Le boxeur Francisco Leal est décédé mardi dernier à la suite de blessures contractées le 9 octobre 2013 lors d’un combat contre Raul Hilares. Certes, ce triste évènement suscite une importante réflexion sur les blessures liées à la pratique d’un sport. Comme la boxe est un sport dangereux, elle se doit d’être régie par une réglementation stricte. Néanmoins, dans le cadre d’un combat de boxe, des fautes peuvent être commises.

D’un point de vue civil, une partie ne peut engager sa responsabilité que s’il existe une faute, un dommage et un lien de causalité. La norme en l’espèce est de déterminer si le geste posé est fautif, à savoir s’il s’agit d’une action imprudente ou négligente eu égard aux circonstances.

Ceci étant, l’adversaire au combat n’est pas le seul qui pourrait être blâmé, car une blessure sportive peut aussi résulter d’une faute commise par l'entraîneur, les officiels de match, les superviseurs, les propriétaires de l’arène ou les dirigeants. Bien entendu, tous ces acteurs doivent agir avec une diligence raisonnable et pour obtenir une indemnisation, il faudra justifier un manquement de leur part.

En défense, l’acteur fautif devra démontrer qu'il a honoré ses obligations en comparant sa conduite à celle qu’aurait adoptée un acteur raisonnable dans de pareilles circonstances. Par exemple, un dirigeant pourrait être tenu responsable de ne pas avoir fourni les soins médicaux nécessaires ou encore en raison du retard à fournir une assistance médicale lorsqu’un boxeur se blesse.

Cela dit, la théorie de l’acceptation du risque doit être considérée en ce que l'athlète qui s’adonne à la boxe doit le faire en considérant les risques inhérents à sa pratique. Ainsi, la connaissance des conséquences préjudiciables possibles reliées à la boxe peut permettre une exonération de responsabilité, mais n'interdit pas pour autant les réclamations en réparation du préjudice.

D’un point de vue criminel, c'est le consentement des participants et les règles de jeu qui justifient la violence qui se produit pendant un combat de boxe. Or, le consentement de la victime ne suffit pas toujours à écarter une accusation pour voies de fait ou agression.

Évidemment, dans un match de boxe, les participants ont une intention manifeste d’utiliser la force et par conséquent, ils y consentent. Or, ce consentement n’est valide que si l'utilisation intentionnelle de la force respecte les règles traditionnelles du jeu. De plus, la boxe a généralement une portée sociale positive en ce qu’elle est perçue comme un sport contrôlé et non comme une simple bagarre de rue [i].

Ainsi, un participant qui accepte au préalable de se livrer à des combats « pour créer un produit culturel socialement valable [ii]» peut difficilement alléguer son absence de consentement. Pour qu’il y ait infraction, le geste de l’accusé doit être accompagné de l’intention d’utiliser la force au-delà du seuil permis. En conséquence, une infraction n’est pas perpétrée lorsque l’accusé a agi de manière involontaire. La nature de l'acte, le degré de force utilisé et l'état d'esprit des participants sont tous des éléments pertinents pour déterminer si les actions de l'accusé ont été menées en violation délibérée des règles du jeu et en l’absence de consentement. 

Certes, il est vrai que les boxeurs acceptent de se battre en toute connaissance de cause, mais sont-ils prêts à accepter n’importe quel risque? Bien que dans le cas de Leal aucune poursuite n’ait été déposée à ce jour, il est impossible de rester indifférent lorsqu’un boxeur perd la vie au combat.

[i] R. c. Jobidon, [1991] 2 R.C.S. 714
[ii] Id.