Georges Laraque semblait avoir eu le temps de s'aérer l'esprit et de se tourner la langue sept fois, sinon plus, avant de rencontrer les journalistes en fin d'après-midi jeudi pour commenter la décision du Canadien de le congédier.

Incisif dans ses propos rapportés par le réseau TSN en début de journée, le dur-à-cuire a offert un discours beaucoup plus tempéré devant les dizaines de micros qui lui ont offert une tribune de choix pendant son séjour d'une saison et demie avec le Tricolore.

"Quand ton rôle est diminué, tu ne t'attends évidemment pas à jouer tous les matchs. Mais qu'une chose comme ça arrive du jour au lendemain, c'est une surprise, a commencé Laraque. Mes coéquipiers vont me manquer, tout comme les partisans. Même si je ne jouais pas souvent, j'ai toujours apprécié leur appui. Je le sentais chaque fois que j'embarquais sur la glace", a-t-il dit d'entrée de jeu.

Laraque a confirmé que le directeur général Bob Gainey, accompagné de son bras droit Julien BriseBois, lui avait fait part de sa décision lors d'une brève rencontre en matinée. La nouvelle l'a pris par surprise et a été accueillie de la même façon par les joueurs avec qui il partageait le vestiaire.

"Quand on m'a annoncé la nouvelle, je suis resté dans la chambre pour voir chaque joueur et leur serrer la main. Chaque gars à qui je parlais croyait à un poisson d'avril, pensait que je faisais une joke. Personne ne pensait que c'était sérieux. Ça a pris cinq ou dix minutes pour que tout le monde comprenne que c'était vrai, mais c'était bizarre comme situation. Personne ne l'a vu venir."

Toujours sur la liste de paie du Canadien, Laraque a prudemment répondu aux questions en évitant d'écorcher qui que ce soit au sein de l'organisation. Il a visiblement dû se retenir quand on lui a demandé de commenter les déclarations de son ancien patron, qui l'avait qualifié un peu plus tôt de distraction pour le reste de l'équipe.

"Je ne suis pas ici pour commenter la conférence de presse de Bob Gainey. Mais de dire que j'étais une distraction? Je me demande ce que ça veut dire. Je suis une bonne personne, j'ai toujours gardé le sourire, j'ai toujours été un bon gars d'équipe. Le Canadien ne s'est jamais gêné pour me demander de faire des choses dans la communauté et j'ai toujours accepté. Est-ce que c'est ça être une distraction? Si c'est ce qu'il pense, c'est son opinion."

Laraque a gardé la même attitude lorsqu'appelé à discuter du rôle limité qui lui était confié dans le système de l'entraîneur Jacques Martin.

"Je ne m'embarquerai pas là-dedans. Je suis toujours un membre du Canadien, alors je vais respecter leur décision. On s'en reparlera quand je ferai partie d'une autre équipe!", a-t-il lancé en s'esclaffant.

Laraque, qui consacre une grande partie de son temps à de nombreuses œuvres de charité et qui est évidemment très interpellé par le drame qui secoue Haïti, a expliqué pourquoi il avait refusé la proposition de Gainey de prendre un congé payé pour se consacrer à ses autres priorités.

"En tant qu'athlète professionnel, je suis capable de mettre des choses de côté. Jouer au hockey et ce qui se passe en Haïti, ce sont deux choses différentes. J'ai remercié Bob de son offre, mais je sais que le jeu est plus physique en deuxième moitié de saison et je voulais rester avec l'équipe. Je peux très bien vaquer à mes autres occupations dans mes temps libres."

Il serait surprenant de revoir le colosse tressé sur une patinoire de la LNH cette saison, mais celui-ci est loin d'avoir mis un trait sur sa carrière de joueur.

"L'an prochain, je serai avec une autre équipe, mais malheureusement, ce ne sera pas le Canadien. Ce sera à moi de montrer que je peux jouer un rôle dans une équipe."

"Pas de commentaire"

Les coéquipiers que Laraque laisse derrière étaient mi-figue, mi-raisin dans les heures suivant l'annonce de son départ.

"Georges, c'est Georges. Il avait cette personnalité unique et il était le même avec nous à chaque jour, a décrit Glen Metropolit. Il faut appuyer la décision de la direction. Bob Gainey et Pierre Gauthier sont des hommes intelligents."

"Souvent, il ne pouvait pas se battre parce que personne ne voulait l'affronter. Il est l'un des joueurs les plus durs de la Ligue. Maintenant, nous devons montrer que nous pouvons nous tenir en équipe", a dit Hal Gill.

"Je ne commenterai pas ce qui se passe dans le vestiaire, a sèchement exprimé Brian Gionta. Quand il faisait son travail, il le faisait très bien. C'est tout ce que je vais dire."

Jacques Martin ne s'est pas non plus confondu en explications.

"On a décidé d'aller de l'avant sans Georges. On a tourné la page, c'est une décision de hockey. On a décidé qu'on voulait aller dans une direction différente."