Comme des millions d’entre vous, je me suis laissé entraîner par l’excitation du plus récent Super Bowl, qui a probablement été l’un des plus enthousiasmants des dernières années. Bien sûr, les puristes du football diront que les défenses n’ont pas rempli leur mandat, ce qui a donné lieu à cette avalanche de points et de verges gagnées par chacune des équipes.

Les espoirs de médailles québécois

Au-delà des analyses que des professionnels bien plus aguerris que moi ont faites et feront de cette partie, je reste sidéré par la concentration des joueurs, particulièrement celle des receveurs qui ont capté des ballons que j’aurais crus impossibles à attraper. Imaginez-vous dans leur peau. Vous suivez un tracé compliqué et précis, vous courrez de toutes vos forces, vous vous retournez et voyez le ballon arriver. Vous sentez que l’adversaire vous talonne pour vous déranger, vous faire échapper le ballon ou, en dernier recours, vous plaquer aussi solidement que possible. Vous savez que ça va faire mal. Mais vous êtes dans le moment présent. Rien d’autre ne compte. Vous ne pensez pas à ce qui est arrivé avant ni à ce qui va se produire dans quelques secondes. Il n’y a que le présent et ce ballon qui arrive.

Les grands athlètes réussissent, d’une certaine façon, à s’isoler ainsi du monde. Quand ils brillent, ils sont totalement dans l’instant, à leur place dans l’univers. Ils sont dans leur bulle.

On me demande souvent s’il est possible de favoriser le contrôle de cette sensation. On croit généralement que tout est aléatoire et qu’on ne peut qu’espérer que ça se produise au moment souhaité, qu’on ne peut commander cet « état de grâce ».

À mon avis, on peut au moins aider notre cause. La plupart des grands le font. Et, comme ça arrive souvent, tout part du cerveau.

Pourquoi croyons-nous ne pas faire bonne figure ou ne pas réussir à entrer dans sa bulle? C’est simple, la peur prend toute la place. On angoisse et on stresse. On oublie le plaisir pour ne penser qu’à la technique. Dans le monde du hockey, on dira qu’on tient son hockey trop serré ou qu’on patine sur les talons.

Pour arriver à recréer cet état psychologique favorable, on doit faire en sorte que le cerveau se souvienne comment le corps se sentait, comment les muscles fonctionnaient quand tout allait bien, quand on a fait ce jeu, cette descente, cet attrapé. En d’autres mots, on fait appel à la mémoire du corps. Il se souvient de tout et ne ment jamais.

Il existe quelques exercices simples pour vous aider à éveiller cette mémoire. Il serait un peu long ici de vous donner toute la technique, mais vous pourrez fouiller ou consulter pour aller plus loin. Toutefois, simplement pour vous indiquer la base, ça passe beaucoup par la visualisation. Par exemple, quand vous réussissez un beau jeu ou une bonne partie, tentez de vous souvenir. Cette bulle dans laquelle vous vous sentiez, elle était de quelle couleur? De quelle grandeur? Était-elle transparente ou en couleur? Laissait-elle passer les sons? Comment vous sentez-vous à l’intérieur? Gravez dans votre mémoire cette impression de la façon dont votre corps et vos muscles réagissaient à vos désirs.

Le principe est de laisser derrière tout ce qui ne touche pas votre performance, comme le stress ou la peur.

C’est Marianne Saint-Gelais, je crois, qui expliquait récemment qu’il y a dans tout athlète un maître et un artiste. Dans une compétition, il faut un peu tasser le maître pour laisser la place à l’artiste.

D’ailleurs, entrer dans sa bulle ne s’applique pas qu’aux athlètes. Ça peut aider celui qui a une présentation importante à faire, un examen à terminer ou une entrevue importante pour un emploi.

Finalement, il n’est question que de se faire confiance et croire en ses possibilités!