Andy Murray sera de retour sur les courts en tant que joueur de simple dans un avenir pas si lointain.

C'est désormais une certitude que l'ancien gagnant de trois Grand Chelems a acquise.

Cette affirmation s'accompagne de plusieurs bémols, mais le Britannique n'a pas envie de se soucier de ceux-ci pour l'instant. Il se sent infiniment mieux qu'il n'aurait pu se l'imaginer lorsqu'en pleurs, il a annoncé il y a six mois, aux Internationaux d'Australie, que la suite de sa carrière était compromise.

Trois jours après qu'il ait donné cette fameuse conférence de presse empreinte d'émotion, Murray disputait face à l'Espagnol Roberto Bautista Agut ce qui est encore à ce jour la dernière rencontre de simple à son actif.

Puis, ce fut la délivrance : le 28 janvier, il passait sous le bistouri pour une deuxième fois pour tenter de réparer une blessure à la hanche qui lui empoisonnait la vie depuis la portion de calendrier menant à Wimbledon en 2017.

Dix-huit mois donc à espérer qu'une solution médicale existait pour lui permettre non seulement de retrouver un calibre de jeu compétitif, mais carrément de trouver une qualité de vie générale.

« Il y a eu des moments misérables durant les deux dernières années. Des moments durant lesquels j'ai eu envie de tout abandonner. Moi qui considère avoir toujours donné ma pleine mesure sur les courts, je devais maintenant batailler à l'extérieur du terrain comme je ne l'avais jamais fait avant. C'est une tout autre paire de manches, et je mentirais si je disais que je n'ai pas eu des périodes de doute », a concédé Murray en conférence de presse, dimanche après-midi.

Un optimisme prudent

Mais voilà que la procédure subie à la fin janvier lui a quasi miraculeusement permis de retrouver une forme dont il ne s'était pas approché depuis belle lurette. Les larmes, le doute et les projets de ranger pour de bon sa raquette ont laissé place à un optimisme prudent.

À un tel point tel qu'au moment de lancer son parcours en double à la Coupe Rogers — il jouera à Montréal en compagnie de l'Espagnol Feliciano Lopez, avec qui il a remporté le tournoi du Queen's à la fin juin — Murray entrouvre la porte à la possibilité d'une inscription au tableau de simple du Masters 1000 de Cincinnati, disputé la semaine prochaine.

À cet égard, Murray insiste toutefois qu'il ne se met aucune pression. Les progrès réguliers qu'il dénote dans son processus de retour à la forme lui suffisent amplement.

« Mon corps réagit très bien aux rigueurs de tous ces matchs de double que je dispute. Ça m'encourage pour la suite. Je me lève le lendemain matin d'un match en me sentant très bien physiquement. Pas mal mieux que durant la saison de gazon », a-t-il confié.

Les matchs de trois sets d'abord

N'empêche que la décision du Britannique de 32 ans de jouer ou non en Ohio aura une incidence directe sur le reste de son été. Car il est hors de question pour lui de reprendre le simple en s'imposant dès le début le risque que représentent des matchs au meilleur des cinq sets.

« Je pourrais probablement jouer dès aujourd'hui un match de trois sets. Mais la réflexion doit aller plus loin que ça. L'objectif final n'est pas de jouer un match, mais bien d'être capable d'en aligner cinq ou six durant une courte période. (...) Ce n'est pas nécessairement ma hanche qui serait touchée si je reprenais trop vite. Une autre blessure pourrait survenir. C'est pourquoi je dois privilégier la patience. C'est un processus. »

On en déduit que Murray est prêt à emprunter la voie de la prudence s'il le faut. Il ne serait pas contrarié outre mesure de se résigner à jouer uniquement le double à l'US Open (26 août-8 septembre), avec un partenaire qui serait nommé en temps et lieu. Ces dernières semaines, Murray a joué avec Lopez, le Français Pierre-Hugues Herbert, ainsi que son frère aîné Jamie, avec qui il a fait équipe à l'Omnium Citi de Washington. C'était la première fois que les frères Murray jouaient ensemble sur le circuit ATP depuis 2013.

Mais quand il recommencera à jouer en simple, ce sera la fin de l'aventure en double pour un certain temps.

« Ce sera l'un ou l'autre (simple ou double), je peux vous en assurer. (...) Mais ça ne sert à rien de spéculer à savoir qui serait mon partenaire (à l'US Open). Je me concentre sur le court terme. Chaque jour apportera un élément de réponse. »

Chose certaine, Andy Murray attirera une foule considérable lors de chacun des matchs que Lopez et lui disputeront lors de cette 40e Coupe Rogers. La cote de popularité de celui qui a remporté trois fois le tournoi en simple — dont deux fois à Montréal, en 2009 et 2015  — ne devrait pas avoir bougé d'un iota malgré cette absence des courts aussi longue que frustrante.

C'est d'ailleurs en grand nombre que se sont déplacés les curieux dimanche, sous un soleil de plomb, dans l'espoir de voir de près la manche de pratique que Murray a livrée à son compatriote Kyle Edmund. À Washington la semaine précédente, c'est avec l'Américain Denis Kudla que Murray s'était exercé à intensité assez élevée durant un set complet.

Bref, méthodiquement, Murray coche une à une les cases, de façon à se donner les meilleures chances de connaître un retour au jeu sans trop d'embûches.

C'est assurément plus facile d'être un disciple de la patience lorsqu'on est passé si près d'être retraité à l'âge de 31 ans.

« S'il y a bien une chose que j'ai apprise à mon sujet durant ces deux dernières années, c'est que je trouverai le bonheur même sans avoir le tennis dans ma vie. L'ancien moi croyait que c'était ma seule raison d'être, mais j'ai une nouvelle perspective là-dessus. Je suis encore passionné de mon sport, mais j'ai le sentiment que je vivrai une bonne vie même s'il n'y occupe plus la même place. C'est un sentiment que je n'avais pas, il y a un an et demi. »