C’est presque un euphémisme, mais Alexander Zverev n’est pas satisfait de ses résultats depuis le début de 2019.

 

Son seul titre de l’année a été acquis en mai à Genève, et il ne s’agissait là que d’un tournoi de catégorie 250. Malgré tout, Zverev se situe au septième rang mondial après avoir perdu deux places depuis la publication du plus récent classement, s’étant fait devancer par Stefanos Tsitsipas et Kei Nishikori, et il cherche à demeurer positif.

 

« C’est une drôle d’année. Je suis quand même dans le top-10 du classement et le top-10 de la course aux Finales ATP, relativise Zverev. Tout dépend si on est du genre à voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Ce n’est pas ma meilleure année, mais je suis quand même capable de rivaliser avec les meilleurs au monde. »

 

« Pour moi, ça peut juste s’améliorer cette année. J’espère que ça va débloquer ici et se poursuivre durant la tournée américaine. On verra. Ça ne va pas aussi mal que tout le monde pense. »

 

Zverev, 22 ans, explique sa baisse de régime par un manque de confiance. Il l’a mentionné pendant la quinzaine à Wimbledon, où il a perdu dès son premier match contre Jiri Vesely, et il le réitère. Ajoutez à cela une relation houleuse avec son entraîneur Ivan Lendl de qui il s’est depuis dissocié fin juillet, ce qui n’aide pas au niveau des conditions de travail.

 

« Ma confiance n’est pas à son meilleur, avoue l’Allemand. C’est une bonne chose de revenir à un endroit où j’ai connu du succès, où j’ai gagné le tournoi et où je me sens déjà confortable. J’espère que ça va m’inspirer d’être ici, que je jouerai mieux au fil du tournoi. Je suis content d’être de retour à Montréal. »

 

En effet, « Sascha »​ a triomphé dans la métropole il y a deux ans pour mériter son deuxième titre Masters 1000 en carrière, après celui à Rome. Dans cette compétition toujours très relevée ici, il se retrouvait dans l’une des portions de tableau la plus difficile : il avait dû se défaire de Richard Gasquet, Nick Kyrgios et Kevin Anderson, en plus d’être confronté à un Denis Shapovalov survolté en demi-finale puis au maître Roger Federer comme cerise sur le gâteau.

 

« C’était ma première fois à Montréal et j’ai eu une belle semaine. Je me rappelle de la première ronde qui avait été difficile, mais après j’ai pris du galon et je me suis mis à jouer de l’excellent tennis. Gagner contre Roger en finale est évidemment très spécial. Dans l’ensemble, j’ai passé une super semaine et j’espère répéter cette expérience cette année.

 

« [Contre Denis], c’était bruyant, il y avait une grosse énergie. C’est le fun de voir la foule soutenir autant ses joueurs. Le Canada compte sur de potentiels futurs champions en Grand Chelem avec Denis et Félix, ils sont tous les deux d’excellents joueurs. Dans le cas de Félix particulièrement, il joue incroyablement bien cette année à 19 ans. Denis a aussi montré par le passé qu’il peut devenir un champion. »

 

Le tournoi de Zverev a en tout cas bien commencé. Mardi, il a vaincu le Britannique Cameron Norrie en deux manches de 7-6 (4), 6-4 et il a été heureux de cette entrée en la matière. Mercredi, il a ensuite évité une journée perturbée par la pluie en étant déjà qualifié pour la troisième ronde qui allait s’amorcer jeudi. Il affrontera alors la 13e tête de série Nikoloz Basilashvili.

 

Basilashvili a d’ailleurs été son tombeur à Hambourg dans le carré d’as il y a deux semaines. Dans sa ville natale, Zverev a ressenti un peu de pression, mais encore plus de support, et il a dressé un parallèle avec la situation des Canadiens.

 

« Il y a plus de pression, mais je sens aussi une énergie positive et de l’amour autour de moi. C’est aussi plus agréable de jouer là-bas parce que tu sais que quand tu vas te retrouver sur le terrain, tu vas être le favori de la foule, celui qui est le plus encouragé. J’espère que des gars comme Félix (qu’il pourrait affronter en quarts, NDLR) sauront apprécier le moment et faire fi de la pression ici. C’est un sentiment que j’ai adoré à Hambourg, même si c’était un tournoi 500 et que j’étais probablement le favori. Félix a un talent incroyable mais il n’est pas encore parmi les favoris pour remporter un tournoi du calibre Masters 1000. Il le peut, il a le potentiel pour le faire plusieurs fois dans le futur, mais il n’a encore que 19 ans et les gens devront être patients. 

J’espère qu’il va aimer son expérience et qu’il va disputer de bons matchs parce que c’est un joueur que j’aime voir jouer. Même à l’extérieur du terrain, il est l’un des plus sympathiques et il est très respectueux. Il accumule de l’expérience et je ne lui souhaite que le meilleur. »

 

Outre des habitués comme Djokovic, Federer, Nadal et Murray, Zverev a été l’un des rares à avoir fait incursion dans le top-3 dans les dernières années. Il y est parvenu sans avoir encore remporté de Grand Chelem, son meilleur résultat ayant été les quarts de finale à Roland-Garros à deux reprises. Le Big 3, surtout alors que Murray a été éprouvé par les blessures, règne encore et toujours.

 

« Ils sont différents de tous les autres joueurs. Ils trouvent toujours une façon d'adapter leur style de jeu selon l’évolution du tennis, analyse Zverev. Le tennis est plus rapide aujourd’hui, donc Federer joue plus vite aussi, il frappe la balle plus tôt qu’avant et il ne coure plus autant. Il s’ajuste tout le temps. Pareil pour Rafa. Novak est le no 1, donc il n’a pas autant besoin de s’ajuster, mais il y a quelques années, quand il connaissait certaines difficultés, il a aussi changé un peu son jeu. C’est ce que les champions font. »

« Ce sera aux plus jeunes de prendre la place. Comme moi ou (Stefanos) Tsitsipas. Ou encore les deux Canadiens. Denis peut déjà y aspirer et Félix aussi; il a tellement de potentiel et il est bien plus jeune que nous, donc il risque d’être encore meilleur dans les prochains mois. Mais pour l’instant, les plus vieux sont encore les meilleurs et gagnent les gros titres. Ce sera à nous de trouver une façon de s'ajuster pour gagner les gros matchs. »