Lennox Lewis, le dernier vrai champion unifié des poids lourds
Le nom de l'ancien champion du monde des lourds, Lennox Lewis (41-2-1, 32 K.-O.) revient souvent en surface au fur et à mesure qu'on approche du combat d'unification des lourds entre le champion WBC Tyson Fury (34-0-1, 24 K.-O.) et celui de la WBA, IBF et WBO Oleksandr Usyk (21-0, 14 K.-O.), du 18 mai prochain en Arabie Saoudite.
La raison est que le résident de Toronto est considéré comme le dernier champion du monde unifié des lourds. Il a réussi l'exploit en 1999 à Las Vegas contre Evander Holyfield (44-10-2, 29 K.-O.) par décision unanime. L'Américain était champion IBF et WBA et l'Anglais détenait le titre WBC.
Mais il manquait la ceinture WBO vous direz? En 1997 le titre mondial WBO était considéré un titre mineur et il n'était pas retenu dans l'équation quand il était question d'unification. Henry Akinwande (50-4-1, 30 K.-O.) était champion WBO en 1997, avec 2 défenses réussies, avant d'affronter Lennox Lewis pour sa ceinture WBC. Il n'a jamais été question d'unification et Akinwande, qui était l'aspirant #1 WBC, a dû abandonner la WBO pour tenter d'obtenir la ceinture verte.
Lewis a facilement remporté le combat par disqualification au 5e round devant une foule de 2000 spectateurs dans la salle de bal du Caesars Tahoe à Stateline au Nevada. Après avoir perdu les 4 premiers rounds, Akinwande a été pénalisé pour retenir excessivement. Aujourd'hui, on considère que cette victoire permet à Lewis d'être reconnu champion unifié et incontesté.
Lewis est né en Londres en Angleterre de parents jamaïcains. Sa mère déménage à Kitchener en Ontario quand il a 12 ans et c'est là qu'il a commencé à boxer.
Il a remporté l'or aux Jeux du Canada à Jonquière en 1983, contre le québécois Claude Courchesne en finale. Il est devenu champion du monde junior en République dominicaine la même année. J'étais alors l'entraîneur de cette équipe canadienne qui avait inscrit une formation de 11 boxeurs, dont 2 Québécois, Howard Grant et Marc Ménard, qui ont tous les deux remporté le bronze. Grant, en demi-finale devait s'incliner contre l'Américain Meldrick Taylor qui remporta l'or à Los Angeles aux JO de 1984 et connaîtra par la suite une brillante carrière professionnelle et de nombreuses conquêtes de titres mondiaux.
Entre 1983 et 1988, j'ai eu le privilège de diriger Lewis à de nombreux tournois internationaux.
Lewis a remporté l'or, pour le Canada, aux Jeux olympiques de Séoul en 1988. C'était sa deuxième participation à ces Jeux étant éliminé par l'éventuel médaillé d'or, l'américain Tyrell Biggs, en quart de finale à Los Angeles en 1984. En Corée Lewis n'était pas le favori. C'était le champion du monde en titre l'Allemand Ulli Kaden qui avait la cote. Il revendiquait d'ailleurs une victoire sur le représentant canadien l'année précédente.
Le tirage au sort opposait Lewis à Kaden en quart de finale. On s'était dit « shit », ce sera vraisemblablement la finale avant la finale et le perdant n'aura même pas de médailles. Quand le combat a commencé, j'étais au téléphone à donner une entrevue en direct avec Joël Le Bigot à la radio de Radio-Canada, du Jamil Gymnasium à Séoul où se déroulait le tournoi olympique.
Lewis se lance sur son adversaire sans respect et l'envoie au plancher dès les premiers instants. Oubliant que je suis en entrevue je me mets à jubiler et à crier de joie avant de me rendre compte de la situation. Je reprends mes esprits en me confondant en excuses, mais Le Bigot me dit non non continuez de nous décrire ce que vous voyez s'il vous plaît!
Rien n'arrêtera Lewis qui remportera l'or éliminant tous ses rivaux avant la limite des 3 rounds, dont l'américain Riddick Bowe en finale, pour donner la première médaille d'or en boxe pour le Canada depuis Horace Gwynne aux Jeux de Los Angeles en 1932.
