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RÉSULTATS

L'avenir de Groupe Yvon Michel à court et moyen terme repose sur les épaules de Kim Clavel

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Quand Groupe Yvon Michel (GYM) a annoncé l'été dernier que Kim Clavel affronterait Jessica Nery Plata dans un combat d'unification des poids mi-mouches à la Place Bell, l'organisation comptait à ce moment-là trois champions du monde : Clavel, Marie-Ève Dicaire et Oscar Rivas.

Un peu plus de quatre mois plus tard, alors que Clavel s'apprête finalement à se mesurer à Plata ce vendredi soir, la Québécoise est maintenant la seule détentrice d'un titre mondial chez GYM. En effet, Dicaire s'est inclinée dans un duel d'unification face à Natasha Jonas en novembre, tandis que Rivas a récemment été dépouillé de son titre en raison d'un décollement de la rétine.

Il ne s'agit toutefois pas d'une première pour Yvon Michel, dont l'organisation a vécu plusieurs tempêtes depuis sa création en 2004. Des doutes sur la pérennité de l'entreprise avaient été soulevés il y a une dizaine d'années après la fin du règne de Jean Pascal, mais la conquête du titre des mi-lourds du WBC d'Adonis Stevenson avait finalement permis de relancer la machine.

« Les organisations comme les nôtres sont souvent tributaires d'un athlète, mais nous sommes choyés avec Kim, a indiqué le promoteur en marge de la dernière conférence de presse faisant la promotion du combat entre Clavel et Nery Plata. Oscar a connu une bonne carrière et nous ne savons pas s'il va remonter sur le ring. Le WBC l'a nommé champion “in recess”, ce qui signifie que s'il décide de remonter dans le ring, le champion va être obligé de lui donner un combat. Marie-Ève n'a pas encore décidé ce qu'elle voulait faire, mais c'est un atout pour l'organisation.

« Nous avons été capables de nous renouveler tout le temps depuis le début et nous allons faire la même chose. Il y a dans ce groupe de jeunes boxeurs (en action en sous-carte de Clavel, NDRL) de futurs champions du monde et avec Kim, nous sommes convaincus que nous allons avoir une aventure de plusieurs années qui va permettre aux autres boxeurs de se développer. »

Reste que l'avenir à court ainsi qu'à moyen terme repose résolument sur les épaules de Clavel et qu'une défaite vendredi compliquerait grandement la suite des choses. Cela dit, le promoteur se permet quand même de rêver à une grande soirée pendant laquelle Clavel aurait l'occasion de mettre la main sur toutes les ceintures de sa catégorie en décembre prochain au Centre Bell.

« C'est mon travail de penser deux ou trois coups à l'avance et nous sommes déjà en discussions pour une adversaire le 21 avril si [Kim] l'emporte, a révélé Michel. Si elle ne l'emporte pas, ça va également être le 21 avril, mais davantage dans un combat de retour pour la remettre en selle.

« Dans les faits, il pourrait s'agir d'une année extrêmement chargée avec trois autres combats les 21 avril et 22 septembre à la Place Bell et le 8 décembre au Centre Bell. Nous avons toujours pour objectif d'avoir les quatre ceintures [chez les mi-mouches] avant la fin de l'année 2023. »

C'est donc pour cette raison que le promoteur n'a jamais insisté pour que Clavel monte sur le ring le 1er décembre dernier, même si elle était grandement affaiblie par l'influenza. Il savait pertinemment que Clavel avait énormément à perdre en ne repoussant pas l'affrontement.

« Ç'a toujours été ma philosophie en général. Pour moi, ce n'était pas un drame de remettre le combat du 1er décembre, a expliqué Michel. Je me souviens d'Éric Lucas contre Danny Green (en décembre 2003, NDLR). Éric s'était blessé à l'entraînement public et il avait essayé de passer au travers de ça. Les médecins nous avaient dit qu'en prenant ça et ça, ça irait peut-être mieux, mais il a finalement dû abandonner après quelques rounds (six, NDLR). À partir de ce moment-là, je me suis juré que je n'allais plus jamais accepter qu'un de mes boxeurs combatte diminué.

« La situation peut devenir dramatique lorsque tu ne reportes pas le combat et que ton athlète ne peut pas obtenir justice et obtenir la performance qu'il mérite. C'est sûr que financièrement ce n'est pas le fun, mais c'était ridicule d'imaginer que Kim pouvait se battre à ce moment-là. »

« Les expériences du passé ont peut-être fait en sorte que tout le monde est encore plus à l'écoute devant ce genre de situation, a reconnu Clavel en entrevue. Danielle [Bouchard] et Stéphan [Larouche] (son entraîneuse et son conseiller, NDLR) m'ont toujours dit qu'ils ne me laisseraient jamais monter dans le ring si je n'étais pas en pleine possession de mes capacités. »

Larouche est effectivement bien placé pour comprendre ce genre de situation. C'est lui qui était l'entraîneur de Lucas lors du combat contre Green et de Lucian Bute lorsque ce dernier a croisé le fer avec Carl Froch malgré une ampoule à un pied. Il ne souhaitait pas que l'histoire se répète.

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Les difficultés qu'éprouvent les promoteurs de boxe à vendre leurs billets ne sont évidemment pas un phénomène nouveau, mais Yvon Michel a reconnu mardi qu'il doit « travailler plus fort » pour convaincre les amateurs à venir assister à ses galas comme celui de vendredi à la Place Bell.

« C'est difficile, a lâché le promoteur. Je me souviens d'un temps où nous organisions des événements de la série “Rapides et dangereux” et s'il n'y avait pas 3000 personnes, nous nous demandions ce qui se passait. Un combat de championnat du monde, c'était minimum 7000-8000 personnes et il était aussi possible de dépasser les 10 000 personnes assez facilement.

« Ce que nous avons réalisé, c'est ce que si nous nous adressons seulement aux fans du sport, nous touchons un nombre limité de gens. Il faut que nos champions deviennent des célébrités. C'est ce que Stéphane Ouellet, Éric Lucas, Lucian Bute ainsi que Jean Pascal ont réussi à faire, mais pas Adonis Stevenson pour toutes sortes de raisons même si c'était un grand champion.

« Nous sommes convaincus que Kim Clavel sera la prochaine [à attirer les foules]. Nous avons vendu 1700 billets au Stade IGA [en août 2021] et vendredi, ça devrait être le double. Nous espérons 6000 à son prochain combat et 10 000 pour celui en décembre au Centre Bell. Ce sont des plans, mais nous croyons que Kim a toutes les qualités requises pour se rendre jusque-là. »