La fin des boxeurs mexicains en sous-carte des galas de boxe au Québec? Pas si vite...
MONTRÉAL – La décision du Gouvernement du Canada de modifier les exigences d'autorisation de voyage électronique (AVE) et de visa de visiteur pour les citoyens mexicains à compter du 29 février a pris de court tous les intervenants qui gravitent dans le monde de la boxe québécoise.
Depuis deux semaines, les Mexicains ont de nouveau l'obligation d'avoir un visa pour entrer sur le territoire canadien, comme c'était jadis le cas de 2009 jusqu'à décembre 2016, dans l'objectif de freiner la hausse importante du nombre de demandeurs d'asile en provenance du Mexique.
Les promoteurs Eye of the Tiger Management et Groupe Yvon Michel (GYM) ont donc été forcés d'effectuer des changements en vue de leurs événements présentés les 7 et 14 mars au Cabaret du Casino de Montréal. Chez GYM, c'est 4 des 5 duels prévus à l'horaire qui ont été chamboulés.
La tête d'affiche de la soirée, Mathieu Germain, affrontera finalement le Slovaque Zsolt Osadan au lieu du Mexicain Jesus Antonio Rubio, tandis que Derek Pomerleau, Kevin Menoche ainsi que Theothilus Owusu se mesureront à des adversaires originaires de la Tchéquie. Seule Caroline Veyre s'en tient au plan initial : elle croisera le fer avec l'Argentine Agustina Marisa Belen Rojas.
« C'est un mal pour un bien, a relativisé la vice-présidente exécutive de GYM, Alexandra Croft, en marge de la pesée officielle organisée mercredi midi au Casino de Montréal. [La présence de boxeurs mexicains sur nos cartes] est un enjeu dont nous discutions depuis très longtemps déjà.
« C'est qu'avec l'inflation, un billet d'avion qui coûtait 1500 $ en coûte maintenant 2000 $ ou 2200 $. Il faut savoir que les Mexicains ne peuvent également plus transiter par les États-Unis comme un voyageur [possédant un passeport] canadien peut toujours le faire. Il n'est plus possible de diminuer les coûts des billets en faisant une ou bien deux escales en sol américain. »
S'il est déjà acquis que GYM se tournera encore vers l'Amérique du Sud et le Vieux Continent pour meubler les sous-cartes de ses galas du 4 avril et du 16 mai, qui auront également lieu au Casino, il ne faut pas non plus s'imaginer qu'il en sera toujours ainsi à moyen et à long terme.
Le Mexique demeurera toujours la pépinière de cette industrie. Le pays compte en effet 3324 boxeurs professionnels actifs d'après le site spécialisé BoxRec, contre 191 pour le Canada. Chez les femmes, le Mexique totalise 352 boxeuses actives comparativement à 34 pour le Canada.
« Les agents mexicains avec qui je fais affaire font énormément d'argent [avec l'organisation de combats] alors c'est évident qu'ils vont finir par trouver une solution, a expliqué le matchmaker de GYM, Vincent Morin, en entrevue à RDS.ca. Par contre, tant que le délai de quatre à six semaines pour l'obtention d'un visa n'aura pas été testé, tout cela demeurera très théorique. »
« En attendant, c'est certain que nous allons nous tourner vers l'Amérique du Sud et l'Europe. Mais c'est loin d'être simple avec les boxeurs européens, car ils exigent de meilleures bourses que les boxeurs mexicains et la faiblesse du dollar canadien ne nous aident évidemment pas. Et pour ce qui est des États-Unis, cela sera toujours très, très compliqué. Les dossiers médicaux ne sont pas toujours à jour et les athlètes ne sont pas toujours assurés, ce qui ajoute aux coûts. Aussi, nous ne savons pas toujours s'ils sont en mesure de traverser la frontière en raison d'antécédents judiciaires », a poursuivi Morin, qui demeure dans la grande région de Boston.
Sur le plancher des vaches, les boxeurs touchés par ces changements de dernière minute ne semblaient pas particulièrement dérangés par la situation. « C'est mon 27e combat chez les professionnels et j'ai beaucoup d'expérience dans les rangs amateurs. Je me suis toujours vu comme un caméléon en mesure de m'adapter à toutes les situations », a mentionné Germain.
« C'est certain qu'il a fallu changer l'angle d'attaque – je passe d'un grand droitier à un petit gaucher – mais l'objectif demeure le même : aller chercher la victoire », a ajouté celui qui est classé 10e aspirant à la ceinture des poids super-légers de l'IBF détenue par Subriel Mathias.
« Ça n'a pas changé grand-chose à ma préparation, a conclu Pomerleau. J'ai deux-trois tour dans mon chapeau et j'ai bien l'intention de lui montrer qui est le meilleur gaucher entre nous deux! En ayant mon prochain combat dans 3 semaines et le suivant le 16 mai, je savais qu'il pourrait y avoir des changements. La boxe est un sport imprévisible et il faut juste toujours rester prêt. »