Une grande porte internationale qui s'ouvre
MONTRÉAL – Yvon Michel venait tout juste d'obtenir la confirmation que le duel d'unification des poids mi-mouches entre Kim Clavel et Jessica Nery Plata qui sera présenté vendredi soir à Laval serait télédiffusé en Chine avant que les deux boxeuses ne montent sur le pèse-personne.
Il le sera également aux États-Unis par le truchement d'ESPN+ ainsi qu'en Amérique latine via ESPN Knockout. Du Cap Horn à Alert en passant par Drummondville, la Québécoise et sa rivale mexicaine en viendront finalement aux coups, cinq semaines après la date initialement prévue. Rappelons que Clavel (16-0, 3 K.-O.), qui est détentrice du titre du WBC, avait dû déclarer forfait deux jours seulement avant leur rendez-vous du 1er décembre après avoir contracté l'influenza.
Si le combat opposant Clavel à Nery Plata (28-2, 3 K.-O.), championne de la WBA, suscite autant d'intérêt, c'est parce que la boxe féminine a assurément gagné ses lettres de noblesse au cours de la dernière année. Katie Taylor et Amanda Serrano ont enflammé le Madison Square Garden de New York en avril dans une mégaunification chez les légères, alors que Claressa Shields et Savannah Marshall ont fait de même avec l'O2 Arena de Londres en octobre chez les moyennes.
« Il y a vraiment une grande porte internationale qui est en train de s'ouvrir », a expliqué Michel en marge de la pesée organisée jeudi midi au Cabaret du Casino de Montréal, où Clavel et Nery Plata ont facilement respecté la limite de 108 livres en affichant des poids de 107,8 et 104,2 lb.
Cet engouement aurait d'ailleurs déjà trouvé écho auprès des géants du web et il n'est pas du tout impossible que la boxe suive les traces de la Formule 1, qui a connu un important regain de popularité partout à travers la planète grâce à la série « Drive to Survive » présentée sur Netflix.
Le promoteur le reconnaît d'ailleurs d'emblée : il en va de la survie d'une industrie qui peine à se renouveler depuis quelques années. Oui, les amateurs ont été échaudés par la pandémie et le peu de combats significatifs, mais surtout, les jeunes ne sont simplement plus au rendez-vous.
Mais pour attirer les Netflix et Prime Video – qui retransmet les événements de Showtime aux États-Unis – de ce monde, les boxeurs ne pourront plus que simplement redoubler d'ardeur à l'entraînement, ils devront également s'assurer une présence pertinente sur les réseaux sociaux.
« Les athlètes sont obligés d'investir beaucoup d'énergie et de temps et même d'avoir des gens qui travaillent pour eux, a détaillé le promoteur à RDS.ca. La connexion avec le public se fait par les réseaux sociaux. Si tu es à l'extérieur de ça, tu vas avoir de la difficulté à aller te chercher une notoriété. Kim a 55 000 abonnés sur Instagram et une victoire va lui permettre d'en avoir plus.
« C'est pratiquement devenu un critère d'embauche. Par exemple, Eric Basran a plus de 100 000 abonnés sur Instagram et il y a un impact immédiat sur les ventes en Colombie-Britannique d'où il est originaire. Aussi talentueux qu'il puisse être, il aurait eu énormément de difficulté à percer. Même chose pour Caroline Veyre. Elle a travaillé là-dessus et compte plus de 45 000 abonnés. »
« À moi de livrer la marchandise »
Entre deux publications Instagram, Clavel a un combat à gagner et mine de rien, elle pourrait devenir la première championne unifiée de l'histoire de la boxe féminine québécoise. Chez les hommes, seul Artur Beterbiev a réussi l'exploit. Il est d'ailleurs toujours détenteur de trois ceintures chez les mi-lourds qu'il mettra à l'enjeu contre Anthony Yarde le 28 janvier à Londres.
« C'était déjà une grosse étape de devenir championne du monde, mais réussir à unifier, c'est quelque chose d'encore plus gros, a avoué celle qui est devenue championne en juillet dernier. Je suis fébrile, mais je veux me rendre jusque-là en ayant la capacité de gérer mes émotions.
« Mais je suis certaine d'y arriver, car je l'ai déjà vécu en devenant championne. Les frissons, les entrevues... je me sens moins en territoire inconnu. Je trouve qu'il y a un bel engouement autour du combat et c'est vraiment génial. Mais d'un autre côté, c'est le temps de briller. »
Largement favorite des preneurs aux livres, à plus de six-contre-un au moment d'écrire ces lignes, la jeune femme âgée de 32 ans se dit prête à répondre à ce que Nery Plata a à lui offrir.
« C'est certain que pendant la première minute, je vais m'adapter, a expliqué Clavel. Je suis une fille qui a besoin d'analyser. J'ai besoin d'une bonne minute pour sentir et pour regarder mon adversaire, voir ce qu'elle apporte dans le ring. Après ça, je vais mettre la machine en marche.
« J'ai fait tout ce que j'avais à faire, j'ai fait tous mes devoirs... j'ai eu de bons combats dans les dernières années et je me sens construite pour affronter une fille de la trempe de Nery Plata. Tout repose sur mes épaules et c'est à moi de livrer la marchandise. Cela dit, je me sens bien. »
Six combats seront présentés à compter de 19 h et Clavel devrait monter sur le ring aux environs de 21 h 30 ou 22 h. Une victoire lui permettrait vraisemblablement d'affronter cet automne la gagnante du duel qui opposera Tania Enriquez à Evelin Bermudez. La Mexicaine et l'Argentine croiseront le fer le 10 mars pour les titres de l'IBF et de la WBO qui sont présentement vacants. Entre-temps, Clavel pourrait se mesurer en avril à l'aspirante obligatoire à la WBA Maria Guadalupe Bautista ou encore à l'aspirant obligatoire au WBC Yesenia Gomez, celle-là même qu'elle avait battue par décision unanime des juges le 29 juillet pour devenir championne.