Marie-Ève Dicaire ne voit pas d'intérêt à affronter sa première aspirante Mary Spencer
Depuis que Mary Spencer a été nommée première aspirante au titre des poids super-mi-moyens de l'IBF, un affrontement contre la championne Marie-Ève Dicaire semble désormais inévitable.
Spencer, qui a participé aux Jeux olympiques de Londres en 2012 où elle avait été éliminée en quart de finale et qui a été sacrée trois fois championne du monde chez les mi-moyennes et les moyennes dans les rangs amateurs, est déjà vue largement favorite par plusieurs observateurs.
Il faut dire que Spencer a connu un impressionnant début de carrière chez les professionnelles en remportant quatre de ses six combats avant la limite, dont le dernier en 1:56 contre Chris Namus, celle-là même que Dicaire avait battue pour devenir championne en décembre 2018.
Eye of the Tiger Management l'a mise sous contrat en mars plus tôt cette année et l'Ontarienne, qui vit maintenant à Montréal, s'entraîne sous la supervision de l'ancien boxeur Ian MacKillop. Dès lors, plusieurs ont soupçonné que Dicaire prendrait tous les moyens pour éviter Spencer.
« C'est un exploit de s'être rendue là en si peu de combats : Spencer et Eye of the Tiger Management ont vraiment bien fait leur travail. Je m'attendais à avoir une cible dans le dos à partir de ce moment-là, a expliqué Dicaire en entrevue téléphonique avec RDS.ca jeudi midi.
« Il y en a qui disent que j'ai peur [de Spencer] mais sans rien lui enlever, j'ai affronté Claressa Shields – une double championne olympique qui est ensuite devenue championne unifiée chez les super-moyennes, les moyennes et les super-mi-moyennes. Je l'ai fait chez elle à Flint, l'une des villes les plus dangereuses aux États-Unis, en pleine pandémie sans pouvoir compter sur tous les membres de mon équipe et encore moins sur ceux de ma famille dans les gradins. »
Pour savoir où Dicaire s'en va, il faut minimalement comprendre d'où elle vient. Depuis ses débuts professionnels en novembre 2015, elle a enchaîné les combats et avant que la pandémie ne frappe, il s'écoulait en moyenne trois mois entre chacune de ses sorties. Un rythme d'enfer.
Les trois dernières années ont aussi été marquées par une certaine désillusion par rapport à son sport en raison de nombreux reports et annulation. Après que le projet d'un duel en Colombie en juin eut avorté, elle a pris la décision de ne plus mettre tous ses œufs dans le même panier.
« Mon équipe et moi prenons les décisions ensemble et c'est mon entourage au gymnase qui m'a d'ailleurs encouragé d'accepter l'offre d'aller faire de la radio pendant l'été. Ils ont ajusté leur horaire pour que je puisse continuer à m'entraîner. Ça marche, ça n'a jamais aussi bien été!
« Mais d'être continuellement à l'entraînement comme c'était le cas depuis de nombreuses années, ce n'est pas évident pour la vie familiale. Ma mère, mon copain, ma famille et mes amies ont toujours été là... sauf que c'est la première fois que je peux vraiment passer du temps de qualité avec tout le monde, sans avoir à me casser la tête pour savoir quand je dois rentrer. »
Dicaire ne cache pas que sa décision d'accepter un contrat estival à la radio en est une d'après-carrière, mais avoue qu'elle rêve d'un dernier grand exploit, après être devenue la première championne du monde de l'histoire de la boxe québécoise : devenir championne unifiée. C'est ce qu'elle martèle depuis longtemps et ce n'est pas Mary Spencer qui va la faire changer d'idée.
« Au point où j'en suis rendue dans ma carrière, je ne vois pas l'intérêt de l'affronter, à moins qu'elle aille chercher une ceinture, a conclu Dicaire. Ce n'est pas parce que les choses bougent en dessous de moi que je vais changer mes objectifs. Il y en a qui serait piquée à leur orgueil [à l'idée de se faire défier par une aspirante] mais ce n'est pas mon cas. Je n'ai rien à prouver. »
« Quand je me suis battue contre [Cynthia] Lozano en décembre dernier, je savais que je devais le faire pour remettre la main sur une ceinture. Mais des défenses de titre, j'en ai fait plusieurs. Ça fait longtemps que j'aurais dû boxer pour la ceinture du WBC ou celle de la WBO, mais ce n'est toujours pas arrivé. Mon dernier objectif, c'est vraiment de devenir championne unifiée. »
Hier, le promoteur Yvon Michel a confirmé en entrevue à RDS.ca que Dicaire allait éventuellement devoir un combat à Spencer si jamais elle remportait un combat d'unification, mais il est à se demander si elle ne décidera pas plutôt d'accrocher ses gants après être parvenue à ses fins.