(RDS) - La deuxième journée d'un tour préliminaire est toujours fascinante. C'est là que se nouent et dénouent les drames, c'est là que bien souvent se jouent les qualifications des uns et que d'autres voient déjà se profiler bien vite l'élimination du tournoi.

Les équipes du groupe A nous ont bien montré aujourd'hui que rien ne sera simple et que le dénouement final ne sera connu qu'au dernier moment. Seule la Russie a vu son destin tristement scellé… Les Grecs constituent encore l'étonnante surprise de ce premier tour. Jamais ils n'avaient réussi à remporter un seul match en une phase finale de la Coupe du Monde (94) et un Euro (80). Mais dans ce cas-ci, le passé n'a pas été garant de l'avenir. Ce sont les indices livrés par une qualification exceptionnelle (1ère du groupe 6 devant l'Espagne, 6 victoires, deux défaites) qui auraient du nous mettre sur la piste de cette équipe acharnée, qui donne des leçons de détermination à quelques-uns des grands ténors du tournoi.

Menés par un Otto Rehhagel déchaîné, inventif, qui demande beaucoup de flexibilité à ses joueurs dans des formations tactiques concoctées sur mesure pour l'adversaire de l'heure, la Grèce a réussi aujourd'hui un huitième match consécutif sans défaite en match officiel. L'Espagne aura appris à ses dépends qu'en cette année où elle reçoit les jeux Olympiques chez elle, mieux ne vaut pas compter trop vite la Grèce pour battue… Les Espagnols avaient pourtant bien amorcé le match, mais ils auront levé le pied trop vite. Lorsque Charisteas a égalisé la marque à la 67e minute de jeu, l'Espagne a été sonnée. Elle a bien tenté de reprendre le chemin de l'attaque, avec notamment un Joaquin animé et créatif rentré à la mi-temps, mais la morale de la fable du lièvre et de la tortue l'a rattrapée bien vite.

Cela met maintenant beaucoup de poids sur la rencontre Espagne-Portugal. L'Espagne avait le désir d'assurer sa qualification avant son « gros » rendez-vous, mais elle est maintenant condamnée à l'emporter. Un match nul pourrait aussi faire l'affaire, mais il faudrait ajouter : « certaines conditions s'appliquent… » D'autant plus que le Portugal est aussi condamné à l'exploit. Le match nul de la Grèce est loin de faire son affaire et sa victoire contre une Russie réduite à 10 n'a pas prouvé grand-chose. On est loin de l'équipe lumineuse de l'Euro 2000 qui séduisait tant par le résultat que par la manière.

Aujourd'hui les Portugais ont eu le pied lourd et le geste approximatif. Scolari peut bien se contenter des trois points enregistrés au classement, mais on ne peut s'empêcher de regretter les éclats de cette génération dorée, aujourd'hui sur son déclin, et qu'on espérait tant voir briller encore une fois. Est-ce la pression du pays hôte qui écrase la poésie légendaire du jeu portugais? Souhaitons que pour le choc de la péninsule ibérique ils aient retrouvé leurs rimes et qu'enfin le Portugal nous livre un peu de ce football-samba dont il a le secret. Après tout, ne dit-on pas d'eux qu'ils sont les Brésiliens de l'Europe?