Le 12 septembre dernier, Francine Therrien, Ph.D., docteure en médecine expérimentale donnait une présentation sur la neuroperformance. Pour donner suite à l’intérêt soulevé par celle-ci, il nous semble pertinent d’ajouter un billet sur le sujet. Ce dernier met l’accent sur un outil peu connu, le biofeedback, qui permet d’augmenter les performances des joueurs de hockey et d’autres athlètes de pointe.

Aujourd’hui, les avancées technologiques nous permettent d’avoir accès à des instruments d’avant-garde. Parmi eux, le biofeedback permet à l’athlète de se rendre compte en temps réel des changements physiologiques qui s’opèrent en lui lorsqu’il se voit en train de performer, s’imagine à le faire, ou se place en état de récupération, comme c’est le cas lorsqu’il est sur le banc ou entre deux périodes.

Apprendre à contrôler son système nerveux pour mieux performer.

Le biofeedback est un outil de connaissance de soi et de développement de l’athlète. Pour se démarquer, le joueur doit donner son 100 % chaque fois. Être au sommet de sa forme lui demande d’être en parfait contrôle de son système nerveux. Car c’est lui qui coordonne l’ensemble du corps pour produire entre autres, puissance, précision et synchronisme.

À l’image de la conduite automobile, le système nerveux est contrôlé par deux pédales : un accélérateur – le système sympathique qui agit comme un stimulant, et un frein ‒ le parasympathique qui produit la relaxation et la récupération. Ensemble, ces deux pédales agissent en opposition sur presque tous les muscles et organes du corps.

Lorsque le joueur arrive sur la glace, son corps agit comme une Formule 1 qui s’engage sur la piste de course. Il entre dans un mode « accélération » qui pousse son système au maximum. Le corps libère alors de l’adrénaline comme stimulant et du glucose pour l’énergie. Les rythmes cardiaque et respiratoire augmentent en flèche pour amener plus d’oxygène aux muscles, la tension musculaire grimpe, de même que l’activité cérébrale. La personne peut ainsi déployer plus d’énergie, mieux percevoir, réagir plus rapidement, plus efficacement et avec une plus grande intensité. Les appareils de biofeedback mesurent tous ces paramètres de façon objective.

Comment fonctionne le biofeedback?

Quand le corps réagit à une pensée ou à une émotion, il le fait de façon prévisible : il augmente ou ralentit le rythme cardiaque, le rythme et l’amplitude respiratoires, les niveaux de tensions musculaires, la circulation sanguine périphérique (mesurée par la température des doigts)...

Pour apprendre à contrôler les pédales d’accélération et de frein du corps tout entier de l’athlète, on place des capteurs à différents endroits sur son corps : autour de son ventre pour mesurer l’amplitude et la fréquence respiratoires, sur ses muscles afin de mesurer l’intensité de la tension musculaire, sur une artère pour connaître la fréquence et les variations du rythme cardiaque, etc.

Grâce au perfectionnement des logiciels et des appareils, le hockeyeur voit son tableau de bord en direct : ce sont tous les principaux paramètres de sa physiologie qui lui sont présentés sous la forme de données objectives, de tableaux et de graphiques.

Ailleurs à l’écran, on a choisi de présenter des vidéos de situations qui le font réagir : une victoire, un lancer manqué, une stratégie réussie… À tout moment, en direct, l’athlète prend conscience que ses réactions émotives entraînent des réactions physiologiques, et vice versa… jusqu’au moment où il devient maître à bord, capable de contrôler ses réactions physiologiques.

Apprendre à récupérer par le biofeedback.

Que fait la Formule 1 lorsqu’elle rentre au puits? Elle applique les freins, abaisse le régime du moteur au minimum, et fait le plein d’essence avant de repartir. Est-ce que vous croyez que le corps humain réagit de la même façon lorsque le joueur revient au banc? Pour la plupart des gens, la réponse est malheureusement « non ». Si le joueur n’a pas appris à sortir de l’état « adrénaline » et à se placer en mode « récupération », son corps restera en état d’alerte pendant toute la partie. C’est presque deux heures à plein régime pour une vingtaine de minutes sur la glace. Quel gaspillage d’énergie!

Le drame surviendra en 3e période si le corps a épuisé ses réserves d’énergie : il en restera peu pour les muscles, et encore moins pour le cerveau. Les spectateurs verront une baisse des capacités de réaction, de décision et de la performance. L’ensemble des processus physiques et psychiques sera ralenti et perdra de son synchronisme. C’est alors que la « chimie » sur la glace risque de se détériorer et ceci peut coûter la victoire.

À l’inverse, le joueur qui s’est entraîné en biofeedback afin de pouvoir passer rapidement d’un état « adrénaline » à un mode « récupération » économisera son énergie tout au long de la partie. Mais que veut dire le mode « récupération »?

Physiologiquement, lorsque le corps entre en cohérence cardiaque, les glandes surrénales diminuent la production du cortisol (hormone du stress) et augmentent l’hormone DHEA (hormone qui régénère le corps et le cerveau), entre autres. Le cerveau et le corps récupèrent plus rapidement et se reconstruisent, tout en abaissant leur consommation d’énergie. Bref, c’est le système tout entier qui recharge ses batteries.

Un exemple de cet état physiologique est présenté à l’émission du 26 septembre. On peut voir ce qu’il se produit spécifiquement lorsque l’individu arrive à contrôler son rythme cardiaque afin de le synchroniser avec son rythme respiratoire.

L’objectif ciblé ici par le biofeedback –il en existe plusieurs autres– est donc très simple. Apprendre à l’individu à contrôler ses rythmes biologiques afin de fonctionner à plein régime seulement lorsqu’il est sur la glace. Il gardera ainsi un niveau d’énergie plus élevé tout au long de la partie, car il aura appris à recharger ses batteries lorsqu’il est au banc ou dans le vestiaire entre les périodes. Voilà un aperçu d’une des façons dont les athlètes utilisent le biofeedback pour optimiser leur gestion d’énergie et améliorer leur performance. Et cela fait couler beaucoup d’encre au sein de la LNH et d’autres sports d’élite.