Une chance que l'organisation s'apprête à célébrer son centenaire, parce qu'il n'y pas beaucoup d'autres raisons de fêter présentement chez le Canadien.

La dernière semaine de la 100e année d'existence d'une équipe jadis glorieuse ne se déroule pas exactement comme prévu. Elle a débuté avec une défaite par blanchissage contre un adversaire détesté depuis des lunes et elle s'est poursuivie, jeudi, avec un gênant revers de 6-2 contre les Sabres de Buffalo.

Oui, ils sont probablement plusieurs à souhaiter que cette année de malheur se termine au plus vite. Et si le match de vendredi contre les Bruins de Boston est la suite logique de ce que le Canadien démontre depuis quelques jours, ça risque d'être laid au Centre Bell.

Les mêmes joueurs qui avaient qualifié d'inacceptable la défaite de 3-0 subie aux mains des Maple Leafs de Toronto deux jours plus tôt n'avaient pas trop l'air intéressés à se racheter quand est venu le temps de passer de la parole aux actes. Menés par un trio à tout casser formé de Derek Roy, Jason Pominville et Jochen Hecht, les Sabres ont pris une avance de trois buts dans les neuf premières minutes du match ont n'ont jamais craint pour leur sort par la suite.

"Ça se répète à chaque match, a été forcé de constater Maxim Lapierre, empruntant l'ancien discours de son bon ami Steve Bégin. On continue à dire que c'est inacceptable, mais il faut réagir. C'est une question de travail et de passion. Le talent, tout le monde l'a, on est dans la Ligue nationale."

"C'est trop facile de jouer contre nous", s'est offusqué Josh Gorges, une phrase qui est à la mode dans le vestiaire du Canadien cette année.

"On court partout, tout le monde essaie de faire le travail des autres. Les bonnes équipes vont vous déchiqueter si vous agissez de la sorte", a poursuivi le défenseur.

Frileux et désorganisés, les visiteurs ont commencé à jouer beaucoup trop tard. Scott Gomez a mis fin à une disette de 14 matchs en marquant finalement son troisième de la saison en fin de deuxième période, puis Gorges a sauté sur un rebond juteux pour faire 4-2 et redonner espoir aux hommes en blanc en milieu de troisième.

Andrej Sekera et Mike Grier se sont toutefois arrangés pour que la logique soit respectée en répliquant avant la fin du match.

Jaroslav Halak, qui n'avait pas gardé les buts depuis le 10 novembre, doit se demander ce qu'il a fait pour mériter un effort aussi médiocre de la part de ses coéquipiers. On peut bien le blâmer d'accorder trop de retours, mais ses défenseurs ont passé la soirée à cafouiller devant lui. Le Slovaque a fait de son mieux devant les 37 lancers qu'il a reçus.

"Halak n'a pas eu d'aide des joueurs en avant de lui, a défendu Jacques Martin. Sur certains buts, les attaquants n'ont pas fait leur travail le long des bandes. On a donné des surnombres et dans ce temps-là, les défenseurs ne peuvent pas faire de miracle."

"Nous savions qu'ils allaient débuter le match en force et nous n'avons pas répondu", a simplement laissé tomber Halak, la tête basse, après la défaite, sa troisième en quatre matchs.

Beaucoup trop facile

Dès leurs premiers coups de patins, les joueurs des Sabres ont dû se douter que la soirée ne serait pas difficile.

Il n'y avait pas trois minutes d'écoulées quand Clark MacArthur est passé incognito devant Paul Mara et Roman Hamrlik pour bondir sur une rondelle dont personne ne voulait et la soulever dans le haut du filet.

Quatre minutes plus tard, le Canadien a déroulé le tapis rouge aux Sabres à l'entrée de sa zone et s'est ensuite enfargé dedans. Tyler Myers et Derek Roy ont travaillé devant le filet de Halak sans se faire toucher et ont préparé le but de Pominville.

Pour une énième fois cette saison, Jacques Martin a demandé un temps d'arrêt pour secouer ses troupes, mais le message n'a pas passé. Les paroles de l'entraîneur résonnaient encore dans l'enceinte du HSBC Arena quand Pominville a rendu la politesse à Roy en soulevant une savante passe en sa direction. C'était 3-0 pour les Sabres qui, pour reprendre l'image désormais célèbre de François Beauchemin, n'avaient même pas encore sué.

Roy et Pominville avaient de l'énergie à revendre. Le duo a failli ajouter à la marque avant la fin de la période et était animé de la même fougue à sa sortie du vestiaire.

À défaut d'obtenir des résultats, les deux joueurs ont servi d'inspiration à leurs coéquipiers. À la cinquième minute de l'engagement médian, Marc-André Bergeron a remis la rondelle à Thomas Vanek devant le filet, puis a laissé Tim Kennedy le contourner, prendre le retour et déjouer Halak pour faire 4-0.

Gomez a rendu la prestation du Canadien un peu moins gênante en marquant avant la fin de la période. Il a reçu une belle passe de Sergei Kostitsyn lors d'une descente à deux contre un avant de déjouer Ryan Miller, à qui on pardonnerait d'avoir été surpris à somnoler dans son demi-cercle.

Le Canadien a démontré un peu plus de volonté en troisième période, qu'il a dominée 15-8 au chapitre des lancers, mais ce fut insuffisant.

"Nous avons commencé à jouer comme nous en sommes capables et ça a donné des résultats, a expliqué Gorges, l'auteur du deuxième but des siens. Il faudrait faire ça dès le début du match."

Mara a décidé de se défouler en engageant le combat avec Patrick Kaleta en fin de match. Dommage, mais il était trop tard, Paul.