Joshua contre Dubois au Stade Wembley, un succès assuré!

COLLBABORATION SPÉCIALE

C'est une fin de semaine fertile en événements intéressants dans le monde de la boxe. Ça débute en trombe dès vendredi, Top Rank présente un combat très intrigant entre le Québécois Erik Bazinyan (32-0-1, 23 K.-O.) et le populaire Tijuanense Jaime Munguia (43-1, 34 K.-O.) qui vont tenter tous les deux de renouer avec la victoire.

Bazinyan a dû se contenter d'un verdict nul contre Shakeel Phinn à sa dernière sortie au Casino de Montréal en mai dernier alors que Munguia a quand même fait amende honorable contre le grand champion Canelo Alvarez au gala « Cinco de Mayo » à Las Vegas.

Le lendemain, c'est le retour d'un boxeur que j'apprécie particulièrement et qui fait vibrer le Québec depuis 19 ans maintenant :  Jean Pascal (36-7-1, 20 K.-O.). Ce dernier affrontera l'invaincu de Longueuil Terry Osias (13-0, 6 K.-O.) au Colisée de Laval. Terry lui aussi transporte une belle histoire de survivant.

Vous pouvez suivre l'excellente couverture de ces deux combats qui sera assurée par les journalistes chevronnés du Réseau des Sports et c'est certain que je vais me brancher pour ne rien manquer de l'action.

Dans cette chronique, je vais plutôt vous entretenir sur ce qui va retenir l'attention mondiale samedi après-midi.  Le championnat du monde IBF des lourds entre deux Britanniques, le champion Daniel Dubois (21-2, 20 K.-O.) et l'ex-champion Anthony Joshua (28-3, 25 K.-O.).

On a finalement vendu les 96 000 billets disponibles, un record d'assistance à la fois au Stade Wembley, pour tout genre d'événements, mais également pour un programme de boxe présenté en Europe.

On est quand même loin du record absolu alors qu'on a rassemblé 135 132 spectateurs le 16 août 1941 dans le Juneau Park à Milwaukee, au Wisconsin, alors que Tony Zale (67-18-2, 45 K.-O.) trois fois champion du monde des moyens, passait le K.-O. à Billy Pryor (26-18-6, 5 K.-O.) au 9e round.

À noter que l'admission était gratuite. Ce fut la seule fois qu'on présentera de la boxe au Juneau Park situé près des berges du Lac Michigan. Pas d'estrades, pas de chaises, les gens se sont entassés autour du ring dans le grand parc en forme d'entonnoir.

Cependant, dans un amphithéâtre avec admission tarifée, le record d'assistance est 132 274 spectateurs au Stade Aztèque de Mexico City le 20 février 1993, alors que Julio Cesar Chavez (104-6-2, 85 K.-O.) prend la mesure de Greg Haugen (39-10-1, 10 K.O.) pour retenir sa ceinture WBC des super légers. C'était une promotion de Don King.

C'est impressionnant de réunir toutes ces foules autour de combats de boxe professionnels et depuis une dizaine d'années, c'est en Grande Bretagne qu'on réussit le mieux. L'arrivée d'Anthony Joshua en 2013, après avoir raflé la médaille d'or olympique chez les super lourds devant ses concitoyens, a fait rejaillir très fort la passion des insulaires.

Les promoteurs américains regardent la situation d'un œil différent. Le dernier combat de Saul Alvarez au T-Mobile de Las Vegas, contre Edgar Berlanga, a généré des recettes aux guichets de plus de 22 millions avec les 20 312 spectateurs présents. On ajoute aussi les 500 000 ventes à la télé à la carte à 89$ par résidence pour des revenus supplémentaires de 45 millions, juste aux États-Unis.

Cette somme dépasse largement les recettes générées par les 96 000 spectateurs à Wembley en fin de semaine et je parle évidemment de l'argent collecté aux guichets.

Si Anthony Joshua est le poids lourd le plus populaire au monde, le boxeur qui est le plus adulé sur terre, qui génère le plus de revenus, combat après combat, c'est le Mexicain Canelo Alvarez, qui n'a aucune compétition dans le domaine.

Cependant, on ne battra jamais le record étable par Floyd Mayweather fils (50-0, 27 K.-O.) contre Manny Pacquiao (68-8-2, 39 K.-O.) le 2 mai 2015. Imaginez-vous on a généré une recette à la billetterie de 72 millions pour les 16 800 places disponibles au MGM Grand Arena, une moyenne incroyable de 4300$ du billet! Il y a des gens qui ont payé plus de 100 000$ pour un billet ringside!

J'ai eu le privilège d'y être invité par Al Haymon. J'étais dans les estrades, un peu de biais au ring, environ dans la dixième rangée et les gens autour de moi avaient payé leurs billets 15 000$ chacun.

Avant de pénétrer dans l'amphithéâtre, on m'a offert 20 000$ pour mon billet ce que j'ai évidemment refusé, mais c'est juste pour démontrer la folie des billets à ce moment.

Le lendemain, je prenais l'avion pour revenir à Montréal, mais on a été retardé de 5 heures parce que l'aéroport devait faire décoller plus de 1000 jets privés de l'aéroport de Las Vegas.

Je me suis un peu écarté, revenons au combat de Joshua contre Dubois à Londres samedi après-midi.

De tous les galas de la Série Riyad Saison, c'est celui qui va générer le plus de revenus et qui aura le moins besoin de subventions financières de l'organisation General Authority d'Arabie Saoudite.

Le prix demandé pour l'achat de visionnement numérique est de 19,99$, une véritable aubaine.

Daniel « Dynamite » Dubois était le jeune poids lourds préféré de feu mon ami Jean-Paul Chartrand. J'avoue avoir eu beaucoup moins d'enthousiasme que mon compère quant à son potentiel.

