BROSSARD - A l'unanimité, les joueurs du Canadien ont déploré le violent coup de coude que Patrice Cormier a asséné à Mikaël Tam au cours du week-end dans un match de la LHJMQ disputé entre les Huskies de Rouyn-Noranda et les Remparts de Québec.

Marc-André Bergeron et Georges Laraque ont d'ailleurs parlé avec beaucoup d'émotions après l'entraînement du Tricolore, mardi, quand ils ont évoqué la scène qui a vu Tam s'écrouler sur la patinoire et se tordre en convulsions.

Bergeron n'a pu s'empêcher de ponctuer ses commentaires de quelques jurons. "C'est très malheureux pour (Mikaël Tam), a-t-il dit. J'ai des enfants et je peux juste imaginer que si je voyais mon enfant comme ça, sur la patinoire, ce serait tout un choc."

"C'est sûr que c'est un coup cochon, a ajouté Bergeron. C'est sans doute un geste de réflexe parce qu'il ne voulait pas se laisser contourner - je ne peux pas croire que c'était prémédité. Reste que ça n'a pas sa place."

"C'est vrai que ça peut arriver parfois. C'est comme le genou. Parfois, quand tu vois un gars qui coupe vers le centre de la glace, tu sors le genou pour l'arrêter. Dans ta tête, tu te dis qu'il ne faut pas qu'il passe. Sauf qu'à un moment donné, un coup de coude comme ça en plein visage...', a lancé Bergeron, en suspendant sa phrase et laissant échapper un sifflement dénotant sa stupéfaction"

"J'ai vu les images et j'étais incrédule. C'est l'une des pires choses que j'ai jamais vue, a quant à lui commenté Laraque, le dur à cuire du Canadien. Quand tu patines comme ça et tu vois qu'il y a une certaine intention, que le coude lève de cette façon-là, tu peux tuer quelqu'un. Ca fait peur de voir des joueurs aussi jeunes, qui ne sont même pas encore dans la Ligue nationale, qui ont tout leur avenir devant eux et qui ont des convulsions comme ça"

"Je suis content que le jeune ne soit plus à l'hôpital, a ajouté Laraque. Quand tu vois un contact du genre, tu peux seulement te croiser les doigts et espérer que le joueur visé est correct. Parce que dans les premiers instants, tu n'as aucune idée s'il restera paralysé."

Selon le colosse, il sera important que la LHJMQ impose une sanction exemplaire afin d'envoyer "un message aux jeunes qui jouent au hockey et voient ce genre de choses". Il s'est toutefois dit confiant que la direction du circuit junior québécois prendra une décision juste, même si Cormier est l'une des principales têtes d'affiche de la ligue.

"Une chose que je peux dire de Gilles Courteau, c'est qu'il a toujours bien agi quand vient le temps de donner des suspensions, peu importe le nom qu'on retrouve dans le dos du chandail, a souligné Laraque. Je suis certain qu'il rendra une décision juste. Je serais surpris qu'on le laisse jouer un autre match cette saison."

"Dans les rangs juniors, on a fait du bon travail pour être sévère dans ce genre de dossier, bien plus que dans la Ligue nationale, a avancé Laraque. Je pense qu'ils vont donner l'exemple. Il était capitaine d'Equipe Canada Junior et vous verrez, ça n'aura aucune influence sur la décision."

"Il faut que les joueurs réalisent l'impact qu'ils peuvent avoir sur les gens - que peu importe qui tu es, tu vas en subir les conséquences si tu poses des gestes comme ça."

La justice? Pas sûr

Les joueurs du CH sont toutefois moins sûrs de la nécessité de poursuivre les joueurs violents en justice pour forcer ceux-ci à modifier leur comportement. Par exemple, même si Ryan O'Byrne était d'avis que le geste de Cormier était vicieux, il estimait qu'il ne faudrait pas que tous les incidents se retrouvent nécessairement en justice. Cela mènerait à une situation aussi grave, selon lui, que s'il n'y avait jamais de sanctions à l'endroit des joueurs violents.

"Que certains cas se retrouvent devant la justice est un argument valide, a reconnu le défenseur du Canadien. Mais j'ai toujours cru que le monde du hockey devait régler lui-même ce genre de choses. C'est difficile de trancher.

"Si ç'avait été mon fils, je verrais les choses d'un autre oeil, c'est certain. Au bout du compte, c'est malheureux de voir un jeune de 19 ans, qui tente simplement de faire sa place dans le hockey, et qui n'a qu'une certaine période de temps pour le faire, d'être victime d'un tel geste", a conclu O'Byrne.

"C'est malheureux, mais je suis certain que le dossier est entre bonnes mains, a de son côté dit Jacques Martin en faisant allusion à la direction de la LHJMQ. Ils ont des gens qualifiés pour prendre les décisions appropriées."