À l’époque où il connaissait ses moments de gloires sur le circuit de l’ATP, Stefan Edberg s’offrait généralement des victoires expéditives aux dépens de ses adversaires canadiens.

Hormis une défaite devant Daniel Nestor en Coupe Davis en 1992, l’ancien numéro un mondial n’a jamais peiné devant Glenn Michibata, Chris Pridham, Andrew Sznajder et compagnie.

Mais près de 20 ans après avoir accroché sa raquette, Edberg est le premier à reconnaître qu’il ne se débarrasserait pas de Milos Raonic ou encore Vasek Pospisil avec la même facilité.

L’ex-vainqueur de six tournois du Grand Chelem observe même quelques similitudes entre le récent essor du tennis canadien et celui suédois au milieu des années 1970.

« Ces choses-là arrivent sans que tu le réalises vraiment », a expliqué Edberg en conférence téléphonique mardi. « C’est souvent inexplicable. Les bons entraîneurs, les bons joueurs et le bon environnement surgissent au même moment. »

« Le plus important, c’est que cette génération de joueurs va en inciter une nouvelle à adopter le tennis. Et l’aide financière va suivre, ce qui est extrêmement important de nos jours. »

Sauf qu’Edberg sait plus que quiconque que les succès d’une nation peuvent être éphémères. Jadis une puissance, la Suède ne compte aujourd’hui sur aucun joueur dans le top-250 de l’ATP.

Un effet bœuf sur Federer

Retraité depuis la fin de la saison 1996, Edberg a causé une certaine surprise en se joignant au personnel d’entraîneurs de Roger Federer en début d’année.

À la recherche de nouveauté après avoir glissé au huitième rang du classement mondial, Federer a trouvé en Edberg le mentor idéal pour retrouver confiance en ses moyens.

« Roger avait connu une saison difficile en raison de ses problèmes de dos », a rappelé le double médaillé de bronze des Jeux de Séoul en 1988. « Vous ne pouvez pas savoir à quel point il a travaillé fort au cours des neuf derniers mois. »

« Il est en bien meilleure forme physique que par le passé, chose qui devient particulièrement importante lorsque vous passez le cap de la trentaine. Son parcours à Wimbledon (où il s’est incliné devant Novak Djokovic en finale) prouve qu’il est bel et bien de retour. »

Sans gêne, Edberg n’a aucune difficulté à avouer que Federer est un bien meilleur joueur qu’il ne l’a été au cours de sa carrière. Même si certains jugent que le plateau était beaucoup plus relevé à son époque, le Suédois demeure convaincu.

« Je possédais peut-être un meilleur revers, mais tous ses autres coups sont supérieurs », a expliqué Edberg. « Je pouvais me défendre et attaquer avec mon revers. Ce coup était crucial, ce qui n’est pas le cas de Roger. »

« Le fait que les surfaces dures sont devenues beaucoup plus lentes a procuré un avantage certain aux meilleurs joueurs. Ce sont maintenant toujours les mêmes qui gagnent les tournois du Grand Chelem, ce qui aurait été impensable il y a vingt ans. »

Même s’il n’a jamais été en mesure de remporter les Internationaux de tennis du Canada malgré deux présences en finale en 1986 et 1987, Edberg fera son entrée au Temple de la renommée de la Coupe Rogers dans le cadre d’une cérémonie qui sera présentée lundi à Toronto.