Le capitaine de l'équipe canadienne en Coupe Davis, Frank Dancevic, ne joue pas à l’autruche lorsque vient le temps d’évaluer ses ouailles en vue de la finale de ce tournoi qui sera disputée en novembre sous une nouvelle formule : ils peuvent permettre au pays d’aspirer aux grands honneurs.

Avec une formation qui mise actuellement sur trois joueurs figurant dans le top-35 au classement de l’ATP (Milos Raonic 20e, Félix Auger-Aliasimme 21e et Denis Shapovalov 34e), en plus d’un champion Grand Chelem en double avec Vasek Pospisil, la combinaison de ces éléments a de quoi faire rêver les amateurs.

Seule la France possède plus de joueurs que l’Unifolié dans cette portion du classement avec quatre (Gaël Monfils 15e, Benoit Paire 29e, Lucas Pouille 31e et Gilles Simon 35e), alors que l’Espagne est au même point avec trois représentants (Rafael Nadal 2e, Roberto Bautista Agut 11e et Fernando Verdasco 33e).

Si Raonic se voulait le pilier de la formation lorsque Dancevic a pris les rênes de l’équipe en novembre 2017, ce dernier est forcé d’avouer qu’une montée en force des jeunes a haussé les attentes.

« Nous sommes définitivement des prétendants au titre. Je sens que nous sommes rendus là. Nous avons plusieurs éléments au sein de notre équipe afin qu’elle soit complète. Milos amène beaucoup d’expérience et il est reconnu pour remporter les matchs cruciaux », a soutenu Dancevic lors d’un entretien avec le RDS.ca.

« Les jeunes apportent leur dynamisme et nous pouvons compter sur Vasek en double. Même en simple au besoin comme on l’a vu lors de son match à Montréal. Il y a aussi Brayden Schnur et Peter Polansky qui apportent de la profondeur à notre formation », a-t-il ajouté.

Dancevic paraît donc être arrivé au début de l’âge d’or du tennis canadien. Même s’il était possible d’entrevoir tout le potentiel dont regorgeait le Canada, il était audacieux d’avancer que tout tomberait en place aussi rapidement.

Après tout, bien que déjà fort prometteur, Auger-Aliassime n’avait que 16 ans lorsque le capitaine aujourd’hui âgé de 34 ans a hérité du poste après le départ de Martin Laurendeau. De son côté, Denis Shapovalov avait certes intégré le top-50 à ce moment, grâce entre autres à sa percée à la Coupe Rogers, mais il avait entamé l’année au-delà du top-200. Si les indices étaient là, encore fallait-il que les pièces du casse-tête s’emboîtent parfaitement.

« C’était si difficile à prévoir à ce moment. On savait qu’ils étaient bons, mais on entend souvent combien tel joueur est talentueux, et il faut donc attendre avant de juger réellement. L’effort doit être mis par la suite et il reste à prouver le tout sur le terrain », a-t-il relaté.

Les deux joueurs ont su répondre non seulement aux attentes, mais à la pression qui planait au-dessus de leur tête. Bien qu’il connaisse une année plus difficile, Shapovalov a été en mesure de se maintenir tout près du top-30, tout en participant au carré d’as du Masters 1000 à Miami.

Un fait d’armes qu’a imité Auger-Aliassime qui ne cesse de faire écarquiller les yeux. L’athlète de 18 ans avait conclu la précédente campagne au 108e rang. Moins de six mois plus tard, il atteignait le top-25.  

« C’est incroyable! Denis a réussi son ascension depuis un an et demi, et pour Félix, personne ne s’attendait à ce qu’il soit déjà si près du top-20. Même s’il avait été dans le top-70 ou 50 ça aurait été excellent. Présentement, c’est tout simplement incroyable. Il s’agit peut-être de l’un des plus grands bonds dans l’histoire du tennis », a commenté Dancevic.

Privé de Raonic, Dancevic avait notamment dû se tourner vers ses jeunes loups pour assurer la qualification du Canada pour la finale en février dernier. En retard 2-1 dans la confrontation l’opposant à la Slovaquie, Shapovalov a su créer l’égalité avec un gain devant Martin Klizan avant qu’Auger-Aliassime ne décroche le billet tant convoité contre Norbert Gombos.

Un scénario que l’on pourrait voir se répéter plusieurs fois au fil des prochaines années.

« Il n’a que 18 ans, donc il pourra participer au tournoi de la Coupe Davis pendant longtemps. En plus, il a cette ferveur patriotique, donc c’est agréable de l’avoir dans nos rangs », a convenu celui qui travaille dorénavant avec Vasek Pospisil.

« Félix a le jeu pour réussir, mais personne ne croyait que la transition se ferait aussi rapidement. C’est parfait pour moi alors qu’il rend notre équipe meilleure et c’est un bon gars. Il sera si bon pour plusieurs années avec le Canada »,  a-t-il lancé.

La ronde ultime donnera son coup d’envoi sous un nouveau format en novembre prochain. Il reste encore beaucoup de tennis à jouer, mais nul doute que si tous ses protégés sont en santé, tout un casse-tête attend Dancevic. Il prévient déjà qu’il ne servira à rien de vouloir prévoir sa formation, notamment pour les deux matchs de simple, alors que lui-même a l’intention d’y songer jusqu’à la dernière minute. Rien ne sera laissé au hasard dans son processus de sélection.

 « C’est tellement une longue saison et c’est difficile de prévoir. Il faudra voir à ce moment qui se sentira bien physiquement, qui sera aussi sur une bonne séquence et qui le sera moins. Ils ont tous sensiblement le même classement, alors la décision sera très certainement de dernière minute », a analysé le capitaine.

Pour l’occasion, la Coupe Davis fait peau neuve avec une finale où les 18 pays sont séparés en six groupes de trois. Les champions de chaque groupe ainsi que les deux formations ayant le meilleur dossier au deuxième rang atteindront les quarts de finale. Pour atteindre cette étape de la compétition, le Canada devra lutter avec les États-Unis et l’Italie, mais l’identité de ses rivaux importait peu au capitaine canadien.

« En se rendant en finale, toutes les équipes sont bonnes, mais je n’ai peur de personne. Nous pouvons battre n’importe qui, peu importe l’adversaire qui se retrouve de l’autre côté du filet », a assuré avec confiance Dancevic.

Ce dernier se range d’ailleurs dans le clan de ceux qui sont en faveur du nouveau format disputé sous le modèle d’un tournoi en une semaine. C’est donc sous une nouvelle formule et avec de grandes aspirations que la délégation se rendra à Madrid au terme de la campagne.