Plusieurs de nos experts affirment que le Canadien est inconstant, imprévisible dans ses sorties. J’ai ai aussi parlé récemment dans ce blogue. Montréal réussit à perdre contre des équipes théoriquement moins fortes ou qui sont déjà assurés de ne pas participer aux séries de fin de saison. Par contre, il bat des équipes qui sont tout en haut du classement. Comme s’il prenait les premiers à la légère et décidait de lutter avec acharnement avec les seconds.

Bien sûr, on peut dire (et vous avez été plusieurs à le signaler) que les clubs plus faibles font l’impossible pour battre le Canadien qui est plus haut au classement. Ils luttent avec le même acharnement que notre club présente contre ceux qui sont, techniquement, plus fort. Et, effectivement, on peut trouver une partie de la réponse dans ce commentaire. Mais ça n’explique pas tout.

On peut aussi parler des blessures ou de la sur-utilisation de certains joueurs. Mais là encore, il reste des interrogations.

Qu’un joueur connaisse une mauvaise partie ou une mauvaise séquence, ça peut être normal. On n’est pas toujours au sommet de sa forme. Vous comme moi le savons. Il y a des jours au bureau ou à l’usine ou tout semble aller de travers. Mais que le club au complet soit dans une mauvaise passe, c’est plus difficile à expliquer. Je ne dis pas que les dernières semaines ont été catastrophiques pour le Canadien, mais on peut certainement dire qu’il y a place à l’amélioration.

Quand un joueur a de la difficulté, on peut (et je dirais) qu’on doit faire appel à du soutien extérieur pour l’aider. Parmi les outils dont dispose un club pour aider ses joueurs, il y a le spécialiste en psychologie du sport. Il ne faut pas avoir peur de le consulter. On a aujourd’hui dépassé largement l’époque ou l’on croyait que les psychologues devaient intervenir seulement pour les maladies mentales. Au contraire, le soutien d’un psychologue doit être vu comme un cadeau que l’on se fait. Le spécialiste en psychologie du sport travaille pour donner les outils à l’athlète afin qu’il soit toujours au meilleur de sa forme psychologique et donc, qu’il puisse offrir le meilleur de lui-même en tout temps. Il aide à développer la « dureté du mental » qui permet d’affronter les moments plus difficiles. Il peut donc aider un joueur à passer à travers sa léthargie.

La véritable question est comment peut-on intervenir pour aider de la même façon tout le club? Et là, ça devient plus complexe. Une équipe de hockey (comme une équipe quel que soient les sports) est formée d’individus qui ont tous leur personnalité, leurs talents, leurs aspirations propres. Même mis ensemble, les joueurs ne perdent pas leur identité. Ils peuvent savoir qu’il faut se sacrifier pour le bien du club, mais ils restent, fondamentalement, eux-mêmes. Voilà pourquoi le travail de l’entraîneur est si complexe. En plus de prévoir les plans de matchs, d’analyser les autres équipes, une partie importante de son boulot consiste justement à mettre en place les éléments pour que l’ÉQUIPE au complet fonctionne tout le temps, qu’elle se présente à tous les soirs. Juste pour vous donner une idée de la difficulté que cela peut représenter, je pourrais vous parler de la cohésion dans une équipe et des facteurs qui entrent en jeu.

Pour qu’une équipe fonctionne avec cohésion, il doit exister une espèce d’harmonie entre les membres. Et celle-ci se manifeste selon deux niveaux : celui du joueur et celui de l’équipe. Par exemple, l’attraction d’un joueur face à l’équipe tient compte de sa perception individuelle face à l’équipe; de sa motivation à être dans l’équipe et à y rester et de ses sentiments face à l’équipe. D’un autre côté, il y a l’intégration du joueur par le groupe. Par ceci on entend comment l’équipe perçoit le joueur, comment elle perçoit son implication, son identification au groupe et son attachement à l’équipe.

Quand il y a une bonne homogénéité entre la façon dont le joueur perçoit son équipe et le rôle qu’il y tient d’une part, et la façon dont l’équipe conçoit le rôle du ce joueur d’autre part, la cohésion générale se fait bien et on bâti un véritable esprit d’équipe. Il est alors possible pour l’entraîneur de préparer un plan de match pour l’équipe qui sera accepté et appliqué par les joueurs et qui sollicitera ses meilleurs éléments aux meilleurs endroits. Voilà en résumé ce que les spécialistes appellent la relation cohésion / performance.

Et voilà une partie du défi que doit relever quotidiennement l’entraîneur avec ses adjoints. Le développement de la psychologie sportive permettra certainement d’aller encore plus loin dans cette facette du jeu d’équipe. D’ici là, il faut se fier à l’expérience, au flair et bon gros bon sens des dirigeants de l’équipe.

Sylvain Guimond, PhD

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