MONTRÉAL – La première mention de son nom, faite sobrement lors de la présentation de la formation partante du LAFC, lui a valu une chaleureuse ovation debout. Laurent Ciman pouvait être rassuré. Pour son retour au Stade Saputo, l’amour l’emporterait sur l’amertume.

Les 20 302 spectateurs qui ont assisté à la véritable rentrée montréalaise de l’Impact se sont assuré que leur Général se sente à la maison.

Lorsque le visage du Revenant s’est retrouvé sur l’écran géant pendant l’hymne national américain, la foule a éclaté avec une telle ferveur que ce dernier a brièvement détourné le regard pour chercher la source du boucan. Et quand Ciman a trouvé le fond du filet avec un véritable missile décoché sur coup franc, coupant l’avance de l’Impact de moitié à la demi-heure de jeu, les gradins se sont animés comme si les locaux venaient de marquer.

Laurent Ciman portait le Noir et Or, samedi, mais il y avait assurément encore des teintes de bleu dans ses veines, des canaux alimentés par le même grand cœur qui a charmé le public québécois, le public qui l’a adopté comme un frère pendant les trois années qu’aura duré son séjour avec l’Impact.

« Aujourd’hui, c’est une journée parfaite pour moi », a commenté le défenseur belge dans le corridor menant à son ancien vestiaire, adossé à un mur sur lequel est immortalisée l’époque où il vibrait en Bleu-blanc-noir.

« Il y a eu l’ambiance avant, à l’échauffement, il y a eu l’ambiance pendant le match et l’ambiance après le match. J’ai été applaudi alors que j’ai marqué. Ça restera dans mon cœur, Montréal restera dans mon cœur. »

La victoire était tout ce qui comptait samedi. C’est ce que Ciman s’était efforcé de répéter la veille, quelques heures après avoir remis les pieds dans la métropole, et c’est ce qu’il insistait pour rappeler après le gain de 5-3 de sa nouvelle armée. Mais le fait qu’il ait lui-même porté le premier coup d’épée à travers la muraille adverse est venu ajouter un brin de magie au récit de la bataille.

Les cyniques étaient nombreux quand « Lolo » s’est reculé pour tenter sa chance vers le filet d’Evan Bush, alors que L.A. tirait déjà de l’arrière par deux buts. Les qualités qui avaient fait de Ciman un favori de la foule à Montréal étaient nombreuses. Sa létalité sur coup de pied arrêté n’en était pas une.

Un autre carton rouge coûteux

« Des coups francs comme ça, soit ça va dans le goal, soit ça finit dans le stade, a-t-il rigolé lorsqu’on lui a demandé de commenter son quatrième but en MLS. Aujourd’hui, j’ai eu la chance que ça finisse dans le but alors que Bush a fait un match extraordinaire. »

Pendant que son boulet secouait les cordages, Ciman a serré les poings et s’est dirigé à la course vers le banc de touche. Là, il a enlacé Zak Abdel, l’entraîneur des gardiens. « Il me dit souvent que s’il y a un coup franc assez éloigné, je dois le tirer parce que j’ai un tir avec la balle qui flotte. » Il a aussi eu quelques mots pour Marc Dos Santos, un autre ancien Impact forcé à l’exil.

« On a vraiment un staff de qualité qui croit en moi et qui améliore mes défauts, parce que je sais que j’en ai, a réitéré Ciman. Je sais que j’ai tendance à faire certaines choses en tant que défenseur central que je ne dois peut-être pas faire, ou en tout cas peut-être pas si souvent. Ils sont là et me le disent honnêtement, en face, et j’essaie de m’améliorer. Comme je le dis, je suis un joueur avec des qualités et des défauts et là on m’accepte comme je suis. Ça me fait du bien de me sentir comme ça. »

Plus que tout, Ciman disait dédier la victoire à sa femme Diana et à leurs enfants, Nina et Achille. C’est pour eux qu’il s’était déraciné de sa Belgique bien aimée pour venir s’établir à Montréal. Ce sera toujours pour eux qu’il jouera. Peu importe l’endroit, peu importe les couleurs.

« Là maintenant, je suis soulagé, je suis tranquille, je peux laisser parler mes émotions, a-t-il lâché, ému. On a fait le plus difficile, on a gagné ici. Après, vous savez très bien ce que je pense de tout le reste. »