MONTRÉAL – « Je pense que le câble ne rentre pas dans son ranch... »

Patrick Côté est amusé. Les échanges avaient pourtant toujours été cordiaux entre Donald Cerrone et lui. Sur les réseaux sociaux, les deux combattants s’étaient tiré la pipe et convoqué amicalement en duel bien avant que l’UFC finisse par officialiser leur affrontement, qui sera présenté samedi soir en demi-finale du gala qui mettra en vedette Rory MacDonald et Stephen Thompson.

Patrick Côté: Tout est possible (1re partie)

Mais depuis quelques jours, « Cowboy » est passé à l’attaque. Mercredi, à peine arrivé à Ottawa pour commencer à mousser la tenue du l’événement, l’Américain a affirmé que Côté était un combattant « ennuyeux et unidimensionnel qui essayait toujours d’amener le combat à la décision ».

« Je pense qu’il n’a pas vu mes deux derniers combats, ripostait quelques heures plus tard Côté en entrevue avec RDS. Et après ça, il s’en va dire qu’il ne regarde jamais de combats parce qu’il est trop occupé à profiter de la vie. Tu vois que son discours ne tient pas. À un moment donné, à toujours essayer d’avoir l’air trop cool, tu perds le fil. »

Les accusations de Cerrone ne semblent effectivement s’appuyer sur rien de concret. Côté a passé le K.-O. à ses deux derniers adversaires et quiconque a moindrement suivi sa carrière sait qu’il n’a jamais eu autant de cordes à son arc.

« Ça ne m’atteint pas, c’est son problème, ajoute le Prédateur. S’il arrive ici et s’attend à une partie de plaisir, tant pis pour lui et tant mieux pour moi. Ça ne changera pas mon approche du combat. »

À quelques jours de son retour dans l’octogone, Côté respire la confiance. Avec cinq victoires à ses six dernières sorties et une occasion en or de faire son apparition dans les classements de la division des mi-moyens, le vétéran de 36 ans tient un discours ambitieux qui détonne avec l’attitude plus conservatrice qu’il affichait à ses débuts dans sa nouvelle catégorie.

Il y a trois ans, avant de faire ses débuts à 170 livres contre Bobby Voelker, Côté avait prudemment déclaré : « Il serait illogique pour moi de prétendre à un rôle d’aspirant, je n’ai jamais combattu avec ces gars-là. Je n’ai pas le choix de prendre ça un combat à la fois. Je vais gagner celui-là et on verra par la suite ».

Un combat à la fois, Côté a refait ses classes. Depuis sa victoire à l’arraché contre Voelker, chacune de ses sorties a permis de voir une nouvelle facette d’un athlète réinventé. Aujourd’hui, l’homme n’hésite plus à faire connaître son vrai objectif. « La seule position qui m’intéresse présentement, c’est celle de champion du monde. C’est d’être numéro un, et c’est là que je m’en vais », a déclaré Côté lors d’un récent passage dans les studios de Sports 30.

« J’ai toujours pensé comme ça, mais là je le dis à haute voix, précise Côté quelques jours plus tard. J’ai lancé un défi au top-15 mondial depuis un an et demi et je n’ai jamais eu de réponse. J’ai fini de parler dans le vide à ceux qui sont en avant de moi. Je ne rajeunis pas et je n’ai plus le temps de décrocher quatre ou cinq victoires de suite pour m’approcher d’un combat de championnat. »

Patrick Côté: Tout est possible (2e partie)

En d’autres mots, Côté a désormais l’intention d’opérer en solo et de forcer la main à ses patrons en leur offrant exactement ce qu’ils recherchent : un bon show.

« Dans cette business-là, je l’ai compris, c’est le spectacle avant tout. C’est sûr qu’un gars qui vient de finir ses trois derniers adversaires avant la limite – ça sera mon cas si je passe le K.-O. à Cerrone – c’est plus vendeur qu’un gars qui a remporté huit décisions de suite. Rendu à ce niveau, c’est comme ça que ça fonctionne. »

Pas de complexe à 170

Et combien de membres du top-15 de la division des mi-moyens de l’UFC Patrick Côté serait-il en mesure de battre de façon convaincante, selon vous?

« Je te dirais qu’à part les deux premiers et le champion, je suis capable de passer à travers tous ces gars-là. Il n’y a aucun doute dans ma tête », répondra-t-il si vous lui posez directement la question.

« Stephen Thompson est maintenant classé deuxième et je suis l’un des seuls à l’avoir poussé jusqu’à la limite. Il y a même un juge qui m’a donné le premier round, argue le vétéran de 19 combats à l’UFC en revenant sur sa seule défaite chez les mi-moyens. J’ai regardé de nouveau le combat cette semaine et c’était beaucoup plus serré que je pensais. J’ai manqué beaucoup de choses que je ne ferais plus aujourd’hui. Je sais qu’il s’est amélioré, mais moi aussi. »

Côté inclut aussi Rory MacDonald et le champion Robbie Lawler parmi la crème de la crème, mais même contre eux, il se dit confiant de pouvoir tenir son bout.

« L’UFC a déjà discuté d’organiser un combat entre moi et MacDonald avant que le projet ne meurt dans l’œuf. Et on se racontera pas de menteries, tu mets Robbie Lawler en avant de moi dans une cage, c’est potentiellement le combat de l’année. Il n’y a présentement aucun combattant dans le top-15 mondial que je refuserais. Je n’ai aucun complexe. »

Patrick CôtéDe l’espoir pour les « vieux »

Côté n’a pas toujours porté Michael Bisping dans son cœur. Les deux pugilistes s’étaient échangé quelques injures bien senties à l’époque où le Québécois faisait carrière chez les poids moyens. Mais Côté affirme que la hache de guerre a été enterrée il y a deux ans quand l’Anglais est venu à Québec pour être la tête d’affiche d’un gala tenu au vieux Colisée.

Au début du mois, quand Bisping a surpris Luke Rockhold pour mettre la main sur le premier titre de sa carrière, à l’âge de 37 ans, Côté ne s’est pas gêné pour faire parvenir ses félicitations à son ancien rival.

« Ça ne pouvait probablement pas arriver à un meilleur gars, pour vrai. On a eu nos petite chicanes il y a une couple d’années, mais ça a passé. Aujourd’hui, je suis vraiment content pour lui. »

Le sacre de Bisping arrive aussi comme une belle tape dans le dos pour Côté, qui voit un autre confrère du côté plus éloigné de la trentaine s’accrocher de l’or à la taille. Apparemment, être champion de l’UFC, ce n’est pas pour les petits jeunes. Les monarques des cinq divisions originales de la compagnie ont tous passé la trentaine. Bisping et Daniel Cormier sont les plus âgés à 37 ans. Lawler a 34 ans, Stipe Miocic 33 et Rafael Dos Anjos 31.

Pour Côté, qui semble dans la meilleure forme de sa vie, il y a donc de l’espoir.

« Il y a un paquet de connaissances qu’on a acquises qu’on n’avait pas avant. Tout le monde prend soin de son corps et travaille avec les bons spécialistes, ce qui aide à être performant plus longtemps et à prolonger des carrières. Et l’expérience, ça ne s’achète pas. Ça vient avec l’adversité que tu as eue dans ta vie », estime Côté.