Enjeux juridiques lors des Olympiques
Jeux Sotchi 2014 mardi, 28 janv. 2014. 11:49 dimanche, 15 déc. 2024. 12:42La présence de conflits et de contentieux dans le sport est imminente et le mouvement olympique n’y échappe pas. Bien entendu, les Jeux mettent les athlètes à l'épreuve, mais il arrive qu’ils soient également mis à l’épreuve du droit. La qualification des sportifs, la violation des règles, la discrimination, la violence, l’expansion de la commercialisation et l’influence médiatique ne sont que quelques-uns des problèmes juridico-sportifs présents lors des Olympiques.
Une grande partie de la controverse entourant les Jeux est évidemment le dopage. Comme le mouvement olympique est intimement lié au concept de performance, certains athlètes sont prêts à tout pour gagner. Cela dit, le dopage constitue une pratique illégale etla lutte antidopage est assurément une priorité olympique. Cette pratique est extrêmement surveillée et la gestion des infractions relatives au dopage sont régies par les fédérations internationales, mais la commission disciplinaire du CIO peut elle aussi formuler la suspension de l'athlète. Le CIO est responsable des contrôles aux Jeux et publie ses règles antidopage, les athlètes étant donc assujettis aux contrôles selon le Code mondial antidopage et la Liste des substances interdites. Pensons notamment à Floyd Landis, Marion Jones et Lance Armstrong qui se sont tous vus retirer leur médaille olympique après avoir été déclarés positifs.
À l’inverse, qui ne se rappelle pas du scandale Ross Rebagliati lors des Jeux de Nagano en 1998? Le champion de planche à neige s’était fait retirer sa médaille d’or après un test positif au cannabis. Heureusement pour lui, il l’a subséquemment récupérée, car le cannabis ne constituait pas une substance interdite par le CIO. Un autre dossier intéressant est celui de José Théodore, lequel n’avait pas pu participer aux Jeux de Turin en 2006, car il avait été suspendu de toute compétition internationale pendant deux années après avoir été déclaré positif à la finastéride.Il avait fait par la suite les démarches pour obtenir une exemption thérapeutique, mais seule la LNH l’avait acceptée, ce qui lui a permis de continuer à jouer pour les Canadiens de Montréal, mais non aux Jeux de Turin.
Dans un autre ordre d’idées, la violation de la marque olympique est une réelle menace à la viabilité des Jeux. En effet, les commanditaires corporatifs paient des millions de dollars pour obtenir les droits de promouvoir les Jeux ainsi que le droit d’utiliser la marque de commerce olympique. La valeur de ces droits est toutefois diluée lorsque des tiers non autorisés utilisent la marque, phénomène communément appelé ambush marketing[1]. Prenons par exemple Nike qui, avant même le début des Jeux de Londres en 2012, avait tenté de s’y associer. Le problème est que même si Nike était partenaire de plusieurs athlètes et d’équipes sportives, il ne détenait pas pour autant de droits commerciaux, car c’est Adidas qui était le fier commanditaire. Nike avait malgré tout tiré une campagne publicitaire « Find your greatness », laquelle reposait sur des athlètes qui habitaient Londres. De cette façon, il jouissait de l’image olympique, et ce, sans même payer de commandites.
C’est donc à se demander à quoi ça sert pour une compagnie comme Adidas d’investir des sommes aussi importantes d’argent pour agir à titre de commanditaire officiel si elle n’est pas suffisamment protégée. Ce faisant, Nike affectait grossièrement la valeur accordée à Adidas. Pourtant, Nike n’en était pas à sa première tentative d’ambush marketing. Lors des Jeux de 1996 à Atlanta, Nike avait construit un village sur le site olympique où il affichait sa publicité et distribuait des drapeaux à son effigie. Tout laissait croire que Nike était le commanditaire officiel, pourtant, c’était Reebok qui avait acquis les droits commerciaux.Une telle pratique dissuade ainsi les compagnies à investir dans le mouvement olympique, et sans leur investissement, le CIO risque de ne pas avoir les sommes d’argent nécessaires à la viabilité des Jeux. Les violations de la marque olympique portent donc directement atteinte à l’existence même des Jeux, car leur existence dépend essentiellement de leurs commandites privées.
Pour les Jeux de Sotchi, les lois anti-gay russes interdisant la propagande homosexuelle devant des mineurs sont préoccupantes et risquent de soulever de nombreuses manifestations. Sans oublier qu’avec les deux attentats à la bombe survenus à Volgograden Russie les 29 et 30 décembre dernier, il y a d’importantes inquiétudes quant à la sécurité des athlètes et du personnel. Somme toute, il n’y a pas meilleur véhicule pour assurer la visibilité internationale d’un sport que par les Olympiques et il ne reste qu’à souhaiter que les Jeux d’hiver se déroulent sans trop de contraintes juridiques.