Est-ce qu’un combat doit nécessairement être une bataille de tous les instants pour marquer les esprits? Évidemment non, surtout s’il offre une trame narrative qui le distingue des autres.

C’est précisément ce que le duel entre Terence Crawford et Yuriorkis Gamboa a proposé, et même si ce choix ne fera pas l’unanimité, il s’agit du combat de l’année en 2014 selon le RDS.ca.

Le choc présenté en juin à Omaha au Nebraska est loin d’être un blockbuster où les scènes de poursuite succèdent aux explosions à un rythme effréné. Il doit davantage être perçu comme un film d’auteur dans lequel la prestation du personnage principal donne tout son sens à l’œuvre.

Au départ, Crawford défendait pour la première fois son titre des poids légers de la WBO acquis à la suite de sa victoire sur Ricky Burns par décision unanime en mars à Glasgow en Écosse.

Il s’agissait également du premier combat de championnat présenté à Omaha en 42 ans, alors que le champion incontesté des lourds « Smokin’ » Joe Frazier y avait affronté Ron Stander.

Les célébrations ont cependant rapidement laissé place à l’inquiétude en début de duel, puisque la vitesse supérieure de Gamboa lui a permis d’enlever trois des quatre premiers rounds. Son efficacité en contre-attaque a notamment fait payer chèrement chaque initiative de Crawford.

Mais une décision prise par le champion au cours du troisième round, mais dont les résultats concrets ne pourront être constatés qu’un peu plus tard, a changé le cours de l’histoire. Crawford a en effet décidé de tourner gaucher, ce qui a considérablement embêté l’aspirant.

Gamboa a visité le plancher quatre fois pendant le combat et une première fois au cinquième round après avoir été atteint par une droite de Crawford. Au cours de ce seul round, 78 pour cent (18 en 23) des coups en puissance du favori de la foule ont touché la cible. Incroyable.

Cela dit, le Cubain ne s’est jamais découragé, si bien que les deux boxeurs se livreront quelques parties de main chaude dans les rounds suivants, dont une spectaculaire à la fin du huitième. En substance, Gamboa a ralenti, ce qui a évidemment donné la chance à Crawford de s’ajuster.

À la suite d’une autre partie de main chaude au début du neuvième, l’aspirant a réalisé un coup d’éclat en parvenant à ébranler le champion. Sauf que ce dernier a résisté pour ensuite rendre la pareille à son adversaire. Une superbe gauche a ainsi envoyé Gamboa au tapis avant qu’un uppercut de la droite au menton ne l’achève pour de bon quelques instants seulement plus tard.

Malgré tout, il est tout à fait légitime de prétendre que le combat Crawford-Gamboa n’est pas celui de l’année. Reste que la prestation de Crawford était exceptionnelle et les moments d’une rare intensité du duel ne les rendent que plus forts. Un combat charnière dans une carrière.

Autres combats dignes de mention

Daniel Rosas contre Rodriguo Guerrero : Encore une fois, il faut remercier la magie des Internet d’avoir permis de découvrir ce petit bijou présenté début février au Mexique.

Des coups, des coups et encore des coups avec en prime une certaine surprise, étant donné que Rosas était encore invaincu et que Guerrero revenait d’une défaite en combat de championnat.

Guerrero s’est rapidement imposé en envoyant Rosas au plancher dès le premier round et malgré une coupure à l’œil droit, ce dernier n’a pas tardé à répliquer. Tout a déboulé au septième lorsque le saignement est devenu incontrôlable et que Rosas ne se défendait plus.

Tommy Coyle contre Daniel Brizuela : Comme c’est le cas pour nombre de combats présentés de l’autre côté de l’Atlantique, c’est après les faits que les amateurs en attendent parler.

Le duel entre Coyle et Brizuela ne fait pas exception, d’autant plus que le onzième round a été choisi round de l’année par RDS.ca. En résumé, chaque boxeur a visité le plancher quatre fois, tandis que Coyle a perdu deux points et Brizuela un pour avoir donné un coup bas.

Le combat n’offre pas de l’action comme les autres dignes de mention présentés dans ce palmarès, mais c’est d’abord et avant tout ses situations exceptionnelles qui le rendent unique. Et pour ceux qui se le demandent, Coyle l’a emporté par arrêt de l’arbitre au douzième.

Lucas Matthysse contre John Molina : Chaque combat de Matthysse est maintenant devenu un événement et celui contre Molina disputé en avril n’y a pas échappé. Battu par Danny Garcia à sa précédente sortie, il se mesure à un gatekeepper possédant beaucoup de puissance.

Un peu comme Crawford contre Gamboa, Matthysse a connu des débuts extrêmement chaotiques en visitant le plancher aux deuxième et cinquième rounds en plus de subir une coupure au-dessus de l’œil droit à la suite d’un coup de tête accidentel au troisième.

Mais l’Argentin a su renverser la vapeur en expédiant Molina au tapis aux huitième, dixième et onzième, l’arbitre arrêtant finalement le combat parce que l’Américain n’en pouvait plus. Les deux boxeurs ont amplement mérité chacun des 200 000 $ qu’ils ont reçus ce soir-là.

Francisco Rodriguez fils contre Katsunari Takayama : Les combats d’unifications sont extrêmement rares chez les pailles et extrêmement rares tout court diront les cyniques.

Qu’à cela ne tienne, Rodriguez et Takayama ont offert un spectacle haut en couleur du premier au dernier round en août. Les coups ont plu et les deux boxeurs se sont continuellement échangé le rôle d’agresseur. Il n’y a eu qu’une visite au tapis, celle de Takayama au troisième.

Rodriguez l’a éventuellement emporté par décision unanime (119-108, 116-111 et 115-112), mais le pointage aurait pu être beaucoup plus serré. Le Mexicain a déjà abandonné ses ceintures, tandis que Takayama a déjà un autre combat d’unification prévu mercredi.

Orlando Salido contre Terdsak Kokietgym : Passé chez les super-plumes après avoir perdu sa ceinture chez les plumes sur le pèse-personne avant son combat contre Vasyl Lomachenko, Salido retrouve un adversaire qui a déjà eu ses chances, mais qui n’a jamais été champion.

Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences, Salido en a eu plein les bras en début de combats en visitant le plancher trois fois lors des cinq premiers rounds. Kokietgym y est aussi allé trois fois, mais lors des sept premiers et une ultime fois au onzième après avoir reçu un uppercut de la gauche au menton. Salido est ainsi devenu champion intérimaire de la WBO.

Pour donner une bonne idée de l’intensité, Kokietgym s’est littéralement lancé sur Salido dès que le son de la cloche annonçant le début du combat s’est fait entendre. Fidèle à son habitude, Salido n’a pas lésiné sur les coups salauds, dont un clairement sous la ceinture, qui lui a permis d’enregistrer sa première chute au tapis au deuxième round. Malgré tout, une belle bagarre.