Même s’il s’est beaucoup assagi dernièrement, Floyd Mayweather fils continue de polariser l’opinion publique. Tous reconnaissent son immense talent, mais plusieurs décrochent lorsqu’il est question de son exubérance et des démêlés qu’il a eus avec la justice au fil du temps.

Ses plus fidèles partisans regardent ses combats pour s’extasier devant l’un des plus prolifiques artistes du noble art à l’oeuvre, tandis que les autres rêvent plus ou moins secrètement au jour où « Money » subira enfin la première défaite de sa carrière. Avec un dossier parfait en 44 combats, l’attente s’éternise.

Ainsi, toutes sortes de qualités ont été dénichées aux adversaires de Mayweather dans l’espoir que l’enfant terrible de la boxe joigne le groupe des mortels. Malheureusement, les déceptions ont été vives, aucun rival ne parvenant à le pousser dans ses derniers retranchements depuis Oscar De La Hoya el Cinco de Mayo 2007.

Cette fois, l’espoir se nomme Saul « Canelo » Alvarez, un boxeur mexicain âgé de seulement 23 ans qui totalise néanmoins 43 combats au compteur. Après avoir effectué ses débuts professionnels, il est devenu un véritable phénomène dans son pays, mais également dans le sud des États-Unis, attirant près de 40 000 spectateurs à son dernier combat à San Antonio.

Devenu champion unifié des poids super-mi-moyens à la suite de sa victoire sur Austin Trout, Alvarez est sans doute aujourd’hui l’adversaire le plus crédible que Mayweather peut affronter. Ses précédentes victoires aux dépens de Carlos Manuel Baldomir, Kermit Cintron et Shane Mosley l’avaient légitimé, mais celle sur Trout l’a rendu tout simplement incontournable.

À l’origine, le promoteur Golden Boy ne voulait absolument rien savoir d’un affrontement contre Trout, un pugiliste résolument scientifique qui avait plutôt fait mal paraître Miguel Cotto à son précédent combat. Mais « Canelo » a insisté, si bien qu’aujourd’hui personne ne le regrette.

Cela signifie-t-il pour autant qu’Alvarez a ce qu’il faut pour battre Mayweather? La réponse est instinctivement non, mais il pourrait bien imiter son patron De La Hoya et obliger « Money » à disputer un grand combat pour espérer l’emporter. Une sortie facile est difficile à imaginer, étant donné que jusqu’à 20 livres pourraient séparer les deux boxeurs le soir du duel. C’est énorme!

« Canelo » risque cependant d’avoir de la difficulté à contrer le jab incisif de Mayweather en début de combat, comme cela avait été le cas contre Trout. C’est vraiment après avoir envoyé ce dernier au tapis qu’il avait pris son erre d’aller avant de l’emporter par décision unanime.

Le hic, c’est que Mayweather a visité le plancher qu’une seule fois en carrière ─ contre Carlos Hernandez il y a déjà plus de 12 ans. « Money » a également connu ses « pires » moments contre des boxeurs forts en volume tel Jose Luis Castillo, ce qu’Alvarez n’est pas. C’est ce qui laisse donc croire que les chances sont davantage du côté du vétéran.

Si jamais le combat de samedi soir présenté au MGM Grand de Las Vegas ne marque pas l’histoire sur le ring, il pourrait le faire pour les ventes à la télévision à la carte. Mayweather et De La Hoya sont les seuls à avoir franchi les 2 millions d’achats dans l’histoire et gageons que les 870 000 ventes de Mayweather-Robert Guerrero ─ qui auraient fait perdre jusqu’à 12 millions $ US au réseau américain Showtime  ─ seront facilement dépassées.

En quelques lignes...

Tous les yeux seront rivés sur Mayweather et Alvarez, mais la demi-finale entre Danny Garcia et Lucas Martin Matthysse vaudra le détour. Matthysse a multiplié les victoires avant la limite depuis qu’il s’est fait voler par Devon Alexander un soir de juin 2011. L’Argentin est l’un des cogneurs les plus dangereux de la profession en ce moment.

Garcia avait créé une forte impression l’année dernière en battant Erik Morales et Amir Khan pour devenir champion unifié des super-légers, mais il est difficile d’imaginer qu’il sera en mesure de conserver ses titres. « Swift » a été atteint par près de 60 pour cent des coups en puissance de Zab Judah à son dernier combat.

Le gala de samedi marquera également le retour dans l’arène d’Ishe Smith, qui est devenu champion des super-mi-moyens de la IBF à la suite de sa victoire par décision majoritaire aux dépens de Cornelius Bundrage en février.

Smith a vécu d’importants problèmes personnels dans le passé et le jour où il a rencontré un certain Floyd Mayweather fils, sa vie a changé. Ce dernier l’a pris sous son aile et lui a ensuite permis de réaliser son rêve.

L’Australien Danny Green a récemment annoncé sa retraite, après une carrière bien remplie pendant laquelle il a été champion chez les super-moyens et les mi-lourds. Green est bien connu au Québec pour avoir été le tombeur d’Éric Lucas en décembre 2003.

La victoire au premier round par knock-out de Chris Arreola sur Seth Mitchell a permis à Arreola de réintégrer le top-10 des meilleurs poids lourds du magazine spécialisé. Entre son triomphe et la défaite de Tony Thompson fin août, aucun Américain ne faisait partie du classement de la catégorie reine de la boxe, une première depuis 2009!