MONTRÉAL - La décision de l’Association internationale de boxe amateur (AIBA) de permettre aux boxeurs professionnels de participer aux Jeux olympiques de Rio a suscité un florilège de réactions aux quatre coins de la planète. Mais déjà, certains athlètes veulent être de la fête.

C’est le cas du Montréalais d’origine russe Artur Beterbiev, qui a demandé à son promoteur Yvon Michel de regarder la situation de près afin de lui permettre de participer au tournoi de boxe olympique - à titre de représentant du Canada ou de la Russie - pour la troisième fois.

Médaillé d’or au Championnat du monde amateur en 2009, Beterbiev avait été éliminé en huitième de finale des Jeux de Pékin en 2008 et en quarts de finale de ceux de Londres en 2012. Il n’a d’ailleurs jamais caché son désir d’ajouter une médaille d’or olympique à son palmarès.

Michel n’est pas fondamentalement contre l’idée, mais il juge néanmoins que la tâche pourrait s’annoncer titanesque si Beterbiev décide d’y aller de l’avant et de plonger dans l’aventure, lui qui disputera son prochain combat contre Ezequiel Osvaldo Maderna samedi soir au Centre Bell.

« Je ne lui recommande pas, car il faudrait qu’il se présente dans un tournoi de qualifications en Amérique du Sud au début juillet et il devrait livrer quatre ou cinq combats un mois avant les Jeux, a expliqué Michel mercredi midi. Je lui ai dit que je regarderais cela avec attention et intérêt, mais je trouve que c’est prématuré pour Rio, mais pas du tout pour les autres Jeux. »

Il est quand même étonnant qu’un promoteur qui investit des sommes colossales pour permettre à ses boxeurs de gravir les échelons de la boxe professionnelle accepte que ses protégés participent à une compétition qui ne sera pas monnayable dans l’immédiat. Bref, le jeu en vaut-il réellement la chandelle pour ces athlètes qui ne possèdent aucune garantie?

« La récompense va avec le risque, analyse Michel. L’AIBA m’a déjà contacté pour savoir si nous avions l’intention d’inscrire Artur aux Jeux. L’AIBA rêve déjà d’une rencontre au sommet avec le Cubain Julio Cesar la Cruz Peraza, (médaillé d’or aux trois derniers Championnats du monde).

« Les gars accepteront d’aller aux Jeux pour l’honneur, comme cela se passe présentement dans les autres sports. Une médaille de bronze pourrait valoir autant qu’une d’or actuellement sur les plans de la visibilité et des retombées financières. Le mouvement olympique veut que les meilleurs athlètes participent aux Jeux et qu’ils aient la chance d’aller chercher une médaille. »

Michel rejette également du revers de la main l’argument voulant que les boxeurs amateurs ne soient pas en mesure de rivaliser avec les professionnels. Le promoteur Lou DiBella s’est moqué de la décision de l’AIBA en suggérant sur Twitter que les pros affronteraient des enfants.

« Les boxeurs amateurs sont des professionnels de la boxe amateur et ils peuvent battre n’importe qui sur trois rounds, réplique-t-il. Il y a de nombreux professionnels qui pourraient avoir de mauvaises surprises. Il ne faut pas oublier que les boxeurs qui vont aux Jeux disputent des sprints de 3 rounds à 4 ou 5 reprises en l’espace de 10 jours. Et ils doivent faire le poids! »

Hypothétiquement, Michel croit que la présence des professionnels aux Jeux pourrait aider à nettoyer le sport, qui a récemment été éclaboussé par des cas de dopage. En même temps, l’AIBA est loin d’être un exemple à suivre, car aucun test antidopage n’a été effectué en marge des compétitions de l’association l’année dernière, ce qui ne respecte pas le code de l’Agence mondiale antidopage, rapportait le quotidien britannique The Telegraph plus tôt cette semaine.