Nouvelle expérience pour les pros alors que le tournoi d'Indian Wells, annulé en mars, se joue en octobre cette année. Les joueurs sont heureux pour la plupart de ne pas avoir à se farcir un long périple en Chine, mais de plutôt profiter du cadre idyllique du désert de la Californie.

Bianca Andreescu, la championne en titre de l'épreuve disputée la dernière fois en 2019, peine à retrouver son meilleur niveau sur une base régulière cette année. Par moments, son jeu est juste, mais trop souvent miné par des inconstances qui lui coûtent cher. À son premier match devant l'honnête Alison Riske, Bianca a tellement de difficulté à profiter de ses nombreuses opportunités de bris que cela devient presque décourageant. Notre Canadienne s'en offre 17, mais ne conclut que 5 fois. Manquer de mordant pour imposer son jeu sur points importants offre tellement d'espoir à l'adversaire qui s'accroche sans fin. Cela prouve aussi que Bibi manque de confiance en elle, ce qui n'était pas souvent le cas en 2019. Elle avouera d'ailleurs après le match qu'elle vit trop de pensées négatives dans cette rencontre qu'elle gagne, mais en 2 h 48. Cela l'aurait tellement aidée si elle avait terminé bien avant...

Forcément, face à la 20e mondiale Anett Kontaveit au tour suivant, ce genre d'égarement se paie « cash » alors qu'elle se donne une belle avance au 2e set sans être en mesure de continuer de placer l'adversaire sous pression tout en gardant aussi un bon fond de constance. Quelque part, c'est un peu normal compte tenu du fait que Bianca n'a remporté que 17 rencontres cette année contre les 35 de l'Estonienne. On rajoute à cela les 1000 points à défendre pour la championne en titre et on comprend plus facilement toutes ses crispations. La bonne nouvelle c'est que cela n'est pas la fin du monde puisque Bianca devrait être en mesure de rester dans le top-30 au classement lundi prochain. Pas si mal pour une revenante qui avait le lourd mandat de sauver 4000 points en peu de temps. Il faut continuer de s'arracher sainement à l'entrainement pour mettre éventuellement tous les éléments du casse-tête en place.

La finaliste des Internationaux des États-Unis Leylah Fernandez, qui a su gagner l'estime de la planète tennis, fait aussi tourner les têtes à Indian Wells. Armée dorénavant d'un grand désir d'être offensive dès qu'une opportunité se présente, sa première victime Alizé Cornet en bave un coup pour essayer de se garder la tête hors de l'eau. Peine perdue, Leylah la promène gauche/droite avec intensité, ne lui laissant que des miettes. Au tour suivant, la finaliste de Roland-Garros Anastasia Pavlyuchenkova doit sûrement avoir quelques regrets puisqu'elle mène par un set et un bris. Le plus beau dans cette situation, c'est que notre Québécoise continue d'y croire malgré toutes les difficultés qu'elle rencontre. Tout ce qu'elle a vécu à New York lui a appris à se faire confiance, peu importe ce qu'elle vit. Après tout, « winning ugly » c'est tout aussi bon! Sauf que je la sens fatiguée et moins forte en jambes. Suffisamment magnifique pour se faufiler jusqu'à la victoire, mais je m'inquiète un peu pour la suite des choses...

La voilà tout de même en ronde des 16 contre Shelby Rogers alors qu'elle livre toute une performance compte tenu de l'énergie dont elle dispose. Fernandez s'incline cruellement au bris d'égalité de la 3e manche. Toute la déception qu'elle ressent se lit sur son visage en entrevue après le match car les occasions ont été tellement nombreuses pour aller chercher la victoire. C'est simple dans le fond: les dernières semaines ont été excitantes, mais éprouvantes et Leylah manque de puissance pour produire la qualité de frappes que cela prend à ce niveau. Pas grave, elle quitte Indian Wells la tête haute. Le meilleur reste à venir, j'en suis certaine...

Du côté de Félix Auger-Aliassime, la petite blessure à la jambe à la Coupe Laver le stoppe un peu dans son élan. D'abord obligé de faire l'impasse sur le tournoi de San Diego, il peine à montrer la même hargne et constance qu'aux Internationaux des États-Unis face à Albert Ramos Vinolas. L'Espagnol livre une copie parfaite pour l'emporter en 2 manches consécutives. Denis Shapovalov déçoit aussi au 3e tour face à Aslan Karatsev alors qu'il s'incline en 2 sets. Le match est intense et d'une grande qualité au 1er set que le Russe gagne 7-5 parce qu'il est plus concentré et opportuniste. Le grand malheur c'est surtout que Shapo réagit mal à la perte du set alors qu'il n'est plus que l'ombre de lui-même par la suite. Dommage tout de même parce que nos deux jeunes passent à côté d'une belle opportunité d'amasser de précieux points pour imiter Milos Raonic et se classer pour le Championnat de fin de saison. Courage, tout est encore possible alors que les prochaines semaines seront déterminantes.