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RÉSULTATS

Kim Clavel s'incline par décision unanime des juges contre Jessica Nery Plata

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LAVAL, Qc – La mise en scène était parfaite. Accompagnée de Lucian Bute, Kim Clavel avait effectué sa marche vers le ring au son de « Where The Streets Have No Name », le classique de U2 qui résonnait avant chacun des combats de l'ancien champion des poids super-moyens de l'IBF.

Comme si la passation des pouvoirs entre les générations était officiellement cautionnée par la dernière grande vedette populaire que ce sport avait connue ici. Un passage du témoin à celle qui avait réussi à raviver une flamme qui s'éteignait petit à petit depuis quelques années déjà.

À preuve, ils étaient 4126 amateurs de toutes les sphères de la société à s'être entassés à la Place Bell de Laval, vendredi soir, pour voir la détentrice de la ceinture des mi-mouches du WBC tenter de marquer l'histoire en devenant la première championne unifiée du pugilat québécois.

Mais la réalité a brutalement rattrapé un peu tout le monde, puisque Clavel se réveillera samedi matin sans titre après qu'elle se soit inclinée par décision unanime des juges contre la Mexicaine Jessica Nery Plata en finale de l'événement « Irrésistible II » de Groupe Yvon Michel (GYM). Les 10 rounds ont beau avoir été très chaudement disputés, le verdict a été quant à lui implacable.

Les juges ont favorisé la championne de la WBA 97-93, 97-93 et 96-94 et même si seulement 2 des 10 assauts – le 3e et le 6e – ont été remportés à l'unanimité, le sentiment général était que la décision rendue était la bonne. « Je sentais que c'était vraiment serré et j'espérais une nulle, mais je savais que j'avais perdu par un round ou deux », a reconnu Clavel entre deux sanglots.

« C'était un combat compliqué et aller jusqu'au huitième, nous n'étions pas dans une situation de désespoir. Avec de gros neuvième et dixième, nous y croyions, a continué son entraîneuse Danielle Bouchard. Kim a perdu honorablement. Tout le monde devra se poser des questions. »

La jeune femme âgée de 32 ans rêvait de célébrer son éventuel triomphe avec son équipe qui l'accompagne au quotidien depuis près de 4 mois déjà en raison du report du combat qui devait originalement avoir lieu le 1er décembre, mais qui avait été reporté au 13 janvier après que Clavel eut contracté l'influenza 2 jours seulement avant d'en venir aux coups avec Nery Plata.

« Je voulais être victorieuse et aller prendre une bière, mais je vais plutôt rentrer chez nous et me mettre de la glace, a déploré une Clavel dont le visage tuméfié témoignait à lui seul du genre de soirée difficile qu'elle venait de passer en raison de l'efficacité du jab de sa rivale. J'ai boxé avec mon cœur et mes tripes, mais peut-être un peu trop. Je sais que je suis capable de mieux. »

Cela dit, Clavel a connu d'excellents moments en début de combat, notamment lors des deux premiers rounds en parvenant à gagner les échanges qu'elle avait avec Nery Plata. Sauf que la Mexicaine n'a jamais paniqué et a réussi à renverser la vapeur au troisième round en continuant de pistonner son jab qu'elle doublait avec un crochet de gauche. Une arme restée sans réponse.

« C'était différent ce que j'avais vu avec [Yesenia] Gomez (sa dernière adversaire, NDLR) mais je m'y attendais. J'aurais pu être plus alerte en défense, mais je n'ai pas livré la marchandise. Il faut dire qu'elle avait une position de boxe très, très spéciale : elle ne pliait jamais les genoux. »

« J'ai senti qu'elle n'avait pas de solution pour mon jab, avait précédemment expliqué Nery Plata dont le visage affichait le sourire radieux de la victoire. Je savais dès le départ que je n'aurais éventuellement pas le choix d'appuyer pour atteindre mon objectif d'unifier les titres. »

Clavel n'a certainement pas démérité en appliquant une pression constante sur Nery Plata, mais cette dernière a souvent tiré son épingle du jeu en étant diablement précise en contre-attaque.

« Nery Plata a livré la meilleure performance de sa carrière, comme Kim avait livré sa meilleure performance contre Gomez pour devenir championne, a analysé le promoteur Yvon Michel. Elle était peut-être largement négligée des preneurs aux livres, sauf que j'ai vu au cours des derniers mois à quel point Nery Plata est organisée. Elle qui est en contrôle de tout dans son équipe. »

Même si Michel se retrouve aujourd'hui sans champion alors que son organisation en comptait trois – Clavel, Marie-Ève Dicaire et Oscar Rivas – pas plus tard qu'en novembre dernier, il a foi en l'avenir. « Kim a démontré que c'est une fille de finale, a dit le promoteur. Quand j'ai commencé ma carrière, jamais j'aurais imaginé attirer plus de 4000 personnes avec des filles de 108 livres.

« Je n'ai pas perdu ma confiance en Kim. Elle doit seulement réaliser que la défaite de ce soir, ce n'est pas la fin. Je me sens exactement comme je me sentais après le duel entre Jean Pascal et Carl Froch. Jean avait prouvé qu'en se regroupant, il avait les ressources pour devenir champion. Avec Kim, nous passons au plan B. Je suis certain qu'elle est encore capable d'attirer les gens. »

« Il faut juste que je prenne une pause, effectue un pas en arrière et je vais revenir, a promis Clavel. J'ai connu de l'adversité, ça fait mal au cœur, mais j'ai une équipe derrière moi. J'y crois toujours... j'ai besoin de décanter. Savannah Marshall, Mikaela Mayer et Marlen Esparza sont toutes revenues après des défaites. Je suis une fille de cette trempe-là. Je vais passer à travers. »

En demi-finale, Mazlum Akdeniz (18-0) n'a eu absolument aucun mal à défendre sa ceinture continentale des Amériques des super-légers du WBC en envoyant le Mexicain Cristian Bielma (19-5-2) trois fois au tapis avant de l'emporter par décision unanime (100-87, 100-87 et 100-87).

Le gaucher s'est amusé aux dépens de son adversaire en lui faisant visiter durement le plancher aux troisième, cinquième et septième rounds. Le Mexicain a d'ailleurs péniblement regagné son coin après sa troisième et dernière chute que plusieurs s'imaginaient qu'il jetterait l'éponge.

Bielma a étonnamment fini le combat sur ses pieds, mais n'a toutefois pas offert une grande opposition, alors qu'Akdeniz cherchait désespérément à enregistrer une victoire par knock-out. « J'ai vraiment tout essayé, mais je n'ai pas réussi, a lancé le Montréalais après sa victoire. Cela dit, tout a quand même bien été. Mon adversaire n'est jamais parvenu à me faire mal ce soir. »