Tout comme les personnalités du monde des affaires, ou du monde artistique, musical ou politique, les athlètes de haut niveau vivent dans un univers de popularité et de reconnaissance publique presque chaque jour de leur vie professionnelle active. On adule ces athlètes, on les salue, on s’arrête pour une photo, un mot ou une signature, et pour plusieurs qui les entourent, on leur porte une attention de tout instant. Dans plusieurs cas, c’est un environnement qui les accompagne depuis des années et ils sont habitués à cet encadrement et à cette attention. On y prend goût rapidement. Mais malheureusement, ce n’est pas une représentation de la réalité qui les attend après leur carrière, pour une grande majorité d’entre eux. 

Et ce sont de ces situations d’après-carrière dont je veux traiter dans ce texte. Et comment les athlètes vivent la difficile transition suivant la retraite.

Que se passe-t-il après le sport?

La société vit les mêmes défis

Deion Sanders, ancienne vedette de la NFL et du baseball majeur, et aujourd’hui commentateur sportif à la télévision, avait souligné l’importance de prendre sa retraite d’un sport plutôt que de voir ce sport se retirer de l’athlète. Sanders avait déclaré que les athlètes « pratiquent » ces sports comme profession mais qu’ils ne sont pas « définis » ou « identifiés » par ces sports.   

Deion Sanders« Nous aimons ces sports avec passion, mais ces sports ne nous aiment pas en retour », avait-il dit. « Il ne faut pas confondre qui on est avec ce que l’on fait ». 

Les athlètes sont passionnés et engagés, ils sont les meilleurs au monde de leur discipline et ne pensent qu’à leur sport, et puis soudainement un jour, la fin surgit. Et ils ne sont pas prêts!

Mais le commun des mortels, dans tous les secteurs de la vie, vit comme tous un moment comme ceci, un jour ou l’autre. Le moment de se retirer après une longue carrière, de changer son style de vie, de s’adapter, de vivre avec des moyens financiers plus modestes et de passer à une autre phase de la vie. L’adaptation n’est jamais facile non plus. Dans le cas des athlètes, la retraite sonne simplement plus tôt dans une vie.

Il faut se ressourcer, replanifier sa vie et sa gestion du temps, gérer les relations familiales et sociales, et prendre soin de sa santé physique et mentale. 

La vie d'un athlète au quotidien

Il faut pouvoir comprendre la vie d'un athlète au quotidien pour mesurer quelque peu la détresse causée par la retraite. Dès son plus jeune âge, la vie de l’athlète s'arrange autour de son sport. Tout est fait ou presque avec comme priorité son développement sportif jusqu'au moment où finalement il/elle appartient à l'élite mondiale. Les exigences et la rigueur demandées dans le sport de haut niveau sont telles que l'athlète doit utiliser la majorité de son temps à sa préparation physique et mentale. Rien n'est laissé au hasard. Le quotidien de l’athlète est obsédé de performance sportive laissant peu de place à d'autres activités. De plus, tout son environnement social, à l'exception de quelques amis et collègues de classe, sera composé des autres athlètes appartenant à son sport. L'athlète de haut niveau vit, dort, respire en fonction de sa performance sportive. Donc, on peut présumer que les athlètes n’ont pas tous l’équilibre nécessaire pour faire face à cette phase de la vie qui les attend.

Dans l'atteinte des ses objectifs sportifs, l'athlète ne sera pas seul. Il aura fréquemment le soutien de ses entraîneurs, parents, amis, et selon la popularité de son sport, du public. En fait, même le plus banal des sports aura sa communauté de support qui forme une équipe entière autour de l’athlète.

C'est à partir de ce contexte qu'on peut comprendre les impacts de la retraite. L'athlète qui prend sa retraite à l'âge de 30 ans laisse souvent tomber 20-25 ans d'objectifs, d'habitudes de vie et de reconnaissance dans sa communauté. Comme pour  le travailleur qui a passé sa vie dans une profession, cette fin d'occupation souvent abrupte crée un vide existentiel et une perte de repères personnels, psychologiques, physiques et sociaux qui sont souvent sources de détresse pour celui ou celle qui n’est pas adéquatement préparé.

Les impacts de la retraite

Quand on pense à la retraite chez un athlète, on situe les impacts à deux niveaux : physiques et psychologiques. Les premiers impacts associés à la retraite sont souvent physiques. L'athlète qui cesse la pratique de son sport voit cesser les effets bénéfiques de la secrétion de neurotransmetteurs, d'endorphines et tout ce qu'on associe à la pratique quotidienne intense d'un sport (bonne forme physique, force, souplesse, etc.). Plus souvent qu’autrement, certaines blessures physiques accompagneront l'ex-athlète dans sa nouvelle vie de retraité, rendant son quotidien inconfortable mais sans offrir la justification qu'offrait la quête de succès sportif de sa vie d'autrefois.

Au niveau psychologique, la perte de son identité d'athlète, de son statut, de la reconnaissance du public sont toutes des sources de changement dans la vie de l'athlète susceptibles de provoquer un malaise psychologique pouvant parfois mener à la dépression. 