J'ai vraiment cru qu'il avait clairement montré ses limites contre Joe Joyce en novembre 2020. Incapable d'éviter les nombreux jab de Joyce, il s'inclina par K.-O, au 10e round, la cavité de son œil fracturée.

Après des victoires contre des adversaires choisis, il se fait déclassé, puis terrassé au neuvième en combat de championnat du monde contre Oleksandr Usyk en août 2023. Il était tout de même parvenu à faire chuter le champion au 5e round avec un coup sous la ceinture selon l'arbitre Luis Pabon.

C'est par la suite que le jeune boxeur de 27 ans a démontré beaucoup de caractère et d'étoffe.

Dans ses deux combats contre Jarrell Miller et surtout contre Filip Hrgovic, qui devait être le chef de file de la nouvelle génération de champions boxeurs, il a su surmonter des moments difficiles pour s'ajuster et obtenir des knockouts percutants ne laissant plus aucun doute sur son caractère et sa détermination.

Dubois est un véritable dur qui ne craint pas la circulation dense et il frappe comme une mule des deux mains. A priori, je ne lui donnais pas beaucoup d'espoir de conserver son titre mondial, cadeau d'Oleksandr Usyk et de l'IBF, qu'il a gagné sans remporter de victoires sur le ring comme Ken Norton en 1977. Ce dernier a déjà été champion du monde WBC, cadeau de Muhammad Ali et du WBC, sans jamais avoir remporté un combat de championnat du monde sur le ring.

Est-ce que Dubois va faire un Ken Norton de lui?

Cependant, c'est en regardant le parcours de Joshua que j'ai eu des ambiguïtés.

On s'accorde pour dire que Joshua n'était plus le même après sa défaite aux mains d'Andy Ruiz lors de son seul combat aux États-Unis en juin 2019, par arrêt de l'arbitre montréalais Mike Griffin au 7e round.

La carrière du champion olympique était sur les rails avec des victoires concluantes sur Wladimir Klitschko pour unifier les titres des lourds, suivis par un sans faille contre le champion WBO Joseph Parker et finalement ce T.K.-O. au 7e contre un autre champion olympique, Alexander Povetkin.

Le combat contre Andy Ruiz au mystique Madison Square Garden devait propulser Joshua au niveau des plus grandes vedettes de sports toute disciplines confondues. Après avoir conquis la Grande Bretagne et toute l'Europe, on voulait lui faire conquérir l'Amérique comme les Beatles dans les années 60.

À la place, c'est un Joshua brisé et incertain en ses habiletés qui remporté le combat revanche, à Diriyah en Arabie Saoudite, six mois plus tard, en boxant de reculons sur la pointe des pieds. Dans le langage du milieu, on dit gun-shy, c'est-à-dire craintif de se faire faire mal.

S'en suivirent toutes les remises en question, les changements d'entraineurs, les deux défaites contre Oleksandr Usyk. Il n'a pas mal boxé contre Usyk, mais on avait l'impression qu'il ne savait plus comment gagner.

Le grand Londonien semble avoir repris de sa superbe sous la main ferme de son entraineur Ben Davidson, lors de ses deux derniers combats contre Otto Wallin et Francis Ngannou.

Ces deux derniers adversaires en ont donné plein les bras à Tyson Fury qu'ils ont poussé à la limite, 12 rounds pour le Suédois et 10 contre le Français.

Joshua les a pulvérisés tous les deux, en 5 rounds contre le premier et au 2e contre le second.  Alors, on s'est mis à croire en la résurrection, la multiplication des pains et l'eau transformé en vin. Joshua étant le messie.

Turki Alalshikh, le grand argentier saoudien, a même déjà annoncé que Joshua serait opposé à Fury au printemps 2025, même si ce dernier devait perdre une 2e fois contre Usyk.

À en juger par ses dernières performances, Joshua devrait s'amuser samedi et amener son jeune adversaire à l'école. Mais on a peut-être une perception faussée parce que finalement Wallin et Ngannou ont subi des défaites que Fury aurait dû leur infliger et il n'y a rien dans leur parcours qui suggère qu'ils étaient des aspirants légitimes.

De l'autre côté, on se dit que si Dubois mange des droites au visages à la même fréquence que celles que Hrgovic lui a assené, il ne tiendra pas longtemps sur ses jambes. Mais si Dubois résiste et qu'il réussit à rejoindre la mâchoire de Joshua, est-ce qu'il peut l'ébranler et lui faire perdre ses moyens comme Ruiz a fait de ce côté-ci de l'Atlantique?

Alors, comme disait le fameux promoteur de boxe, Tex Rickard, du Madison Square Garden de New York dans les années 1960, on connait les deux boxeurs. On ne s'entend pas qui va gagner, alors on a un grand combat!

Selon Mise-O-Jeu, c'est une cote 1,20 si on mise pour Joshua, c'est-à-dire pour un pari de 2$ on retire 2,55$ s'il l'emporte. Pour Dubois, c'est 4,0 de cote. Alors un 2$ rapporte 8.50$ pour sa victoire.

De mon côté, je vais me mouiller. J'ai tendance à avantager les boxeurs qui ont fait leurs marques chez les amateurs, aux Olympiques surtout. De plus, techniquement, Joshua est de beaucoup supérieur alors que Dubois est plus brouillon.

J'y vais pour une victoire par K.-O. de Joshua vers le 8e round, mais si j'avais à parier, je risquerais mon 2$ sur Dubois pour l'excitation du jeu parce que la perspective de gagner 55 cents sur l'autre n'est pas très incitative.

Bonne fin de semaine de boxe et bonne semaine!