Éric Lucas c. Markus Beyer : Un vol qui marque encore les esprits après 20 ans
Il y a 20 ans jour pour jour, Éric Lucas s'inclinait par décision partagée et perdait son titre des super-moyens contre Markus Beyer, à Leipzig, en Allemagne.
Ce verdict qui a été qualifié par plusieurs de vol a marqué les Québécois et amateurs de boxe. Le temps guérit les blessures, mais Lucas ressent encore un petit pincement au coeur en pensant à cette triste soirée.
« C'est certain que c'est toujours triste de voir ça parce qu'on travaille tellement fort comme athlète pour devenir champion du monde. Se faire voler le titre de cette façon, c'est dur. Encore aujourd'hui après 20 ans, quand je le revois, je sais que j‘ai gagné ce combat. Le revoir aujourd'hui, ça me rappelle des mauvais souvenirs, mais je suis passé à autre chose », a relaté Lucas en entrevue à l'émission Le 5 à 7 mercredi.
L'entraîneur Stéphan Larouche avait déclaré après le duel qu'il aurait eu honte si Éric Lucas s'était battu comme Beyer l'a fait.
« Beyer a fait le minimum pour ne pas se faire toucher et se faire knocker », explique Lucas. « Le fait qu'il s'en sorte avec la victoire était une très grande surprise. Si on avait été dans le trouble, mon coin m'aurait brassé avant la fin du 11e round. On m'aurait dit que je suis en retard et d'en mettre un peu plus. À aucun moment dans le combat on était stressé ou on pensait qu'on était en arrière dans le combat. Ç'a été une déception.
« Je me sentais très bien avant le combat et en confiance. J'avais eu un bon camp d'entraînement et une bonne préparation. J'étais prêt pour le combat. Je savais qu'en allant en Allemagne, ce serait difficile du côté des juges si on avait un combat serré, mais j'ai fait mon travail, j'ai été l'agresseur tout le long et j'ai mis de la pression. »
Malgré le choc évident, Lucas affirme qu'il a été en mesure de se remettre sur pied rapidement.
« De la façon que je suis fait, ç'a passé assez vite. Je ne pouvais rien y changer après, la décision était rendue. Mais la plus grande déception dans tout ça, c'était de ne pas avoir eu de combat revanche. C'est ma plus grosse déception. On aurait mérité ça vu que la décision a été si controversée. On a essayé d'en discuter avec eux, mais ça n'a jamais marché. Un coup qu'ils avaient la ceinture, ils ne voulaient plus rien savoir de nous.
Lucas a participé à huit combats de championnat et il en a remporté quatre, mais cet affrontement contre Beyer reste malheureusement celui dont on lui parle encore le plus souvent.
« Quand on me parle de ce combat, on m'en parle positivement parce que pour les gens aussi, j'avais gagné. Par contre, mon knock-out contre Glenn Catley avait été absolument spectaculaire, c'était toute une victoire. Ensuite, à ma défense obligatoire contre Dingaan Thobela et Omar Sheika, c'était de gros combats aussi. Mes quatre victoires en championnat étaient belles, mais on les a un peu oubliées et c'est un peu triste. Cependant, je comprends que le combat contre Beyer ait marqué l'imaginaire, mais j'aimerais aussi me faire parler de mon knock-out contre Catley », dit Lucas en riant.
Pour conclure sur une note positive, Lucas est ravi de voir que la boxe au Québec est en santé.
« On a eu de très belles années, que ce soit grâce aux Jean Pascal, Kim Clavel, Marie-Ève Dicaire et cie. Présentement c'est un peu plus difficile, puisque seul Artur Beterbiev est champion, mais la boxe est en santé. On a vu de la belle boxe et il y a encore beaucoup de potentiel ici. On a des organisations de grand calibre pour les supporter également. »