Je ne sais pas si, comme moi, vous avez remarqué que le ton monte très rapidement dans le sport professionnel? On voit régulièrement et peut-être trop souvent un entraîneur engueuler un arbitre, un adversaire ou même un de ses joueurs devant les caméras et devant la foule. On voit aussi des joueurs s’en prendre verbalement à leurs adversaires et on préfère ne pas entendre ce qui se dit parce que ça ne doit pas être très édifiant.

Je sais bien que ce n’est pas seulement dans les sports que ce genre de langage est entendu. Aux États-Unis ça va bien d’ailleurs plus loin que tout ce qu’on connait ici. Chez nos voisins, autant dans les sports qu’à la radio ou à la télévision et même en politique, toutes les attaques et toutes les insultes semblent être non seulement permises et tolérées, mais même à la mode.

Mais restons dans les sports pour le moment. À mon avis, les athlètes professionnels, quelque soit le sport, ont un rôle social à jouer. Qu’ils le veuillent ou non, ils sont des modèles pour des milliers de personnes dont énormément de jeunes. Or, ce rôle de modèle doit commencer par le respect de l’adversaire et des arbitres. Juste une note sur ce dernier aspect. Je sais bien que tous les arbitres de ce monde vont affirmer qu’ils sont au dessus de ces commentaires, mais, selon moi ils restent des hommes. Bref, un joueur du Canadien disait récemment que plusieurs joueurs du club faisaient des commentaires, très tôt dans le mach, sur le travail des arbitres, mettant en doute leurs décisions. Comment ces derniers réagissent-ils? Et bien, on remarque le club est très souvent pénalisé. Non que ces punitions ne soient pas légitimes dans la généralité des cas, mais il est évident que les arbitres laissent moins de marge de manœuvre à ceux qui les contestent. Qu’ils laissent moins la chance au coureur, comme on dit. Or, s’en prendre à l’arbitre est aussi inacceptable que d’injurier un adversaire. C’est ce respect qu’on enseigne aux jeunes. Mais comment réagissent-ils quand ils voient leurs idoles qui n’hésitent pas à insulter un joueur ou à contester les décisions des arbitres? Quel message leur envoyons-nous? Et quel message envoyons-nous aussi à la société en général?

Que ce soit au hockey ou au football, les insultes que se lancent les joueurs à la tête ne font que polluer le climat d’un match et n’augmente pas l’intensité du jeu. Ça ne fait qu’augmenter les accès de violence possible au cours d’une partie. On veut alors répondre en donnant ce petit coup un peu vicieux qui, on le souhaite, va faire encore plus mal. Et parfois on va trop loin. Est-ce une des causes de l’augmentation de commotions cérébrales souvent causés par des coups malsains qui se font après le jeu? Impossible à dire.

Mais poser la question c’est un peu y répondre. Toute cette réflexion m’a été apportée par le drame qui a secoué les USA en Arizona. Le shérif de la Pima County, en Arizona, peu après le drame, a laissé entendre que les propos souvent vitrioliques qu’on entend sur les ondes a certainement contribué à engendrer ce drame. Je ne crois pas qu’on puisse y trouver la seule réponse à ce qui s’est passé. Mais il est possible que les écarts de langage et les images violentes qu’on véhicule aient aussi leur part de responsabilité pour influencer des esprits plus fragiles. Dans son discours en Arizona le Président Obama a d’ailleurs tenté de calmer un peu le jeu en disant qu’il fallait se parler d’une façon qui guérisse et non d’une façon qui blesse.

Oui, je sais que mon texte d’aujourd’hui est un peu moralisateur. Je suis désolé pour ceux ou celles que cela importune et je m’en excuse. Je me dis seulement qu’il ne faut jamais oublier que les athlètes professionnels ont aussi un devoir de réserve et qu’ils sont, qu’ils le veuillent ou non, des exemples pour beaucoup d’entre nous. Alors, s’ils pouvaient plus souvent se tourner la langue sept fois avant de parler…