Oleksandr Usyk : un combat pour l'Ukraine
Le poids lourds Oleksandr Usyk a mis en avant l'héritage cosaque de l'Ukraine avant son combat pour conserver son titre mondial face au Britannique Anthony Joshua, dont la carrière sera menacée en cas de défaite samedi à Jeddah.
Soutenu par des millions d'Ukrainiens aux vies bouleversées par la guerre, favori des parieurs, Usyk met en jeu en Arabie saoudite ses ceintures de champion du monde des poids lourds WBA, IBF et WBO, conquises il y a un an à Londres contre Joshua, 32 ans. Une victoire acquise aux points, sur décision unanime.
L'immense Joshua (1,98 m contre 1,91 m pour Usyk), ancien champion olympique poids lourds aux 24 victoires et deux défaites en professionnel, est depuis quelques mois entraîné par le renommé Robert Garcia afin de développer un style plus agressif.
Lors de la pesée des deux boxeurs vendredi, Joshua a affiché 10 kilos de plus que son adversaire sur la balance (110,9 kilos pour Joshua contre 100,5 kilos pour Usyk).
Ces chiffres sont similiaires à ceux de leur combat de Londres de l'an passé, contredisant les rumeurs d'une prise de masse de l'Ukrainien afin de contrer son adversaire.
Usyk, 35 ans, a semblé plus serein que son adversaire durant la conférence d'avant-match mercredi. Revêtu d'un costume traditionnel, le crâne rasé à l'exception d'une mèche à la mode cosaque, il a entonné un chant patriotique ukrainien devant la presse du monde entier.
Le combat sera exceptionnellement diffusé gratuitement en Ukraine. Une motivation supplémentaire pour Usyk, qui a servi comme volontaire dans l'armée ukrainienne en février avant d'accepter une revanche.
Le promoteur Alexander Krassyuk a souligné l'énorme soutien des Ukrainiens pour Usyk: « il a été en contact avec des militaires de haut rang, il a visité des hôpitaux et rencontré des soldats blessés. À chaque fois on lui a dit de disputer cette revanche. Les gens veulent qu'il se batte ».
Lors de la conférence de presse, Usyk a poursuivi son spectacle par une épreuve de dextérité, jetant en l'air quatre pièces de monnaie posées sur sa main et les rattrapant une à une avant qu'elles ne touchent le sol.
« On dirait un cyborg »
La préparation du gaucher ukrainien n'a pas été moins spectaculaire: il a pédalé 100 kilomètres par 45 degrés Celsius, nagé pendant cinq heures d'affilée, et est resté en apnée pendant 4 minutes et 45 secondes jusqu'au bord de l'évanouissement, a affirmé son manager Egis Klimas.
« On dirait un cyborg. Il a vécu l'enfer au camp d'entraînement ces trois derniers mois » a témoigné le promoteur Alexander Krassyuk à propos d'Usyk, à la carrière brillante en amateur et invaincu en 19 combats professionnels.
Joshua est resté discret sur sa stratégie, mais on s'attend à ce qu'il tente d'imposer son physique et son allonge face à un adversaire plus petit que lui et dont la vitesse et la variété des coups l'avaient dérouté en septembre dernier.
Le Britannique a rejeté les rumeurs sur une éventuelle retraite en cas de défaite, mais a reconnu qu'il ne pourrait pas se permettre un troisième échec dans sa carrière.
« Je dois obligatoirement gagner. La préparation a été difficile, mais j'aime la pression », a déclaré Joshua.
L'Arabie saoudite a déjà souri au natif de Watford, lors de sa revanche contre le Mexicain Andy Ruiz Junior en décembre 2019. Ce dernier l'avait battu par K.-O. technique quelques mois auparavant, pour la première défaite du Britannique dans sa carrière professionnelle.
Une inconnue du combat est la prise de poids d'Usyk, ancien champion du monde unifié des lourds-légers, qui aurait gagné 15 kilos de muscle, lui donnant plus de puissance mais créant le risque de réduire sa vitesse, un atout majeur lors du premier combat.