Si la décision rendue samedi soir au Colisée Pepsi laisse place à toutes sortes d'interprétations, le verdict de l'affrontement qui s'est déroulé 24 heures plus tard à plus de 3000 kilomètres de là, dans un amphithéâtre qui porte le même nom, n'est aucunement contestable.

Comme Jean Pascal, le Canadien a été le premier à marquer des points, mais il a laissé son vis-à-vis reprendre du poil de la bête. Déstabilisé par la vitesse d'un adversaire qu'il avait peut-être sous-estimé, le CH a donné un coup de cœur louable en fin de duel, mais ce fut trop peu, trop tard.

Pascal s'en est tiré avec une décision favorable des juges. Mais comme les zones grises sont plus rares au hockey qu'à la boxe, le Canadien n'a pu laisser son sort entre les mains d'une tierce partie. Au final, c'est le tableau indicateur qui a tranché le débat.

Avalanche 3. Montréal 2.

Déclassé en deuxième période, le Canadien a retrouvé ses jambes en troisième et a tenté à maintes reprises de porter le grand coup, mais avec un peu de chance, la jeune équipe locale a su résister.

L'occasion en or qu'attendait le Canadien est arrivée avec un peu plus de quatre minutes à faire au dernier tiers quand le défenseur recrue Kevin Shattenkirk a été envoyé au cachot pour avoir retardé la partie. Mathieu Darche et Michael Cammalleri ont frappé à la porte deux fois sans pouvoir déjouer Craig Anderson.

Anderson a ensuite commis deux bourdes qui auraient pu coûter cher à son équipe, dont la plus grave quand il a quitté son poste pour intercepter une rondelle derrière le filet. Max Pacioretty est arrivé avant lui et l'a refilée à Brian Gionta, qui a fendu l'air devant une cage béante.

Jacques Martin a ensuite retiré Carey Price pour envoyer six attaquants sur la patinoire, mais la stratégie n'a pas rapporté.

"À 5 contre 5, ils ont gagné le match, a résumé Martin. On a marqué deux buts sur le jeu de puissance, mais on n'a pas créé assez à forces égales."

"On a eu un bon push à la fin. On a fait ce qu'il fallait faire, on a envoyé la rondelle au filet, on a pris des lancers de partout. Il faut lever notre chapeau à leur gardien, il a fait de gros arrêts", a commenté Darche.

"C'est un match que nous aurions pu gagner, a jugé Price, auteur de 25 arrêts, dont quelques-uns spectaculaires aux dépens de Philippe Dupuis et Matt Duchene. Nous étions dans le coup, mais ils ont une bonne équipe solide. Nous avons dominé en troisième période, mais nous n'avons pu déjouer Anderson."

Les Glorieux ont ainsi amorcé du pied gauche leur plus long voyage de la saison, subissant du même coup une quatrième défaite à leurs cinq derniers matchs. Ils effectueront leur prochain arrêt à Dallas mardi.

Il s'agissait d'une sixième victoire de suite pour l'Avalanche, qui continue de défier les probabilités alors que plusieurs de leurs éléments clés retrouvent leur nom sur la liste des blessés.

L'attaque la plus productive de la Ligue nationale (moyenne de 3,6 buts par match avant la rencontre) aura donc eu raison de l'une des équipes les plus avares de la Ligue nationale. Ryan Wilson, Kevin Porter et T.J. Galiardi ont déjoué Carey Price.

"Sur deux de leurs buts, ils ont su profité de revirements, a fait remarqué Jacques Martin. Ils ont utilisé leur vitesse et ont pu marquer les buts décisifs."

Dans la défaite, Cammalleri a inscrit son douzième de la saison - mais seulement son quatrième sur les patinoires adverses - à mi-chemin en première période. Alexandre Picard a marqué son deuxième au début de l'engagement médian.

Le but de Picard donnait l'avance 2-1 au Canadien, mais Porter a de nouveau créé l'égalité un peu plus d'une minute plus tard en profitant d'un revirement de... Picard.

"Ce n'est pas facile revenir de l'arrière dans cette ligue, avec les systèmes qu'exécutent à la lettre les équipes, a admis Darche. On s'est peut-être écarté un peu après notre premier but et ça nous a coûté cher."