Le tennis canadien a resplendi de santé dans la dernière année, et ce n'est pas Eugène Lapierre qui compte s'en plaindre.

À cinq semaines du coup d'envoi de la 40e édition de la Coupe Rogers, le directeur du tournoi montréalais a exposé mardi en conférence de presse l'ampleur que prend l'engouement créé par les succès des représentants de l'unifolié, avec à l'avant-plan bien sûr l'émergence à la vitesse grand V du Québécois Félix Auger-Aliassime.

Ce sera d'ailleurs la première fois que trois Canadiens (Milos Raonic est classé 17e, Auger-Aliassime 21e et Denis Shapovalov 27e) se présentent au Masters 1000 en figurant parmi le groupe sélect des 30 premières raquettes au monde.

« Une représentation aussi forte, c'est du jamais vu. On parle ici de trois joueurs qui ont le potentiel de faire du dommage », a suggéré Lapierre.

Si Shapovalov avait réussi à marquer les esprits à Montréal et ailleurs au Canada avec des victoires aussi spectaculaires qu'inattendues face à Juan Martin del Potro et Rafael Nadal durant un parcours mémorable alors qu'il était adolescent, Milos Raonic peut quant à lui se rappeler l'été 2013. Il avait alors atteint une des trois finales qu'il détient à son actif en contexte de Masters 1000.

Pour sa part, Auger-Aliassime avait été contraint à rater ce qui aurait été à l'âge de 16 ans son premier tournoi montréalais en 2017. Il s'était cependant repris à Toronto l'été dernier en étant époustouflant devant Lucas Pouille avant de livrer une lutte de tous les instants à une autre étoile montante, Daniil Medvedev.

On peut donc s'attendre à ce que la fièvre entourant Auger-Aliassime atteigne l'échelon supérieur pour cette première apparition dans la métropole francophone.

Mais au-delà de l'argument béton associé au nom du prodige de 18 ans, le produit déjà alléchant proposé par Lapierre et son équipe vient d'être rehaussé — pour l'heure du moins — alors que les trois meilleurs joueurs au monde Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer ont confirmé leur intention d'être de la partie au Stade IGA de Montréal, du 3 au 11 août prochains.

Si cette proposition s'accompagne d'un bémol, c'est que Federer se donne le droit de réévaluer sa condition physique à la fin de son parcours à Wimbledon. Le maestro suisse aura 38 ans le 8 août, et plus que jamais la gestion efficiente de son calendrier de compétition est un élément-clé de sa quête de succès. Or, le coup d'envoi tardif donné au troisième tournoi majeur de l'année lui donnerait une période de répit relativement courte, advenant un parcours le menant jusqu'en demies ou en finale.

« On est en contact avec Roger et son camp. Il nous dit qu'il fera un choix définitif après Wimbledon. C'est ce qu'il avait fait il y a deux ans, et finalement il était venu, a fait remarquer Lapierre. C'est ce que je me contenterai de dire! »

Si ce tour de force de la Coupe Rogers devait se concrétiser dans les jours suivant la conclusion du Grand Chelem londonien, il s'agirait de la première fois en huit ans que les amateurs de tennis québécois peuvent voir le Big Three démontrer leur savoir-faire sur les courts du Stade IGA. En 2011, alors âgé de 24 ans, Djokovic avait soulevé le trophée pour la deuxième fois de sa carrière.

Les autres jeunes font vendre aussi

Deux membres de la nouvelle génération de vedettes de l'ATP ayant connu leur part de succès sur les courts canadiens ont aussi inscrit Montréal à leur horaire pour la début d'août. Ainsi, le champion de l'édition 2017 Alexander Zverev (no 5) et le finaliste de l'édition 2018 Stefanos Tsitsipas (no 6) viendront faire parler leur talent.

Ce dernier, gagnant de deux tournois en 2019, a largement fait parler de lui en arrachant des victoires signatures face à Federer aux Internationaux d'Australie et face à Nadal à Madrid depuis le début de la présente saison.

« Lorsque des membres de notre équipe communiquent avec les gens au téléphone, les noms de Nadal et Federer sont mentionnés. Ceux de Félix et Denis viennent dans la discussion aussi, bien entendu. Mais plusieurs sont au fait de la montée de Stefanos Tsitsipas. Il est un nom très en demande », a précisé le directeur du tournoi.

Tout ces éléments mis en commun ont comme conséquence prévisible que l'on s'attend à un achalandage record sur le site adjacent au parc Jarry dans quelques semaines. D'ailleurs, jamais à ce point-ci de l'été, selon Eugène Lapierre, la Coupe Rogers n'a-t-elle pris autant d'avance quant à la vente de billets.

« Vous me m'entendrez jamais dire qu'il ne reste plus de billets. On trouvera toujours des places, a-t-il tout d'abord plaisanté, avant d'ajouter que le rythme de vente actuel est de l'ordre de « 20 000 de plus que toute autre édition passée, un mois avant le début du tournoi. »

Du jeu relevé dès les qualifications

Le calibre qu'on retrouvera à la Coupe Rogers le mois prochain est tel que certains noms bien connus des amateurs devront vraisemblablement se résigner à passer par le tableau des qualifications pour y accéder. Ce pourrait être le cas des Richard Gasquet, Jo-Wilfried Tsonga, Grigor Dimitrov et Feliciano Lopez, tombeur d'Auger-Aliassime en demi-finale et éventuel vainqueur du tournoi du Queen's la fin de semaine dernière.

Ce ne sont là que quatre joueurs populaires auprès du public qui n'ont pas de tournoi au programme lors de la première semaine d'août et dont le nom n'apparaît pas sur la liste des 44 joueurs inscrits au tableau principal.

Dans la liste dévoilée mardi, la France est à l'honneur. Pas moins de six joueurs français s'y retrouvent, dont le toujours spectaculaire Gaël Monfils, 15e tête de série. Le Canada, les États-Unis, l'Espagne, l'Italie et la Serbie viennent ensuite à égalité en deuxième place. Ils comptent au tableau trois porte-couleurs chacun.

Comme c'est coutume, quelques joueurs canadiens pourraient cependant devenir les heureux bénéficiaires des quatre laissez-passer distribués par les organisateurs. Il ne serait guère étonnant que les noms de Brayden Schnur, Peter Polansky et Vasek Pospisil — ce dernier vient de reprendre la compétition après une longue absence due à une opération au dos — s'ajoutent à ceux de Raonic, Auger-Aliassime et Shapovalov vers la fin du mois de juillet.