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Les combats d'Alain Bonnamie

Alain Bonnamie Alain Bonnamie - Tirée de Facebook
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« Dans un voyage, ce n'est pas la destination qui compte mais toujours le chemin parcouru et les détours », écrivait le réalisateur et écrivain français Philippe Pollet-Villard dans Mondial Nomade

À première vue, ces mots semblent taillés sur mesure pour Alain Bonnamie, dont la biographie « Ma vie est un combat » est publiée aujourd'hui aux Éditions Sylvain Harvey. De ses débuts en karaté jusqu'à son passage en boxe professionnelle en passant par le kickboxing, il a vécu son lot d'expériences et de tragédies qui portent à croire qu'elles ont forgé l'homme qui l'est devenu.

Mais puisque Bonnamie a toujours entretenu une sorte de relation amour-haine avec la boxe – le sport qui l'a rendu célèbre – il ne se souciait guère des moyens pour arriver à ses fins. « Il faut avoir des objectifs, se donner des buts [dans la vie]. Que ce soit un diplôme universitaire ou n'importe quoi d'autre, il faut avoir à travailler fort », explique Bonnamie en entrevue à RDS.ca.

Au fil des 199 pages écrites en collaboration avec l'auteur Luc Bertrand, Bonnamie revisite un parcours qui s'échelonne de 1964 – année de sa naissance – à 2014 – année où il a reçu son diagnostic de la maladie de Parkinson. Évidemment, ses 33 combats de boxe professionnelle disputés de 1988 à 2004 occupent une place majeure sans entrer inutilement dans les détails.

À cheval entre deux époques, Bonnamie a fait le pont entre la vieille garde menée par Régis Lévesque et Henri Spitzer ainsi que la nouvelle incarnée par InterBox et Groupe Yvon Michel. Les plus vieux se remémoreront les soirées enfumées du Centre Paul-Sauvé, alors que les plus jeunes prendront la mesure de celui qui était vu comme le sauveur d'un sport déjà en déclin.

« Régis en mettait beaucoup. J'ai été jalousé pendant longtemps, rappelle Bonnamie, qui avait battu l'expérimenté Dave Hilton à sa sixième sortie seulement chez les pros en octobre 1990. Les [autres boxeurs] se demandaient pourquoi je recevais autant d'attention. Il y a vraiment fallu que je me batte pour faire ma place. La vie m'a toujours tiraillé d'une certaine manière. »

Car après les succès sont venus les échecs et ils ont été nombreux. De juillet 1994 à avril 1997, il a connu un immense passage à vide en ne remportant aucun des huit combats qu'il a livrés (six défaites et deux verdicts nuls). Bonnamie effleure cependant vaguement le sujet en expliquant que la mort de son frère et la dépression de sa mère qui a suivi l'ont évidemment affecté et mené à accepter des combats qu'il aurait dû refuser, mais les comptes devaient être payés...

Sauf que Bonnamie profitera de la naissance d'InterBox pour relancer sa carrière, enchaîner les victoires et même devenir champion du Commonwealth en octobre en battant Adrian Dodson sur les terres de son adversaire en Angleterre. Il parviendra ensuite à venger sa défaite contre Alex Hilton en septembre 2002 après une absence de quelques années en raison de multiples opérations à un œil, mais il s'agira malheureusement de son dernier fait d'armes avant un dernier revers face à Martin Berthiaume en octobre 2004 au Cabaret du Casino de Montréal.

Encore aujourd'hui, il se permet de rêver au genre de carrière qu'il aurait pu connaître s'il avait pu profiter d'un encadrement similaire à ceux d'Éric Lucas ou encore Lucian Bute chez InterBox.

« Il n'y avait pas de nutritionniste qui s'occupait de notre régime, déplore Bonnamie. Mais il ne faut pas tomber dans le piège de jalouser [ces boxeurs qui sont devenus champions du monde].

« Ça serait comme comparer le salaire des joueurs de hockey d'aujourd'hui à ceux du temps de Maurice Richard. Ce sont deux époques qui sont complètement différentes. C'est juste la vie... »

Cela dit, Bonnamie ne vit pas dans l'amertume, car il juge que la vie lui a énormément donné.

« Je n'ai jamais voulu de regrets, j'ai aimé ce que j'ai fait. Aujourd'hui, je suis bien dans ma peau, avoue Bonnamie. Les gens sont encore intéressés à ce que j'ai à dire. Je suis invité à donner des conférences et à enseigner… cela veut donc dire quelque chose qu'ils pensent à moi pour cela! »