, s’est dirigé à toute vitesse vers le coin du terrain pour y établir le point culminant des célébrations.

Tout le monde en est finalement sorti indemne et Girard était fidèle à son poste lundi après-midi, dirigeant calmement ses protégés sur la pelouse du complexe d’entraînement du club.

« Depuis le début de la saison, il n’arrêtait pas de me harceler pour que je marque un but. Alors dès que je l’ai mis dedans, je l’ai cherché et je suis allé célébrer avec lui », racontait le jeune joueur désigné, un sourire toujours plaqué au visage.

Arrivé à Montréal sous forme de prêt du club turc Galatasaray en janvier, Ontivero n’a pas tardé à mettre son talent en vitrine. Mû par des qualités techniques évidentes, le petit ailier de 5 pieds 6 pouces a rapidement démontré des bribes de ses habiletés, envoyant notamment de violents tirs sur le poteau lors de victoires contre New York et Columbus. Mais ses efforts tardaient à être récompensés.

Samedi, à son septième départ de la saison, Ontivero a reçu une passe de son grand frère Ignacio Piatti dans la surface de réparation, a pivoté et dribblé pour effacer le défenseur Ashley Cole avant de tirer la gâchette du pied droit pour loger le ballon dans la lucarne.

Propulsé au sol dans son élan, ce n’est que lorsqu’il a vu Piatti lui faire la grimace qu’il a compris que sa frappe avait trouvé le fond du filet.

« Oui, il commençait à être temps. J’en avais assez de frapper le poteau! C’était proche, mais ça ne voulait pas rentrer et c’est bien que ça se soit finalement passé ici, au stade, devant nos partisans. »

« Il le mérite parce qu’il crée souvent du danger, a commenté le défenseur Wandrille Lefèvre. Avec des joueurs comme lui, c’est vrai qu’on ne retient bien souvent que les statistiques. Ça ne lui souriait pas depuis le début de l’année, mais là il en a mis un très beau samedi. »

Ontivero, qui a aussi deux passes décisives à sa fiche, avait déjà démontré la grande puissance et la précision de sa jambe forte, la gauche. Mais instinctivement, c’est avec sa droite qu’il a déjoué Brian Rowe d’un tir imparable, faisant la démonstration d’une arme redoutable insoupçonnée.

« C’est un peu plus difficile pour moi quand je joue à gauche parce que j’ai l’impression de ne pas avoir de droite. Mais quand le moment est arrivé, je me suis retourné et j’ai simplement tiré. Pour finir, je dirais que je me sens aussi à l’aise avec l’un ou l’autre de mes pieds. »

La prochaine étape pour Ontivero, qui a débuté les deux derniers matchs de l’Impact, serait d’arriver à jouer jusqu’au dernier sifflet. De légers pépins physiques et une acclimatation aux surfaces synthétiques ont eu pour effet de compliquer son adaptation au jeu nord-américain, mais la récente montée en force de l’Argentin, qui a joué 88 minutes contre le Galaxy, pourrait finalement donner une autre redoutable arme offensive à l’entraîneur Mauro Biello.

Lefèvre, le nouveau général

Wandrille Lefèvre n’a rien vu du but victorieux de Didier Drogba. Dès l’amorce du coup franc qui allait surprendre Brian Rowe, le défenseur de l’Impact a encaissé un coup de coude au visage et s’est effondré au sol. Il y était toujours, le tour de la bouche ensanglanté, quand les célébrations d’après-match ont été lancées.

Mais Lefèvre était en pleine forme et n’affichait aucune cicatrice visible de cet assaut accidentel lors du retour au boulot, lundi.

« Sur le moment, j’étais un petit peu sonné parce que j’étais surpris, je ne regardais pas. J’avais la lèvre fendue à l’intérieure, mais il faut aussi comprendre qu’il y a de la gestion de match là-dedans, a admis le numéro 5, sourire en coin. Je savais qu’on avait marqué, je ne savais pas combien il restait de temps et disons que j’avais des coéquipiers qui me disaient de ne pas me presser pour me relever. »

Au sens figuré, toutefois, Lefèvre s’est levé dès le début du match. En l’absence de quatre joueurs réguliers sur la ligne arrière, le grand Français s’est imposé comme le nouveau général de la brigade, assurant une présence rassurante sur le côté gauche de la charnière centrale.

« C’est sûr que quand Laurent est là, je le laisse peut-être diriger un peu plus. Ça ne m’empêche pas non plus d’initier certaines choses, mais comme il n’était pas là, il fallait bien que quelqu’un prenne un peu plus le leadership de la communication et moi, j’assume ce rôle-là sans aucun problème, insiste Lefèvre. Je suis assez confortable là-dedans. Mais Hassoun l’a fait aussi en cours de match, il n’était pas éteint pour autant. »