MONTRÉAL - Si ce n’était pas de l’accent, on jurerait que le combat de championnat pour le titre vacant des moyens de l’IBF entre David Lemieux et Hassan N’Dam en est un à saveur locale.

Le boxeur français d’origine camerounaise et son entraîneur Mustapha Ouicher se sont en effet attaqués avec véhémence au clan québécois, jeudi midi, pendant la dernière conférence de presse faisant la promotion du duel qui sera présenté samedi soir au Centre Bell.

Absent de l’entraînement public tenu mardi, l’entraîneur a rattrapé le temps perdu en déclarant que son protégé et lui ont l’intention « de prendre (leur) revanche sur tout le monde ».

Ouicher n’a toujours pas digéré la bourse de 51 000 $ US que recevra N’Dam contre plusieurs centaines de milliers de dollars pour Lemieux. Il qualifie le tout de « honte pour la boxe ».

« La bourse, c’est une page noire, mais elle ne nous empêchera pas de terminer le livre, a imagé Ouicher. Nous voyons le combat contre Lemieux comme une bonne préparation en vue d’un affrontement face à Gennady Golovkin, quoique ce dernier possède un meilleur jeu défensif. »

« Je ne veux pas laisser cette opportunité passer et je monnaierai le titre plus tard, a ajouté N’Dam. Je considère le combat de samedi comme une fête. J’ai l’intention de me le farcir! »

« Je ne pars pas du Centre Bell sans le titre »

Même si le promoteur de N’Dam est à blâmer en raison de son absence à la mise aux enchères pour l’obtention des droits du combat, le boxeur et son entraîneur ont réitéré que le gérant de Lemieux Camille Estephan et son promoteur Oscar De La Hoya sont de mauvaise foi.

« C’est un immense manque de respect pour les boxeurs, a martelé N’Dam. Je ne pense pas que De La Hoya et (son associé chez Golden Boy Promotions) Bernard Hopkins aient déjà disputé un combat de championnat du monde pour cette somme. »

« On nous loge et on nous donne 45 $ pour les trois repas et cela m’a coûté 31 $ seulement pour déjeuner. Nous devons encore sortir de l’argent de notre poche, a déploré Ouicher. Alors quand nous vous disons que nous ne sommes pas là pour l’argent, nous sommes très sérieux. »

L’entraîneur n’a également pas pu s’empêcher de se moquer des adversaires que Lemieux a affrontés depuis ses défaites aux dépens de Marco Antonio Rubio et Joachim Alcine en 2011. Les récentes victoires sur Fernando Guerrero et Gabriel Rosado ne seraient que pure fumisterie.

« Guerrero et Rosado sont des boxeurs usés, a analysé Ouicher. Rosado a livré de durs combats contre Peter Quillin et Golovkin, mais il s’est quand même jeté sur Lemieux. Il lui suffisait de prendre une frappe et c’était terminé. En plus, Lemieux ne lui a même pas passé le knock-out.

« Je joue aux courses depuis 50 ans et un cheval qui gagne un grand classique, il a gagné des courses préparatoires avant le jour J. C’est comme si on avait toujours donné à Lemieux des pierres de 80 kilos et il se retrouvera avec une de 150 kilos samedi. Il sera tout perdu! »

Sans surprise, Lemieux a semblé amusé par les remarques désobligeantes du clan adverse, mais son entraîneur Marc Ramsay n’a pas pu s’empêcher de lancer au moins une pointe, en demandant si le vrai N’Dam allait se présenter sur le ring après qu’il se soit précédemment une fois de plus comparé à Muhammad Ali, Sugar Ray Leonard et Floyd Mayweather fils.

« C’était plaisant, a répondu Lemieux. L’objectif, c’est de rester focus pour la pesée de demain et de ne laisser aucune place aux distractions. Tout ce qu’il peut dire n’a aucune importance. »

« Je n’avais vraiment pas l’intention de faire de vague, car je trouve que N’Dam est un bon boxeur, a reconnu Ramsay. Cela n’a jamais été mon style, mais je n’aime pas du tout cela quand l’autre équipe s’attaque à mon boxeur. Alors oui, j’ai un tout petit peu dévié du plan initial! »

Deux boxeurs remplis de confiance

Celui qui ne laisse jamais rien au hasard pendant la préparation de ses boxeurs était d’ailleurs très heureux que N’Dam et Ouicher remettent encore en question le parcours de son poulain.

« J’aurais été beaucoup plus inquiet s’ils n’en avaient pas parlé, a avoué Ramsay. Généralement, c’est un signe de nervosité. Quand l’autre équipe est modeste, c’est plus problématique.

« J’aurais pu aller là-dedans et demander s’il allait laver le tapis six fois comme il l’a fait lors de sa seule véritable présence en combat de championnat du monde. Mais cela n’amène rien. Quand je vois des gens d’expérience le faire, cela m’indique un manque de contrôle. »

Ramsay reconnaît toutefois que Lemieux ne s’est jamais mesuré à un adversaire du style de N’Dam depuis le début de sa carrière. Sauf qu’il fait aussi remarquer que son boxeur a eu plusieurs semaines pour se préparer et qu’il n’y aurait pas d’excuse s’il devait s’incliner.