Il aurait souhaité et il aurait dû entreprendre une carrière professionnelle au Canada, mais à son grand désarroi personne ne lui a fait de proposition. À cette époque, au Canada, il n'y avait pas de GYM, d'InterBox ou d'Eye of the Tiger Management avec la vision, les connaissances et les ressources pour développer ce genre de boxeurs. Arturo Gatti quittera le Canada pour faire carrière aux États-Unis pour les mêmes raisons l'année suivante.
Ce n'est 10 mois après les JO, en juin 1989, qu'il a fait ses débuts pros, en Angleterre où un groupe d'hommes d'affaires a réuni les fonds requis pour l'encadrer.
Il y a eu deux tentatives d'intéresser le public canadien à sa carrière, 2 événements organisés à Kitchener en décembre 1989 et en juillet 1990. Deux belles victoires pour lui par K.-O., mais peu d'intérêt populaire. Il ne reviendra plus combattre au Canada.
Lewis évoluera surtout en Grande-Bretagne en début de carrière en 1989 jusqu'en 1995, mais majoritairement aux États-Unis par la suite jusqu'à sa retraite en 2003. Il a connu ses meilleurs succès avec le grand entraîneur du Kronk GYM de Détroit, Emanuel Steward.
Sa fiche en combats de championnats du monde est 15-2-1, 10 K.-O.. Il a vengé ses deux défaites ainsi que son match nul. Ses victoires les plus significatives ont été obtenues contre de futurs membres du Panthéon de la boxe international, Evander Holyfield, Mike Tyson et Vitali Klitschko.
Quand il s'est retiré en 2003 il venait de défendre son titre WBC des lourds, par K.-O. technique au 6e round, contre un jeune loup, Vitali Klitschko, qui connaîtra par la suite un long règne comme champion du monde. C'est donc alors qu'il était champion du monde, au sommet, qu'il s'est retiré.
Il a été intronisé à Canastota, New York, avec les plus grands en 2009. Il est considéré comme l'un des 10 meilleurs boxeurs poids lourds de toute l'histoire de la boxe. Il habite maintenant à Toronto avec sa famille et est toujours très actif dans le monde de la télévision et des médias. Intelligent, sérieux, amateur d'échecs, quand il a pris sa retraite on a dit de lui qu'il serait parmi les rares grands champions à terminer ses jours plus riches que lorsqu'il a accroché les gants.
Un week-end de Pâques fort chargé et intéressant
Vendredi Estrada contre Valle et Valdez contre Wilson
Ce week-end de Pâques sera très fertile en combats de boxe significatifs et très intéressants, les amateurs de bonne boxe sont privilégiés.
Ça commence ce vendredi sur ESPN, du Desert Diamond Arena à Glendale en Arizona alors qu'on assiste à une unification des 4 ceintures majeures chez les femmes quand la brillante Américaine Seniesa Estrada (25-0, 9 K.-O.) défend ses ceintures WBC et WBC contre la championne IBF et WBO des poids minimums (105 livres) la charmante et solide Costaricaine Yokasta Valle (30-2, 9 K.-O.).
Estrada est habile, intense et intelligente sur le ring, la protégée de Bob Arum n'a jamais subi la défaite et revendique des victoires impressionnantes autant chez les minimums, les mi-mouches et les mouches dont sur l'actuelle championne unifiée des 112 livres Marlen Esparza (14-1, 1 K.-O.)
Le parcours de la boxeuse de Golden Boy est également très spectaculaire. C'est par son style de bagarreuse acharnée qu'elle a pris la mesure d'Evelin Bermudez (19-1-1, 6 K.-O.) pour lui ravir ses titres IBF et WBO des mi-mouches pour immédiatement les abandonner et conserver ses titres des minimums.
Tous les ingrédients d'un grand combat y sont présents, c'est Top Rank contre Golden Boy, Bob Arum contre Oscar De La Hoya, 2 grandes championnes éprouvées qui ont du caractère et qui se battent sans compromis. Ma prédiction, une décision très serrée pour Estrada qui me semble être avantagée par son ring IQ.
Valdez c. Wilson
L'ancien double champion du monde des plumes WBO et super plumes WBC et olympien Oscar Valdez (31-2, 23 K.-O.) tente de rebondir après 2 défaites contre de grands champions Shakur Stevenson (21-0, 10 K.-O.) et Emanuel Navarrete (38-1-1, 31 K.-O.) en affrontant l'Australien Liam Wilson (13-2, 7 K.-O.) pour le titre WBO intérimaire des 130 livres.
