Alors qu’Eugenie Bouchard effectue un retour à la Coupe Fed après trois années d’absence, Sylvain Bruneau est d’avis qu’elle doit maintenant revenir à la base avec son jeu afin de renouer avec le succès.

La 117e raquette au classement de la WTA connaît un début de saison en dents de scie avec une fiche de quatre victoires contre six revers. Pour le capitaine de la Coupe Fed, Bouchard doit être en mesure de retrouver son tennis d’attaque qui lui avait notamment permis d’atteindre trois demi-finales du grand chelem en 2014, dont la finale de Wimbledon. Cependant, ce parcours est survenu il y a quatre ans et celle qui a déjà occupé le cinquième rang mondial se retrouve maintenant exclue du top-100. Le travail est donc double, alors que la confiance doit être également rebâtie.

« Je pense qu’elle doit revenir à ses bases et au tennis qui lui a apporté du succès, c’est-à-dire offensif », explique Sylvain Bruneau.

« Maintenant lorsque tu deviens moins confiant, c’est un peu plus difficile à appliquer comme style, car c’est un tennis à haut risque », ajoute-t-il.

Ce dernier n’a cependant pas perdu confiance en les moyens de la Québécoise et il croit qu’à 24 ans, elle a les outils pour redresser la barre.

« Il n’y a pas de formule magique. Je pensais qu’elle allait s’en sortir un peu plus rapidement, mais je n’ai aucun doute qu’elle va le faire. C’est une question de temps. Elle doit continuer à travailler et à être positive, ce qui est le cas. Parfois il y a une ouverture dans un tournoi et les choses peuvent changer rapidement », soutient-il.

Eugenie n’a d’ailleurs pas caché qu’elle souhaite disputer plus de matchs pour retrouver ses repères et la Coupe Fed est une opportunité pour elle d’y arriver.

« C'est une chance de retrouver de bonnes sensations. C’est ce qu’on espère, a expliqué l'entraîneur, mercredi. Si c’est le cas, elle pourra ensuite amener le tout sur le circuit de la WTA avec les tournois qui suivront. Elle peut utiliser le week-end pour reprendre en confiance et retrouver des repères. Qu’elle perde ou gagne, même si les victoires sont souhaitées, elle pourra bâtir sur ça pour la suite. »

Si la confiance est un facteur dans l'équation afin de renouer avec le succès, les nombreux changements dans le personnel d'entraîneurs de la Canadienne ont sans doute eu des répercussions sur ses résultats.

« Je pense que l’aspect confiance joue un grand rôle, mais sur le plan tactique, il ne faut pas oublier qu’elle a eu quelques changements d’entraîneur. C’était tous des entraîneurs compétents, de premier plan, mais parfois certains ont des philosophies différentes qu'ils veulent développer avec son jeu. Il peut alors y avoir un manque au plan de la stabilité »,  avance Sylvain Bruneau.

Bouchard continue de chercher des solutions afin d'améliorer ses résultats. Selon ce qu'a rapporté Stéphanie Myles au début du mois, Bouchard a profité des conseils de Robert Landsdorp en sol californien. Sylvain Bruneau a indiqué « qu'elle avait bien aimé travailler avec lui ». Âgé de 80 ans, Landsdorp est reconnu pour avoir développé le jeu à plat de certaines joueuses comme Maria Sharapova et Lindsay Davenport. Il a également travaillé auprès de Pete Sampras au cours de sa carrière.

En préparation pour l'Ukraine

Tout juste arrivée la veille, en raison de complications avec son vol, Bouchard a pris part à un premier entraînement mercredi matin et le capitaine de la formation canadienne s’est dit encouragé par ce qu’il a vu.

« Ça s’est très bien passé. Elle est à fond dans son entraînement. Elle est vraiment motivée et heureuse d’être ici. »

« Elle se présente dans un bon état d’esprit. Elle s’est levée tôt ce matin en raison du décalage et elle voulait venir frapper des balles. Elle a démontré une belle intensité à l’entraînement. C’était la Eugenie que je connais », a-t-il dit à propos de celle qui devrait s’adresser aux médias plus tard cette semaine.  

La dernière expérience d’Eugenie en Coupe Fed n’avait cependant pas donné les résultats escomptés, alors qu’elle s’était inclinée à ses deux duels de simple contre la Roumanie. Il aura fallu attendre trois ans pour la voir défendre à nouveau les couleurs de son pays lors de la compétition internationale, mais selon le capitaine de l’équipe, cette dernière a bien hâte de renouer avec la Coupe Fed.

« Elle devait jouer en 2016, elle était d’ailleurs de la formation pour affronter la Slovaquie, mais une blessure l’en a empêché. Je l’ai souvent dit, mais elle adore jouer en Coupe Fed. Je sais que certaines personnes n’en sont pas certaines, car elle a été absente, mais elle est très patriotique et elle aime jouer pour son pays, soutient Sylvain Bruneau. C’était la même chose lors des Jeux olympiques. Elle aime l’ambiance en Coupe Fed et je pense que c’est l’une des raisons de sa présence ici, alors que c’est à Montréal.  »

Même si l’Ukraine ne peut compter sur la quatrième joueuse mondiale, Elina Svitolina, pour cette confrontation de barrage du Groupe mondial II, la formation mise notamment sur Lesia Tsurenko et Kateryna Bondarenko qui se retrouvent respectivement au 41e et au 78e rang. Alors que ces deux joueuses sont mieux classées que Bouchard et Abanda, le capitaine de la Coupe Fed ne s’en fait pas trop avec cette statistique. Bien qu’il ne cache pas que le classement ne ment pas sur les prestations actuelles des joueuses, il n’écarte pas l’idée que les représentantes canadiennes sont en mesure d’améliorer leur sort.

« Je pense qu’autant dans le cas d’Eugenie que celui de Françoise (127e), le classement qu’elles ont en ce moment ne reflète pas leur valeur. On pourrait se reparler dans six mois ou dans un an et la situation pourrait être différente, je l’espère. Donc le tennis féminin au Canada, malgré le classement qui est quelque peu modeste, est somme tout en santé. »

« Mon souhait est que l’on se reparle dans un an et qu’il y est des joueuses dans le top-100 », a espéré le capitaine de la Coupe Fed.

Sylvain Bruneau se garde bien de dévoiler sa composition finale en vue des affrontements de la fin de semaine, mais il est fort à parier que Bouchard, qui demeure la mieux classée du groupe, aura son mot à dire lors des confrontations en simple. Quoi qu’il en soit, il est confiant qu’avec le groupe de joueuses à sa disposition il est possible que le Canada cause une surprise cette année, tout comme ce fut le cas à pareille date l’an passé contre le Kazakshtan.

« C’est certain que les filles vont devoir jouer du bon tennis. Nous allons devoir faire nos devoirs comme il faut. C’est sûr que c’est possible, mais nous avons du pain sur la planche », laisse savoir Sylvain Bruneau.

« Je ne blâme pas les coachs »
« Ce serait bien que les journalistes locaux disent la même chose »