La dépression et l'athlète

La dépression est une maladie qui affecte négativement comment une personne pense, se sent et agit. C'est un mal contemporain qui touche chacun d'entre nous directement ou indirectement. Que ce soit lorsque vécu personnellement ou via un être proche, les conséquences de cette maladie sont parfois terribles. À cet égard, le monde du sport amateur et professionnel, tout comme pour celui du citoyen traditionnel, n'y échappe pas. On a longtemps eu de la difficulté à imaginer nos athlètes combattant ce terrible désarroi existentiel. Ils sont jeunes, beaux, forts, admirés et souvent à l'aise financièrement. En apparence, ils sont sans soucis et ont tout pour être heureux. Vrai? Malheureusement, ce constat n’est pas toujours une représentation de la réalité de la vie de l'athlète. Tout comme pour les autres membres de la communauté, l'athlète peut être lui/elle aussi affecté(e) par une forme de dépression, et souvent l’athlète sera exacerbé par sa notoriété publique et les attentes qu'il/elle place sur soi-même. La douleur psychologique causée par la dépression est aujourd'hui, grâce aux efforts de sensibilisation, discutée plus ouvertement dans le monde du sport

L'après-carrière, source du mal pour certains athlètes

Il existe une série de risques sérieux auxquels font face les athlètes en début de retraite ou même en fin de carrière juste avant la retraite. Ces risques peuvent être causés par une blessure à la tête comme une commotion ou une blessure corporelle grave. L’athlète peut parfois très mal récupérer de la blessure et plonger dans l’abus de substances illégales, souffrir d’anxiété, subir une surdose et bien entendu devenir dépressif. Mais le simple fait de voir venir la retraite peut causer d’énormes soucis à un athlète. La dépression est une maladie silencieuse qui demeure difficile à comprendre et cette maladie affecte tellement plus d’individus que l’on pense. Les victimes, athlètes ou autres, hésitent souvent à demander de l’aide. Pendant ce temps, la maladie peut s’aggraver et avoir des conséquences graves.

La liste des athlètes qui ont révélé avoir été victimes des douloureux ravages de la dépression ne cesse de s'allonger.

Derek BoogaardParmi certaines situations connues impliquant des athlètes aux prises avec une forme de maladie mentale en fin ou durant leur carrière ou à la suite de blessures à la tête, quelques noms sautent aux yeux. Clara Hughes, multiple médaillée olympique canadienne et ambassadrice pour Bell pour la santé mentale; Sugar Ray Leonard, champion du monde de la boxe dans les années 1980; Ian Thorpe, surnommé le « Thorpedo », célèbre médaillé olympique en natation; et Brandon Marshall, membre actuel des Jets de New York de la NFL qui a révélé ses difficultés en 2014 et qui est lui-même maintenant un porte-parole officiel pour cette cause dans la NFL. Aujourd’hui, ils vont mieux et partagent leur expérience du passé afin d’aider les autres.

Cependant, certains autres athlètes ont souffert profondément et la situation s’est aggravée.  Junior Seau, ancienne vedette des Chargers de San Diego de la NFL et membre du Temple de la renommée du football professionnel, s’est suicidé en 2012; Derek Boogaard, ancien membre des Rangers de New York, Wade Belak, ancien des Maple Leafs et des Predators, et  Rick Rypien, ancien des Canucks, qui ont tous trois été retrouvés sans vie en l’espace de quatre mois en 2011. Triste dénouement.

Un autre exemple, un peu différent, est celui de Larry Sanders, ancien membre des Bucks de Milwaukee de la NBA, qui a choisi de quitter la NBA et laisser 27 millions $ en contrat garanti à l'âge de 28 ans à cause de ses problèmes d'anxiété et de dépression. Ce geste a nécessité  énormément de courage pour ce jeune athlète. L’histoire de Sanders fait réfléchir. Arrêter de jouer afin de mieux gérer ses démons et demander de l’aide, ce fut effectivement une décision courageuse. Aujourd’hui, il en parle ouvertement et confirme qu’il a pris la bonne décision. 

Mais pour plusieurs autres, c'est souvent la retraite qui sera à l'origine des problèmes de santé mentale ou de dépression. Qu'elle soit forcée ou volontaire, cette décision est généralement difficile à prendre pour l'athlète. Certains seront mieux préparés que d'autres pour ce jour et y transiteront assez facilement. Plusieurs athlètes trouveront une continuité dans le coaching ou dans un emploi avec les médias sportifs. Mais pour un bon nombre d'entre eux, le passage à la vie civile se fera avec plus de difficultés. Soit parce qu'ils seront mal préparés ou parce que l’encadrement n’existe pas autour d’eux. La perte des repères du passé combiné au désarroi seront si grands qu'ils glisseront vers la dépression.

Les nouvelles mesures d'aide

Heureusement, en conclusion, les différentes ligues professionnelles et associations de joueurs  ont mis en place dans les dernières années des programmes pour aider leurs membres à faire une transition plus positive vers la retraite. Les ligues possèdent des séances d’orientation pour les recrues arrivant dans une ligue mais également des programmes de soutien aux joueurs en vue de mieux préparer leur seconde vie. Dans le sport olympique, le Comité olympique canadien lançait en septembre dernier un programme destiné à aider les olympiens à transiter plus facilement dans leur après-carrière.

La sensibilisation sur les maladies mentales occasionnées par la retraite sportive chez les athlètes de haut niveau et les problèmes de dépression trop souvent observés ont fait heureusement aussi avancer les organisations sportives dans la bonne direction. Les athlètes sont de mieux en mieux encadrés pour les aider à faire face à ce qui les attend tous un jour.

 

La journée BELL CAUSE POUR LA CAUSE est un événement annuel qui invite les Canadiens à parler de santé mentale, à mettre fin à la stigmatisation et à appuyer des initiatives en santé mentale. Le 27 janvier, Bell versera 5 ¢ de plus à la santé mentale pour chaque :

·         message texte envoyé par les clients de Bell et de Bell Aliant

·         appel interurbain ou mobile effectué par les clients de Bell et de Bell Aliant

·         tweet contenant le mot-clic #BellCause

Mélanie Turgeon parle de sa dépression

·         partage de l’image Bell Cause pour la cause sur Facebook