On fait une fleur à Valdez pour services rendus et il ne devrait pas avoir trop de difficulté, un TKO autour du 7e round ici.
Samedi les débuts de Prime Video en boxe avec Premier Boxing Champions
Tszyu c. Fundora
Samedi c'est le début d'une nouvelle alliance pour PBC alors que le fils du grand Kostya Tszyu (31-2, 25 K.-O.), Tim Tszyu (24-0, 17 K.-O.) va tenter d'imposer son prénom contre la « Tour Infernale » de 6'6'' Sebastian Fundora (20-1-1, 13 K.-O.) du T-Mobile Arena à Las Vegas.
En principe ça devrait être une victoire, mais dans un combat rempli d'intrigues parce que ce n'est jamais simple de combattre un adversaire d'un pied plus grand et 10 pouces de plus de portée. Fundora malgré sa taille, son tempérament est de se bagarrer et d'échanger coup pour coup et il produit des combats spectaculaires qui exige de bonnes capacités d'adaptation pour ses adversaires.
Avant même le combat, on voit très loin pour Tszyu et on parle déjà de ses prochains adversaires, de sa possible consécration contre Terence Crawford (40-0, 31 K.-O.) ou Errol Spence Jr (28-1, 22 K.-O.). J'ai vu évoluer l'Australien à plusieurs reprises et si j'admets qu'il a du potentiel et qu'il s'améliore, mais il n'est pas rendu là et vraiment on est loin du grand Terrence Crawford!
On devrait s'assurer que le fils de Kostya soit à son meilleur en évitant les distractions contre Fundora, pour laisser la meilleure impression possible dans sa victoire par TKO au 10e.
Romero c. Cruz
Sur cette carte on n'a pas parlé beaucoup de combat pour le titre WBA des super-légers entre l'américain Rolando Romero (15-1, 13 K.-O.) et le mexicain Isaac Cruz (25-2-1, 17 K.-O.). C'est le genre de combat qui va voler le spectacle qu'il ne faut absolument pas manquer. Je vois Cruz détrôner Romero dans un combat intense, offensif et spectaculaire vers le 8e.
Un beau dimanche de Pâques au O2 Arena de Londres Frazer Clarke/Fabio Wardley
Il n'existe pas de meilleurs marchés pour la boxe professionnelle ailleurs qu'en Grande-Bretagne, et ce depuis quelques années déjà. Depuis la fin 2023 on présente de grands galas de boxe prestigieux au Moyen-Orient, mais c'est par une infusion massive d'argent provenant des recettes du pétrole qu'on peut se payer tous ces grands combats à Riyad.
Le président de Matchroom Eddie Hearn, tout en s'assurant de ne pas froisser ses éminences arabes a quand même manifesté des craintes sur les ponctions importantes des meilleurs boxeurs et combats britanniques aux profits de ces super Galas organisés par Turki Alalshikh. On ne sait pas si les méga vedettes anglaises comme Anthony Joshua et Tyson Fury auront éventuellement un intérêt à revenir performer chez eux, dans leur pays natal, après avoir touché des dizaines de millions pour leurs combats.
Mais le combat de dimanche de Pâques au fameux O2 Arena de Londres entre les jeunes poids lourds locaux Frazer Clarke (8-0, 6 K.-O.) et Fabio Warley (17-0, 16 K.-O.) doit être rassurant sur la qualité de la relève locale et l'intérêt populaire.
Ce sera devant un amphithéâtre plein à capacité en direct sur Sky Sports au Royaume-Uni et sur NBC Peacock aux États-Unis que sera présenté ce championnat de Grande-Bretagne et du Commonwealth des poids lourds.
Clarke, 32 ans, médaillé de bronze aux JO de Tokyo est le favori contre Wardley, 28 ans qui a appris sa boxe chez les pros. Dans ce genre de combats, il faut favoriser celui qu'a une plus grande expérience qualitative chez les amateurs. Clark par décision.
Nomination à la RACJ
La RACJ vient de finalement nommer Jean Gauthier pour remplacer l'excellent Michel Hamelin, qui a déjà quitté depuis plusieurs années, au poste de responsable des sports de combat. Une très bonne nouvelle pour le monde de la boxe au Québec.
Jean Gauthier, résident montréalais et avocat de formation, est impliqué avec la régie comme juge de boxe professionnelle depuis 2009 où il a officié dans plus de 500 combats.