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RÉSULTATS

Les Blue Jays se cherchent

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COLLABORATION SPÉCIALE

Tous les espoirs étaient permis en début de saison pour l'équipe torontoise, non seulement de se tailler une place en séries, mais de terminer au premier rang de la fameuse division Est de l'Américaine.

Un George Springer en santé, une année d'expérience de plus pour Vladimir Guerrero fils et Bo Bichette, une fin de saison remarquable de Lourdes Gurriel en 2021, deux receveurs qui peuvent contribuer à l'attaque, l'ajout de Matt Chapman et j'en passe. Le succès de l'équipe allait passer par l'attaque.

Ensuite, un personnel de partant composé d'Alek Manoah, Kevin Gausman, Jose Berrios, Hyun Jin Ryu et Yusei Kikuchi, ainsi qu'une relève mieux équilibrée sans être une force de l'équipe.

Tout en ajoutant que les Jays allaient jouer, enfin, tous leurs matchs à Toronto et non se promener entre Buffalo et Dunedin en plus de l'ajout d'une équipe de plus en séries par ligue. Pour toutes ces raisons, j'avais prédit en mars dernier que les Jays allaient remporter le championnat de la Ligue américaine.

Actuellement, 129 matchs plus tard, les Jays seraient des séries, cependant à 8 matchs de la première place détenue par les Yankees. L'attaque fonctionne vraiment bien en se positionnant au 1er rang de la ligue pour la moyenne au bâton (,260) et le MPP (à égalité avec NYY ,751), 2e pour les points marqués (600), 2e pour les points produits (587), 3e pour les coups sûrs (1146), 4e pour les circuits (158). Il faut admettre que l'attaque a fait en bonne partie ce que l'on attendait d'elle.

Au monticule, les partants se situent au 4e rang pour les départs de qualité, la courte relève avec Jordan Romano est au 6e rang avec 35 sauvetages et, globalement, la moyenne de points mérités est de 3,92 pour le 8e rang sur les 15 équipes de la ligue. Un rendement, selon moi, qui reflète le personnel en place. De bons partants qui sont dans le premier tier de la ligue, mais une relève de milieu de manches trop ordinaire pour passer le flambeau à Romano.

Pourtant, la direction a procédé à un changement de gérant après 88 matches alors que les Jays avaient une fiche de 46-42 (,523). Vrai que le rendement était un peu en deçà des attentes, mais on semblait trouver Charlie Montoyo trop gentil. Les joueurs semblaient manquer de discipline, mais surtout très peu de créativité de la part de Montoyo à provoquer des choses lorsque l'attaque était en panne. On le remplace par John Schneider qui connait bien les jeunes joueurs de l'organisation puisqu'il était le gérant au niveau AA en 2018. Une équipe composée, entre autres, de Bichette, Guerrero Jr, Gurriel fils et Cavan Biggio.

En fait, Schneider est dans l'organisation comme instructeur depuis 2009. Un excellent choix selon moi. Âgé de 42 ans, il apporte une forme de communication plus moderne avec les joueurs. En 40 matchs jusqu'ici, Schneider et les Jays ont une fiche de 24-17 (,585). Pas facile de faire des miracles avec la même équipe, mais on sent tout de même qu'il appose tranquillement sa signature à l'équipe.

Cependant, malgré les succès de l'équipe et le changement de gérant, on a l'impression qu'il manque quelque chose. Ce quelque chose qui fait passer les bonnes équipes au niveau des équipes gagnantes. Je parle ici du désir réel de vouloir gagner à tout prix.

Au baseball, la saison de 162 matchs semble parfois interminable et les joueurs tombent dans une routine match après match et, soudainement, on se donne un peu moins sur le terrain. Ça se produit avec toutes les équipes. Les signes sont : manque de concentration, courir à 50% pensant que le joueur adverse fera le jeu, glissade peu convaincante pour éviter le retrait, demi-élan sur des comptes favorables, tenter un relai en sachant fort bien qu'il n'y a aucune chance et, surtout, s'élancer sur des tirs nettement hors de la zone des prises.

Je ne vous dis pas que ces choses-là n'arrivent jamais lorsque notre état d'esprit est à son meilleur, mais elles sont amplifiées lorsque l'équipe au complet se cherche.

On a souvent vu dans l'abri des Jays, des joueurs souriants, des gars qui ont du fun et qui, parfois, semblent pousser ça à la limite. Je n'ai personnellement aucun problème avec cette attitude. Comme mentionné, les saisons sont longues, la pression de performer est présente jour après jour, des joueurs doivent jouer blessés et connaissent des passages à vide, donc si en plus on ne peut pas avoir un peu de fun, l'aspect mental détruirait les joueurs. Il faut donc trouver cet équilibre entre plaisir, désir de gagner à tout prix et produire. Pas une recette facile, mais pas impossible non plus.

La bonne nouvelle est que les Jays ont le temps nécessaire pour se rapprocher le plus possible de cet idéal. George Springer peut jouer un rôle crucial parce qu'il a gagné. Il a passé par ces étapes. Son leadership peut changer les choses. Yogi Bera avait vu juste lorsqu'il a mentionné que le baseball était 90% mental et l'autre moitié physique. La confiance, l'état d'esprit, le désir de réussir, le plaisir d'être devant un défi de taille, tout ça n'a rien à voir avec le talent ou les habiletés. Mais il n'y a aucun doute que ça peut faire toute la différence.

Le rôle de Schneider, lors des prochaines semaines, sera donc de placer les joueurs dans le meilleur état d'esprit possible. Je suis convaincu que l'on n'a pas encore tiré le meilleur de cette équipe. Courir à 100% sur une balle frappée, glisser pour éviter le gant de l'adversaire, plonger pour saisir la balle sont tous des gestes que le joueur contrôle.

Le rôle du gérant a bien changé. En plus d'avoir un département de statistiques avancées qui exercent une grande influence sur les décisions prises, le gérant joue un rôle de psychologue-motivateur. Pas évident, pas facile, mais réalisable. Il est temps que les joueurs des Jays l'exécutent. La table est mise avec 33 matchs à jouer dont 10 contre les Orioles et 9 contre les Rays. Il n'y a pas à dire, ils ont leur destin entre les mains.

Sur le terrain, pour connaître le succès souhaité, l'attaque devra produire avec plus de constance. Trop de manches faciles pour le lanceur adverse. Un peu plus de discipline lors de présences importantes. Bo Bichette devra élever son jeu en attaque et en défense. Il a le talent, mais maintenant, ça prend des résultats.

Chez les partants, Mitch White n'a pu faire mieux que Kikuchi. Je ne veux pas mettre trop d'emphase sur le 5e partant, mais le classement étant aussi serré, le 5e partant jouera un rôle important. À la suite des derniers matchs, je me mets dans la peau du gérant et voici ce que serait mon rôle offensif :

1.       Springer 8

2.       Biggio 4

3.       Guerrero fils 3

4.       Hernandez 9

5.       Kirk FD

6.       Gurriel fils 7

7.       Chapman 5

8.       Bichette 6

9.       Jansen 2

Il reste 33 matchs afin de prouver que cette équipe a ce qu'il faut pour faire les séries. Le contraire serait une grande déception. Les Jays se cherchent encore, mais il est temps que l'attitude et le désir de gagner prennent plus de place.